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Iran: face à la répression du régime, le choix de l’exil

En Iran, dix manifestants attendent dans le couloir de la mort, alors que deux ont déjà été exécutés ces dernières semaines. Des morts qui s’ajoutent aux centaines des manifestations, victimes de la répression du régime de Téhéran. Une bonne moitié d’entre elles seraient kurdes. Certains choisissent de s’exiler face à cette violence, notamment en Irak où la frontière n’a jamais été fermée. Rencontre avec l’un de ces manifestants iraniens, devenu réfugié au Kurdistan d’Irak.

Souleymane, ville de 800 000 habitants, est située aux pieds des montagnes qui séparent l’Irak de l’Iran. Nous sommes à 40 kilomètres de la frontière iranienne. D’anciens manifestants ont trouvé refuge ici, dont Salah. Ce Kurde iranien vient juste de trouver un poste de mécanicien au sud de la ville.

« J’étais dans une manifestation, il y a onze jours encore… Les forces gouvernementales sont venues me chercher la nuit suivante, chez moi, à deux heures du matin pour me mettre en prison. Là-bas, les gardes ont commencé à me frapper. J’ai un énorme bleu encore aujourd’hui sur l’épaule droite. Ils me demandaient pourquoi j’étais dans les manifestations. Je leur disais que je n’avais rien fait d’illégal ! Que j’étais simplement présent. Au bout de quelques jours, ils m’ont présenté à un juge. Mais j’avais les yeux bandés : je ne suis même pas sûr que c’était un vrai juge… À cet instant, je tremblais, j’avais vraiment très peur. Le juge m’a dit que qu’il allait me libérer, mais que si jamais j’étais repris à manifester, il donnerait personnellement l’ordre de mon exécution », retrace-t-il.

Une fois sorti de prison, Salah prend la décision de quitter l’Iran.

« Je suis allé dans une ville, proche de la frontière. Arrivé sur place, je me suis rendu compte que j’avais été suivi par les services secrets. J’ai passé une nuit là-bas avant de mettre le cap sur l’Irak. Arrivé à Souleymane, j’ai pris une chambre dans un motel et j’ai commencé à chercher du travail pour pouvoir survivre. Ce garage avait besoin d’un mécano, j’ai fait un essai et ils m’ont gardé », poursuit-il.

« Les manifestations en cours ne sont conséquentes que dans les villes kurdes »
S’il retourne en Iran, Salah craint de se faire arrêter de nouveau pour des raisons arbitraires. « Si un policier ne croit pas le papier qui prouve que j’ai purgé ma peine de prison, je risque d’être à nouveau enfermé. Ici, je suis plus en sécurité qu’en Iran, mais je me méfie. Les services secrets de Téhéran sont partout. Ils peuvent me surveiller et penser que je prépare quelque chose. Alors, je dois prendre garde », explique-t-il.

Trois mois après la mort de Mahsa Amini, Jina de son nom kurde, Salah espère bien voir la République islamique tomber. Mais il doute d’une telle issue.

Évidement que j’espère que ce régime meurtrier va s’effondrer… Mais les manifestations en cours ne sont conséquentes que dans les villes kurdes. Il faudrait que les grandes villes perses comme Téhéran ou Ispahan se soulèvent bien plus ! C’est seulement comme ça que le régime pourrait tomber.
En Irak, il n’existe pas de statut de réfugié pour les Iraniens. En théorie, Salah doit faire un aller-retour à la frontière dans 30 jours pour renouveler son visa.

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