Le Parlement libanais, qui ne se réunit plus depuis trois mois en raison des divisions autour de l’élection d’un président de la République, a tenu une séance ce mardi pour reporter pour une durée maximale d’un an l’élection des conseils municipaux.
Pour la deuxième année consécutive, le Parlement libanais a reporté d’un an les élections municipales initialement prévues en mai prochain. « Le Parlement a approuvé une loi prolongeant le mandat des conseils municipaux (…) jusqu’au 31 mai 2024 au plus tard », indique un communiqué officiel.
La communauté internationale avait exhorté les responsables libanais à organiser les municipales à temps. « La tenue d’élections municipales est importante pour respecter les délais constitutionnels et pratiques démocratiques du Liban, à l’heure où le pays fait déjà face à une vacance présidentielle et une paralysie institutionnelle généralisée », avait déclaré début avril la coordinatrice spéciale de l’ONU au Liban, Joanna Wronecka.
Les législatives de mai 2022, dernier scrutin en date, avaient débouché sur un Parlement sans majorité. Et depuis l’expiration du mandat de Michel Aoun le 31 octobre dernier, le pays est sans président de la République, le pays est dirigé par un gouvernement chargé d’expédier les affaires courantes.
Les prétextes invoqués pour ce nouveau report des municipales sont l’impréparation administrative et le manque de financement, dans un pays où les caisses de l’État sont vides. Or le ministre de l’Intérieur a assuré que ses services étaient prêts logistiquement pour la tenue du scrutin. Concernant le budget nécessaire pour l’organisation de ces élections, il ne dépasse pas les 10 millions de dollars, une somme qu’il n’est pas difficile de réunir malgré la crise, relève notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh.
Les véritables raisons du report des élections municipales sont donc à chercher ailleurs. Celles-ci sont politiques. Les partis traditionnels qui dominent le Parlement craignent d’être sanctionnés par les électeurs qui leur font assumer la responsabilité de la crise qui a poussé, selon l’ONU, plus de 80% de la population sous le seuil de pauvreté.
Ces partis n’arrivent pas à s’entendre sur l’élection présidentielle, mais ils n’ont pas trouvé de difficulté à se mettre d’accord pour reporter des élections municipales censées avoir lieu tous les six ans. Le Parlement qui ne se réunit plus faute de quorum pour élire un président a pu tenir une séance ce mardi grâce à la participation des principaux partis traditionnels.