04192024Headline:

Justice Ivoirienne: Des étudiantes traitées comme des terroristes… Liste des etudiants et etudiantes emprisonnés

Justice Ivoirienne: Des étudiantes traitées comme des terroristes… Le processus de l’entonnoir du COGES

Abidjan-(L’Eléphant déchaîné)-La ministre de l’Education nationale a beau abuser des formules et des moulinets, la réalité est là. Les faux frais dans les écoles publiques sont la face visible d’une vaste escroquerie organisée au détriment des pauvres parents d’élèves. A travers une vaste chaine qui part des chefs d’établissement jusqu’au ministère.

«L’Eléphant » l’a toujours écrit, ce n’est pas parce que la Fesci use souvent de méthodes illégales pour s’exprimer qu’il faut se réfugier derrière cet argument pour cacher une réalité qui est en train de constituer un véritable obstacle à la scolarisation des enfants. C’est donc, à juste titre que la Fesci s’est appesantie sur la question avec sa marche de protestation qui a entrainé des affrontements avec des agents de la police nationale. Laquelle a procédé à de nombreuses arrestations d’étudiants qui, depuis le mardi 16 septembre, sont à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca).

« L’Eléphant » leur a rendu visite (voir leur liste).

 

Une idée d’Amani N’Guessan

C’est le premier ministre de l’éducation nationale de Laurent Gbagbo, Amani N’Guessan Michel, qui, au motif qu’il faut aider l’école à bien fonctionner, a fait passer les frais d’inscription de 3000 FCFA, à 5000F. Sur ce montant, les comités de gestion des établissements scolaires (Coges), devraient percevoir la somme de 2000 FCFA et, les chefs d’établissements, la somme de 1000F. Le reste de l’argent, soit 2000 FCFA, devant revenir au ministère pour une étrange répartition dont « L’Eléphant » a déjà donné les détails. Les 2000 FCFA, osons l’expression, servaient, dans les faits, d’argent de poche au ministre et à ses collaborateurs nommés à la tête de plusieurs structures au nom extraordinaires.

Mais, à l’époque, la collecte des frais d’inscription était du seul ressort des chefs d’établissement. Lesquels prenaient leur part et celle des Coges, avant de remonter les 2000 F, vers le cabinet d’Amani N’Guessan. Ce petit commerce, ce petit processus dans lequel dégoulinait chaque année des milliards, et qui avait eu pour conséquence désastreuse d’introduire des milliers d’élèves recrutés de façon parallèle par des chefs d’établissements à la recherche d’enrichissement rapide,  durera jusqu’en 2011.

 

Kandia Camara arrive avec sa reforme

Quand le régime Gbagbo, brutalement, chute et qu’arrive le régime Ouattara, la ministre de l’éducation nationale, Kandia Camara, sous le prétexte de lutter contre les recrutements parallèles, décide d’arrêter le paiement des frais d’inscription dans les établissements, et de les faire payer désormais en ligne. L’idée séduit les syndicats d’enseignants qui avaient vu, dans les classes, les ravages des recrutements parallèles sur les effectifs. Ils donnent donc leur caution à la nouvelle ministre.

Mais grande est leur surprise quand, en 2012, les syndicats et les acteurs du système éducatif découvrent que sous prétexte des inscriptions en ligne, la nouvelle ministre avait fait passer les frais d’inscription, de 5000 F à 6000 F. Le montant de 1000 F devant revenir à l’opérateur technique, désigné pour assurer l’inscription en ligne. Par un succulent processus de gré à gré, la ministre avait confié cette opération à son camarade de parti, l’ex ministre de la Construction, Sanogo Mamadou, à travers sa société, « Celpaid », dont beaucoup d’Ivoiriens ignoraient jusqu’à l’existence avant cette affaire. Cette année-là, les élèves concernés étaient près de 6 millions, selon les chiffres du ministère. « Celpaid », au grand désarroi des syndicats d’enseignants, s’est donc goinfré avec la somme de 6 milliards de FCFA. Sous les cris des syndicats, la ministre va décider d’associer des opérateurs du secteur de la téléphonie mobile, à cette inscription en ligne, histoire de la rendre plus fluide.

