Des coups de cuillères sur des casseroles. Objectif pour ces manifestantes : faire le maximum de bruit et montrer à Emmanuel Macron qu’elles ne lâcheront rien, après l’allocution présidentielle : « On a un président qui fait la sourde oreille face à son peuple qui hurle. Et bien, nous non plus, on n’a pas envie de l’écouter en fait », explique l’une d’elle au micro de Lucile Gimberg. « Ce qu’on voit, c’est qu’il passe en force contre l’avis des gens, contre l’avis de la majorité de la population en France », souligne une autre manifestante. « Les syndicats continuent à se battre et on continue à se battre », assure une dernière.
Contre le dédain du président, contre les violences policières… La colère va au-delà du report de l’âge légal de la retraite à 64 ans. Marcel est un ancien chercheur en biochimie : « Si vous entendez les casseroles taper, c’est parce qu’elles sont vides, parce que tout est cher. »
Puis quelques centaines de personnes s’engouffrent dans les rues adjacentes. Des poubelles sont renversées, incendiées. Des barrières de chantier entassées en travers de la chaussée. Martin est étudiant : « On a essayé de manifester pacifiquement et on ne s’est pas fait écouter. Force est de constater que ce qui fait du bruit à l’international, c’est quand même ça, ces rues qui sont incendiées… »
Sous les huées et les slogans anti-policiers, les agents de la très décriée BRAV-M, une brigade motorisée, chargent les manifestants. L’air est saturé de gaz lacrymogène. La course-poursuite finira tard dans la nuit.
Incidents à Lyon
Plusieurs autres « casserolades » étaient prévues dans Paris et partout en France. Plusieurs centaines de manifestants se sont réunis sur le Vieux-Port de Marseille avant de se diriger vers l’hôtel de ville, certains scandant « Macron démission ».
À Lyon, selon la préfecture, plusieurs incidents se sont produits peu après 21h après un rassemblement devant l’Hôtel de ville. « Lors d’une manifestation sauvage », un groupe d’individus ont forcé une porte de la mairie du 1er arrondissement avant de s’introduire dans le bâtiment et d’en taguer les murs de l’entrée, relate le communiqué de la préfecture. D’autres ont incendié la devanture du poste de la police municipale de l’arrondissement et dans le même temps, un incendie s’est déclaré au sous-sol d’un immeuble mitoyen. Sur le parcours de cette manifestation sauvage, des jets de projectiles et des tirs de feux d’artifice ont visé les forces de l’ordre qui ont alors répliqué par des tirs de gaz lacrymogène. Deux policiers ont été blessés au cours de la soirée. La préfète de région a réagi en condamnant fermement « ces atteintes aux biens publics » et assuré de son soutien les forces de l’ordre.
L’ONG altermondialiste Attac, qui avait lancé un appel à des « casserolades » devant les mairies, avait recensé « plus de 300 rassemblements » en France.