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« LA LETTRE A COLETTE » / « Le RDR vers un limogeage sauvage et inoubliable »? Ya t’il un successor à Ouattara au RDR?

Après un partage équitable du gâteau suite à la prise du pourvoir le 11 avril 2011, un calme plat a régné entre le RDR et ses alliés. Le président Ouattara ne dira pas le contraire. Depuis six ans, son « règne » n’a jamais été perturbé. Bien sûr que nous avons eu des soubresauts suite à l’humeur variable des ex-combattants, des fonctionnaires. Mais aucune atteinte réelle à la sûreté de l’Etat. L’on a donc pensé qu’il s’agissait d’une cohabitation pacifique dans le bus RHDP. Il fallait vraiment être avec les passagers pour comprendre qu’il s’agissait d’un calme précaire. Après avoir réglé ses comptes avec Anaki Kobenan, Gnamien Konan et Mabri Toikeusse, ce sont les deux derniers alliés (les FAFN et le PDCI) qui font les frais. On s’en doutait, Ouattara est aux affaires depuis quelques années, le RDR a grossi, il ne tient plus dans la case. Il a débordé et pense enfin s’accaparer du village « RHDP ». S’accaparer oui mais avec quel successeur à Ouattara ? La question a tout son sens, car aucun des lieutenants de Ouattara ne semble avoir le charisme d’un successeur. Personne pour faire l’unanimité. La question serait donc de savoir, pourquoi personne n’émerge ?
Personne n’émerge, parce que nous avons passé plus de temps à idéaliser un homme, qu’(à) organiser le parti. Pour nous, il n’y avait de RDR que Ouattara. Et si ce n’était (pas) lui, ça ne devrait être personne. Le constat s’est imposé à plusieurs reprises, mais deux ont retenu notre attention.
Le 6 octobre 2000, le sieur Tia Koné (Président du Conseil Constitutionnel), s’apprête à publier la liste des candidats à la candidature, pour la présidentielle du 22 octobre. Tia Koné avait un agenda : rejeter la candidature de Ouattara. Tout le monde le savait, l’état major de Ouattara en était conscient. Personne n’a eu le flair de proposer un plan B. Et pour cause et selon leur raisonnement, en le faisant, cela (aurait été) cautionner le crime juridique de Tia Koné.
N’ayant pas retenu la leçon, les cadres du parti ont poursuivi leur chemin jusqu’aux législatives du 10 décembre 2000. Alors qu’il aurait été facile et juste pour le RDR de maintenir ses candidats malgré le rejet des dossiers de Ouattara, les amis de la case verte ont opté pour un boycott total. Bien sûr que Tia Koné a rejeté toutes les candidatures PDCI à la veille des présidentielles. Mais est-ce que le RDR pouvait au moins essayer ? Non, il ne pouvait pas, et jusqu’à ce jour, il ne le pourra pas. Parce que tout simplement, ce parti n’a jamais eu de « pneu secours ». Depuis 1994, il a eu des centaines de chants, mais tous les couplets gravitaient autour d’un homme. Pourquoi ne pas alors donner raison à celui qui disait qu’en termes de parti, il était plutôt question de plusieurs groupuscules en quête d’un fédérateur ?
L’entourage se plait dans ce parti monocaméral éternel. (Colette), ton oncle refuse de présenter officiellement un dauphin rassembleur, et c’est alors que l’allié Guillaume Soro, se démarque du lot. Tu connais ma position sur Soro. Je n’épouse pas toutes les idées de l’homme, ma manière de voir l’avenir de ce pays, ne coulisse pas avec la conception des Soroistes. Cependant reconnaissons-le, l’ancien pensionnaire du petit séminaire de Katiola à un agenda, il soigne son image et ses relations, il ajuste ses attitudes et se fait très charismatique. La conséquence est connue. L’entourage de Ouattara a le sommeil troublé. Tout ce beau monde dont les fauteuils du palais ont pris la forme des fesses suent à grosse goute sous leur veste dès qu’ils entendent le nom Soro, même lorsqu’il ne s’agit pas de Guillaume. Il faut coûte que coûte tuer dans l’œuf toute tentative de positionnement de l’homme en 2020. Alors dans l’incapacité d’atteindre le père, on règle les comptes au(x) fils. Limogeages tout azimut, accusations fondées ou fabriquées de toute pièce. Il paraitrait qu’en six ans, l’ADDR a tellement bien travaillé que peu d’armes circulent encore en Côte d’Ivoire, mais comment l’ADDR s’est arrangé pour ne pas voir la cache d’armes chez Soul To Soul ? Puisque la tronçonneuse a été incapable de faire tomber le kapokier Soro, on jette alors son dévolue sur les rôniers environnants, ignorant par là, qu’ils font de la pub gratuite à Soro. Que ceux qui tirent les ficelles sachent qu’on ne fait pas tomber le manguier dont l’écorce nous a permis de soigner notre « palu », c’est méchant de cracher dans le verre qu’on a utilisé pour étancher une soif.
