L’homme d’affaires Carlos Pineda (droite, 51 ans) est le dernier candidat écarté par la justice et le Tribunal supérieur électoral (TSE) à la demande d’un parti concurrent. Ce dernier arguait d’irrégularités dans la procédure. Pourtant, favori des sondages (23,1% des intentions de vote selon le quotidien Prensa Libre), le chef d’entreprise espère encore une éventuelle décision en sa faveur de la Cour constitutionnelle.
Le TSE a éliminé deux autres candidats sérieux : Thelma Cabrera (gauche, 52 ans), issue des peuples autochtones mayas qui constituent au moins 40% de la population, et Roberto Arzu (droite, 53 ans), fils de l’ancien président Alvaro Arzu, au pouvoir de 1996 à 2000. Human Rights Watch a décrit ces mesures comme « une exclusion arbitraire de candidats ».
L’éviction de candidats par la justice met « en danger (…) l’État de droit, la démocratie, les garanties et les libertés de toute la population », dénonce auprès de l’AFP Edie Cux, le directeur d’Action citoyenne, déclinaison locale de l’ONG anti-corruption Transparency International.
25 juin 2023, premier tour de l’élection
Il y a, avec Carlos Pineda, 23 candidats à la présidence, ce qui empêche à priori toute chance d’élection dès le premier tour, puisque le vainqueur doit obtenir plus de la moitié des suffrages. Parmi eux, la sociale-démocrate et ex-première dame Sandra Torres, l’ancien fonctionnaire de l’ONU Edmond Mulet, et Zury Rios, fille de l’ancien dictateur Efrain Rios Montt reconnu coupable de génocide durant sa présidence en 1982 et 1983.
L’actuel président conservateur Alejandro Giammattei, poursuivi par des allégations de corruption, quitte le pouvoir avec 75% d’opinions défavorables. Depuis son arrivée au pouvoir, plusieurs procureurs anti-corruption qui avaient travaillé avec la mission onusienne anti-corruption CICIG ont été arrêtés, tandis que d’autres ont pris le chemin de l’exil.
Selon l’ancien rapporteur de l’ONU pour la liberté d’expression Frank La Rue, la « dictature d’un groupe (soudé) par des intérêts économiques, de corruption et même de crime organisé » impose ses vues dans le pays. Il décrit une scène politique où « l’on voit le metteur-en-scène, le président, bouger ses pions. Mais ce que l’on ne voit pas, c’est qui écrit le scénario et qui finance la pièce de théâtre ».