(Sherbrooke) La loyauté des militants caquistes envers leur chef atteint un sommet inégalé, malgré l’abandon récent de la promesse électorale du troisième lien autoroutier. Le premier ministre François Legault a obtenu l’appui de 98,61 % des membres de son parti réunis en congrès à Sherbrooke dimanche, un résultat supérieur à celui qu’il avait obtenu il y a près de 10 ans.
François Legault surpasse de justesse le score enregistré en mars par le chef du Parti québécois Paul St-Pierre Plamondon, qui avait également été soumis à un vote de confiance lors d’un congrès de sa formation. Il avait obtenu l’appui de 98,5 % des membres présents, un record pour un leader péquiste.
Le résultat de M. Legault est le plus élevé depuis de nombreuses années en politique québécoise. Jean Charest avait obtenu 97,2 % lors d’un congrès libéral en 2007, par exemple.
« Cette tape-là dans le dos que vous me donnez aujourd’hui, ça me fait du bien », a lancé François Legault lors de son discours de clôture du congrès auquel était inscrit un millier de membres. Il a souligné qu’un premier ministre « prend parfois des décisions difficiles » et « peut décevoir » mais qu’il le fait lui-même « pour le bien des Québécois ».
Les statuts de la Coalition avenir Québec (CAQ) prévoient qu’il y a vote de confiance à l’endroit du chef lors du premier congrès qui suit des élections générales. Le 3 octobre, François Legault a récolté 41 % des voix et a raflé 90 des 125 sièges, du jamais-vu depuis Robert Bourassa en 1989 à l’époque du bipartisme PLQ-PQ (50 % et 92 sièges). Les militants caquistes ne l’ont manifestement pas oublié et passent l’éponge sur le recul au sujet du troisième lien.
Il n’y avait pas eu de vote de confiance lors du congrès caquiste de 2020 – le premier après les élections de 2018 –, en raison de la pandémie. La dernière fois que le chef du parti avait été soumis à un tel exercice était en 2014. Il avait récolté un score de 97,2 %.
Il n’y avait pas de suspense autour du vote de confiance de ce week-end. Le test de leadership paraissait sans risque réel. Comme d’autres élus caquistes, le ministre de la Santé Christian Dubé disait s’attendre à « un très grand vote de confiance » de la part des militants envers le chef avant le dévoilement du résultat.
On se demandait si les militants caquistes allaient envoyer un petit message à leur chef pour avoir reculé sur une promesse électorale importante. Ce ne fut pas le cas.
D’ailleurs, le dossier du troisième lien n’a pas vraiment retenu l’attention. Personne ne s’est exprimé sur le sujet au micro samedi, même alors que la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, était sur la scène en compagnie de collègues du cabinet pour répondre aux questions des militants. En soirée, elle disait que personne ne lui avait parlé du troisième lien au congrès, y compris lors d’échanges avec des militants de la grande région de Québec.
Selon la ministre et députée de Chutes-de-la-Chaudière, Martine Biron, les militants « regardent en avant ». « Tout le monde est de bonne humeur. Je pense qu’il est temps de serrer les coudes. La décision du troisième lien, c’est une décision pragmatique comme on dit souvent, c’est un mot qu’on aime à la CAQ », a-t-elle affirmé samedi.
L’ancien député de Beauce-Nord Janvier Grondin s’est dit satisfait du recul du gouvernement, car la construction d’un tunnel autoroutier sous le fleuve entre Québec et Lévis aurait été trop coûteuse, selon lui. Il a cependant reconnu que la décision « dérange les gens » puisque c’était une promesse électorale. Ce qui dérange les gens, est-ce l’impression d’avoir été trompés dans ce dossier ? lui a-t-on demandé. « Est-ce que vous pensez que c’est la première fois ? Et est-ce que vous pensez que c’est le premier parti qui fait ça ? » a-t-il répondu.