Et puis, il faudra que Guillaume Soro fasse son mea culpa. Qui les a obligés, lui et ses hommes, à se fondre dans les anciens partis politiques existant ? N’aurait-il pas été plus juste de se muer en parti, ou en mouvement en prélude aux échéances électorales futures ? Que non !
Les FAFN se sont dispatchés sur les vieux partis mésolithiques sans programme fiable en termes de succession, tout en ignorant la tempête qui les guettait à l’orée 2020. Et depuis quelques semaines, les FAFN tentent de renaitre de leurs cendres, pour reconstituer le puzzle. C’est à cette constance qu’on s’attendait au soir du 11 avril, et c’est ce que les conseillers de Soro devraient lui rappeler, au lieu de se mettre à bourlinguer sur tous les toits qu’il est en mission, qu’il représente l’avenir de la jeunesse africaine. Ou encore traiter des ministres de Ouattara de loubards. Soro mérite mieux que des conseillers qui tiennent ce genre de propos.
(Colette), finalement, et paradoxalement, personne n’émerge autour de ton oncle, et les rumeurs les plus folles circulent au sujet d’une candidature en solo au RDR pour 2020. Ces gens ont-ils une idée de la nature de la branche sur laquelle ils sont assis ? S’ils l’ignorent, nous leur présentons cette ébauche de statistique : la case verte, c’est grosso modo quatre familles. Les alassanistes, les pro-Soro, les curieux et quelques rares «vrai RDR».
En 2020, Ouattara quittera la scène avec les alassanistes, puis, nous les curieux plierons bagage, les pro-Soro diront au revoir à la gérontocratie, et toute la case reviendra aux «vrais RDR». Sachant qu’en 2010, se sont ces quatre familles qui ont donné au premier tour 32% à Ouattara, vu le fait que trois d’entre elles quitteront la maison, alors il n’y aura plus que les vrais RDR. Le RDR pourrait s’en sortir avec environ 8% au premier tour en 2020. Alors que faire ? Si le RDR est vraiment stratège, deux hypothèses s’offrent à lui : soit, mettre en berne son orgueil pour battre le rappel de toutes ses troupes, ou bien soutenir politiquement une candidature PDCI en 2020. Sinon s’il s’entête, si dans la nomenclature actuelle le RDR fonce en solo vers une candidature en 2020, son limogeage sera sauvage et inoubliable.
(Ma chère Colette, je voudrais finir cette lettre sur un autre sujet). Pourquoi l’amélioration de notre quotidien doit forcement dépendre de certaines événements ? Pourquoi laisser perdurer le désordre, l’anarchie, la saleté, le dysfonctionnement et s’en rendre compte brusquement, quand le pays doit recevoir ou organiser un événement ? Du 15 au 20 juillet 2014, nous avons eu droit à une lagune parfumée au zest. Renseignements pris, le président Hollande qui devait fouler le sol ivoirien, n’était pas digne de sentir la puanteur qui nous est servie tous les jours par la lagune Ebrié. Puis voila que les jeux de la Francophonie pointent à l’horizon. Comme ce nègre sale qui ne souhaite pas que ses étrangers sachent que son logis baigne dans une mare de puanteur, que son pays est une bouche d’égout à ciel ouvert, on accélère donc le toilettage d’Abidjan pour les étrangers et non pour les locaux. Tenez ! Avait-on besoin d’attendre ces jeux pour peindre la clôture du musée national ? Fallait-il attendre ces délégations pour déplacer ces blocs de béton qui s’éternisaient sur la chaussée vers le monument Akwaba ? Monument qui au passage renait de ses cendres suite à la réhabilitation de sa clôture métallique ? Eh oui ! Certaines gares de wôrô-wôrô du Plateau sont devenues brusquement anarchiques, enfin le premier étage de la bibliothèque nationale a été lavé de sa poussière, et les riverains du marché de Belleville sont brusquement devenus encombrants. Les éternels négateurs nous diront qu’un fonds a été alloué au pays pour mener à bien toutes ces taches. Mais a-t-on besoin d’Hercule, ou de Sanson pour souffler sur la poussière des meubles de la bibliothèque, bouger un bloc de béton, ou peindre la clôture du musée ?
Dieu sauve notre pays et qu’il guide toute la classe politique.
«La Lettre à Colette»,
une idée originale d’O.S.
NB/ Le surtitre est de la rédaction

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