 

Le processus de l’entonnoir

Si, à l’époque d’Amani N’Guessan, les chefs d’établissements prenaient leur part avant d’envoyer la part du ministère, sous Kandia Camara, via l’inscription en ligne, tous les frais d’inscription, atterrissent massivement au ministère, avant de redescendre, très amaigris, vers les établissements et dans les caisses des Coges. De 2000 F sous Amani N’Guessan, aujourd’hui les Coges perçoivent moins de 1000 FCF. Où passe la différence ? De 1000 FCFA pour les chefs d’établissements sous Amani N’Guessan, les chefs d’établissements ne reçoivent à ce jour que moins de 700 FCFA. Entre le ministère qui envoie ces montants aux directeurs régionaux, lesquels sont chargés de les faire parvenir aux chefs d’établissements et aux responsables des Coges, il y a beaucoup d’évaporations, dues sans doute à la grande chaleur.

Ce processus de l’entonnoir qui ne laisse passer l’argent pour les établissements et les Coges que vers la fin dans l’année scolaire (Février-Mars), a fini par étrangler le fonctionnement des Coges dont les responsables, en accord avec les chefs d’établissements (la nature ayant horreur du vide), se sont mis à imaginer d’autres frais additionnels qui, dans les faits, et dans la plupart des cas, sont une vaste escroquerie organisée pour trouer les poches des parents d’élèves dont certains, en complicité avec les Coges dans lesquels ils prospèrent en tant que membres, donnent leur caution à ces véritables levées de fonds.

Les enveloppes timbrées fixées à 1000 FCFA, y compris dans des zones où il n’y a aucun bureau de poste, des frais de tee-shirts dans des processus de gré à gré avec des imprimeurs choisis pour leur proximité avec des chefs d’établissement, des fonds pour ériger des clôtures autour des établissements publics (comme si cela ne relevait pas de la responsabilité du ministère ou des collectivités territoriales), etc., tout cela a fini par dangereusement alourdir la barque des parents d’élèves qui ne tiennent plus la cadence. Surtout que les enfants n’ont pas accès aux salles de classes s’ils ne se sont pas rigoureusement acquittés de tous les frais qui, après l’inscription en ligne moyennant 6000 FCFA, peuvent culminer jusqu’à 15000 FCFA, selon les établissements. Une vraie source d’enrichissement pour des directeurs régionaux, des chefs d’établissements, des responsables (présidents, trésoriers), des Coges à la tête desquels se trouvent souvent de petits copains de certains directeurs régionaux voire de certains fonctionnaires sévissant au ministère.

A ce jour, de nombreux enfants, selon des témoignages recueillis auprès de certains parents d’élèves, tant à Abidjan qu’à l’intérieur du pays, restent exclus des classes, faute de moyens.

 

Des étudiants en prison, pour rien 

Devant les lamentations des parents d’élèves et l’indifférence du ministère de l’éducation national qui faisait le gros dos en déclarant que les frais additionnels perçus dans les établissements sont décidés à travers un processus validé par les parents d’élèves avec le sceau des directeurs régionaux (on se demande bien pourquoi un directeur régional s’opposerait à un moyen direct d’enrichissement), la fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci), a décidé de protester dans les rues.

Ainsi, le lundi 16 septembre, elle a organisé une marche qui a dégénéré, par endroits, en affrontements avec des forces de police. Les images de ses affrontements ont circulé sur les réseaux sociaux, quasiment en direct. On y a vu des policiers, particulièrement excités, à trois ou à cinq, rouer de coups, un étudiant isolé. Ailleurs, ce sont des étudiants qui se faisaient pourchasser par un véhicule de police et qui, terrorisés, sautaient des clôtures d’habitations de particuliers. Au bilan final, selon la télévision nationale, image à l’appui, de nombreux policiers ont été maltraités par des étudiants. Du côté des étudiants, l’on a dénombré également de nombreux blessés. Mais de cela, la télévision n’en a pas eu écho. Pauvres policiers.

Pourtant, à la préfecture de police, des dizaines d’étudiants et non étudiants arrêtés, occupaient les violons, y compris de nombreuses filles. Ce lundi 16 septembre, à la tombée de la nuit, des étudiants arrêtés dont les parents avaient quelques numéros de téléphone importants, ont été libérés. Le lendemain matin, 17 septembre, d’autres, dont trois filles, ont été également libérés, depuis la préfecture de police. Le reste, environ 45 personnes, ont été conduites au parquet où, quelques-unes, encore, ont été libérées. Avant que les autres, 40 personnes dont des non étudiants et y compris les trois filles, ont été inculpées pour « troubles à l’ordre public, coups et blessures volontaires sur agent des forces de l’ordre dans l’exercice de leurs fonctions ».

