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L’histoire de la Côte d’Ivoire indépendante ne saurait oublier la date du mardi 18 février 1992 de Laurent Gbagbo et son cortège de désolations

L’histoire de la Côte d’Ivoire indépendante ne saurait oublier la date du mardi 18 février 1992 de Laurent Gbagbo et son cortège de désolations. Ce jour-là, Laurent Gbagbo, alors principal opposant au pouvoir du Président Félix Houphouët-Boigny et député à l’Assemblée nationale, est arrêté et condamné à deux ans de prison.

Cette arrestation a eu lieu à la suite d’une manifestation, qui avait été organisée pour protester contre le refus du Président de la République, Félix Houphouët-Boigny, de tenir compte des conclusions d’une enquête concernant les brutalités dont se serait rendue coupable l’armée, en mai 1991, lors d’une intervention dans la cité universitaire de Yopougon, à Abidjan.

L’opposant Laurent Gbagbo n’était pas le seul. D’autres membres de son parti, le Front populaire ivoirien (FPI), dont son épouse Simone Ehivet Gbagbo et des leaders syndicaux ont également été interpellés et bastonnés à sang.
Pour rappel, la réaction de l’opposition faisait suite à cette descente militaire où des étudiants ont été violentés, tabassés et soumis à des traitements inhumains par la force d’élite de l’armée ivoirienne la Firpac (Force d’intervention rapide para-commando). Il faut signaler que suite à cette situation, le Président Félix Houphouët-Boigny avait mis sur pied une commission d’enquête.

18 FÉVRIER 1992 MARCHE PACIFIQUE DE PROTESTATION DES DÉMOCRATES
Le rapport de cette commission rendu public le 19 janvier 1992, mettait en cause le Général Robert Gueï, chef d’État-major de l’armée et ses hommes. Mieux les membres de la commission recommandaient aux autorités de sanctionner Robert Gueï, — promu Général peu après cette action controversée —, pour avoir donné l’ordre à ses troupes d’intervenir.

Malheureusement, Houphouët-Boigny s’est refusé à prendre des sanctions contre Robert Gueï, arguant que celui-ci était le meilleur chef militaire du pays et que toute mesure prise à son encontre risquait de diviser l’armée. Il a publiquement réaffirmé sa confiance à son chef d’état-major, garantissant ainsi à ce dernier et à un certain nombre d’autres militaires une totale impunité pour les violations des droits de l’homme commises à cette date (pourtant passibles de sanctions aux termes mêmes de la loi ivoirienne).

Ce qui a provoqué la marche pacifique de protestation des démocrates organisée le mardi 18 février 1992. Une marche que le régime avait réprimé dans le sang avant d’embastiller ses initiateurs au nombre desquels Laurent Gbagbo.
Au moins 77 prisonniers d’opinion avaient été arrêtés et écroués à cette période dans des prisons du pays sur instruction du Premier ministre d’alors Alassane Ouattara, à en croire Amnesty international.

LE MARDI NOIR DE LAURENT GBAGBO
Bien avant, une centaine d’étudiants membres de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) dont son secrétaire général Martial Ahipeaud, ont été interpellés par la police le 13 février 1992. Ceux-ci manifestaient également contre l’impunité des responsables des violences commises en mai 1991 dans la cité universitaire de Yopougon. C’était le premier mouvement de protestation avant celui du 18 février 1992.

Tous deux dégénéré en émeutes et se sont soldés par des dégâts matériels. Lesquels dégâts les ont été imputés par les autorités ivoiriennes. D’où leur condamnation en tant que « co-auteurs » des violences. Toutefois, aucune preuve n’a été apportée de la participation directe des personnes condamnées à des actes de violence ou de vandalisme.

Laurent Gbagbo et son épouse seront arrêtés et conduits au Commandement Supérieur de la Gendarmerie. Puis, sur instruction du Général Tani, les Gbagbo seront conduits à la caserne de gendarmerie d’Agban et deux jours plus tard, à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA). Michel, le fils ainé de Laurent Gbagbo, venu s’enquérir de son état le lendemain, sera également écroué bien qu’étant absent à la marche du « mardi noir ».

LAURENT GBAGBO ARRÊTÉ PAR ALASSANE OUATTARA
Le Premier ministre du Président Félix Houphouët-Boigny, à l’époque, Alassane Ouattara, a déclaré avoir ordonné toutes ces arrestations conformément aux dispositions de la loi anti-casseurs pour justifier son acte. « Nous avons vu Gbagbo casser. Il a été arrêté », avait-il lancé à la télévision nationale publique. Martial Ahipeaud sera condamné à trois ans de prison ferme. Inculpés de « voies de fait » en vertu d’une loi anti-casseurs, Laurent Gbagbo et René Dégny-Ségui sont condamnés le 6 mars à deux ans de prison ferme.

Dans un documentaire intitulé: « Laurent Gbagbo, la force d’un destin 1945-2000 » du cinéaste Henri Duparc, Laurent Gbagbo dira: « Ce jour était pour moi un jour de tristesse en pensant à la Côte d’Ivoire, mais aussi un jour de gloire pour les combattants de la liberté et de la démocratie. J’étais convaincu que c’était le prix à payer pour que nous ayons la démocratie et le pouvoir. J’ai compris ce jour-là que je serai Président de la République et que plus rien ne pouvait m’arrêter ».
28 ans après, l’homme est toujours dans les filets de la justice.

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