Une première. La marche de la colère du Front populaire ivoirien (FPI), tendance Affi N’guessan a été annoncé par la radiotélévision ivoirienne (RTI), le média gouvernemental. Cette ouverture du régime Ouattara en 7 années de gestion du pouvoir d’Etat suscite des interrogations.
La RTI, première chaine de télévision ivoirienne, média de l’Etat a annoncé la marche du FPI, dite de la colère prévue ce samedi 17 juin 2017 à la gare de Bassam à Treichville.
Coup de pouce à Affi ?
Nul doute que pour les détracteurs du régime d’Abidjan et par ricochet d’Affi qu’ils accusent à tort ou à raison d’être à la solde du premier cité épousent cette assertion. Plusieurs raisons sont susceptibles d’expliquer leur position. Car le paradoxe est éloquent en ce sens que le pouvoir d’Abidjan, enfermé dans la pensée unique, est allergique à la contradiction, au débat. Ainsi, toute action politique en porte-à-faux avec l’émergence selon l’empereur Ouattara est vue d’un mauvais œil et ne peut espérer passer sur les antennes du média national. L’on se souvient que le premier rassemblement de l’opposition ivoirienne depuis la prise du pouvoir d’Etat par Alassane Ouattara n’a eu lieu que le samedi 20 juin 2015, soit après 4 années de règne. Il s’agit du premier rassemblement de la Coalition nationale pour le Changement (CNC) à la place Ficgayo de Yopougon (Abidjan) à quelques mois de la présidentielle 2015.
Arrestations des leaders de l’opposition
Trois faits, symboles du sort réservé par le régime d’Abidjan aux marches de l’opposition fussent-elles pacifiques. Mardi 09 juin 2015, marche éclatée des jeunes de l’opposition : 4 morts, 15 blessés, 3 arrestation. Samba David, membre du directoire de la Coalition nationale pour le changement (CNC), et coordonnateur de la Coalition des indignés de Côte d’Ivoire (CICI), est condamné suite à cette marche à « six mois de prison ferme pour troubles à l’ordre public », samedi 03 octobre 2015. Il est toujours en prison après deux années de détention. 20 octobre 2016, plusieurs leaders ivoiriens sont arrêtés au carrefour de l’indénié, point de départ de la manifestation contre la nouvelle Constitution taillée sur mesure par Ouattara. Mamadou Koulibaly, Aboudrahamane Sangaré ou encore Gnangbo Kacou sont jetés en pâture dans des véhicules de police, embarqués à la Préfecture de police et conduits vers des destinations inconnues avant d’être libérés dans l’après-midi. Une autre marche du Front du Refus de la Constitution Ouattara sera à nouveau réprimée vendredi 28 octobre 2016. Inutile de souligner que la télévision nationale a observé l’omerta sur ces évènements. Il est donc compréhensible que certains voient en l’annonce de la marche d’Affi N’guessan comme le signe de ses accointances avec le palais d’Abidjan.
Acte démocratique ?
D’emblée, la RTI, média gouvernemental se présente comme un média de service public. La notion de service public audiovisuel revêt, certes, des formes multiples et changeantes selon les pays et les continents. Toutefois, l’UNESCO reconnait l’accessibilité de l’information à tous et l’égalité des citoyens. « La radiotélévision publique se définit comme un lieu de rencontre où tous les citoyens sont invités et considérés sur une base égalitaire. C’est un outil d’information et d’éducation, accessible à tous et s’adressant à tous, indépendamment du statut social ou économique des uns et des autres. », in La Radiotélévision publique : Pourquoi ? Comment ? UNESCO/CMRTV, 2001. Ainsi, cette ouverture qui s’inscrit certainement dans la décrispation ne peut qu’être saluée à sa juste valeur. Espérons que les marches de l’opposition significative seront également annoncées par la RTI.
imatin