Etrangement, pour des gens qui sont présumés avoir été arrêtés au moment où ils maltraitaient les policiers, donc pris en flagrant délit, ils ont tous été placés en cabinet d’instruction (le 6ème cabinet d’instruction), histoire de les garder en prison pendant au moins 6 mois sans jugement. C’est que leurs « crimes sont abominables ».

Histoire de comprendre les circonstances dans lesquelles certains parmi eux ont été arrêtés, « L’Eléphant » s’est rendu à la Maca, mais n’a pu rencontrer que les trois filles, dont l’une, Kouakou Affoué Denature, est âgée de 20 ans (voir Photo).

Présumées avoir troublé l’ordre public et bastonné des policiers, elles ont été arrêtées, dans leur chambre,  à la cité universitaire de Mermoz. Les trois filles qui n’ont pris part à aucune marche ce 16 septembre, ont été arrêtées dans les chambres C57, C55 et C39 dont les portes ont été fracturées. Elles ont été battues (l’une se plaignait de douleurs au niveau des cotes), et, ont été soulagées de leurs portables et de leurs portefeuilles. Ces trois jeunes étudiantes, considérées par la justice ivoirienne comme de « redoutables terroristes », sont emprisonnées depuis le 17 septembre, au bâtiment dédié aux détenues féminin, de la Maca. Alors que cinq autres, arrêtées dans les mêmes circonstances qu’elles, c’est-à-dire dans leur chambre d’étudiantes, ont été libérées à la préfecture de police. Selon que vous êtes pauvre ou misérable…

Parmi les détenus mâles, un jardinier du nom de Kessé Emilio, qui se cuisinait un plat dans les environs du basfond qui est situé à quelques mètres de la cité de Mermoz, a été cueilli et conduit à la Maca. Il lui est reproché d’avoir terrorisé des policiers.

Sur un problème de fond réel, l’escroquerie organisée dans les écoles pour soutirer de l’argent aux pauvres parents d’élèves, s’est greffée une affaire pénale qui, de nouveau, va cabosser le visage d’une justice qui, déjà, fait peine à voir.

DANIEL SOVY

 

LISTE DES ETUDIANTS EMPRISONNES

 

1-Gbayere tagro /Science économique et gestion

2-Ahou n’kayo samuel/Communication

3-Kouakou Alpha Michel/Biochimie

4-Adieme Samuel/Math Info

5-Anokoi Maxime/Physique Chimie

6-Yao Konan Zacharie/Médecine

7-Dje N’guessan Joel/Physique Chimie

8-Kouakou Parfait/Médecine

9-Morokan Kader/Médecine

10-Wahoro Romaric/Droit

11-Yeo Kafana/Philo

12-Tchan bi Goré Oscar/Bioscience

13-Ahui Eric Martial/Droit

14-Digbayou Ogou Franck/Crimino

15-Kouassi Konan Penuel/Bioscience

16-Tayet Koudou/Droit

17-Coulibaly Cheick/Science économique et gestion

18-Kesse Emilio/Jardinier (pris pour un étudiant lors des événements)

19-Kra Kouakou/Droit

20-Boraud n’kesse Élisée/Droit

21-Gadje ange stephy/Droit

22-N’dri khono Stéphane /Physique

23-Kouassi dane Michael / Droit

24-Koffi Koffi Emmanuel /Bioscience

25-Bassole Étienne / Elève

26-Ore julien /Bioscience

27-kodjo kablan/Science économique et gestion

28-Essoh serge/Droit

29-Assi Yves Cedric/Droit

30-Aba yaw meledje joseph /Droit

31-Kla kouassi cesar/Medecine

32-Ouattara mohamed/Medecine

33-Doua ange cedric/Medecine

34-Attobra Austin /Mpt

35-Mian yakre b. /Droit

36-Dibe Aristide max/Loko

37-Adro jean olivier /Strm

LES 3 FILLES

38-GONKANOU NANOU VIRGINIE

39-KOUAME AFFOUE DENATURE

40-SEKA APO CATHERINE

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