Le Royaume-Uni découvre, pour ces fêtes de fin d’année, un calendrier de l’Avent un peu particulier. Chaque jour jusqu’à Noël, au moins une grève agite le pays. Les commentateurs politiques avaient prévu, depuis cet été, un hiver du mécontentement
Dans l’ensemble, tous réclament des hausses de salaire. La majeure partie d’entre eux n’ont pas été revalorisés depuis des années. Or, le Royaume-Uni connaît une période d’inflation très élevée, plus de 10%, alimentée par la hausse des prix de l’énergie, notamment sous l’effet de l’invasion russe de l’Ukraine. Un chiffre qui fait dire aux syndicats qu’à moins d’augmenter les salaires d’autant, les employés vont perdre du pouvoir d’achat.
Il y a aussi des revendications un peu plus spécifiques. Les postiers, par exemple, s’opposent à une réorientation de leurs services vers les colis, qui les ferait travailler le dimanche. Les soignants dénoncent, eux, la dégradation des conditions de prise en charge des patients. Bref, tous demandent plus de moyens pour le service public. Les négociations n’avancent pas, le gouvernement refuse des augmentations trop importantes pour ne pas nourrir l’inflation. Et les syndicats refusent toute offre à un seul chiffre.
Les transports très affectés
Ces grèves, surtout celles des transports, bousculent beaucoup la vie quotidienne. Selon le syndicat RMT, 40 000 de ses membres qui travaillent sur le réseau ferré Network Rail et quatorze compagnies de train se joindront au mouvement, prévu ce mardi 13 décembre et jusqu’à samedi, ainsi que quatre jours en janvier. Des agents de sécurité d’Eurostar, des agents de la police aux frontières qui contrôlent les passeports dans les aéroports débrayent également, contraignant le gouvernement à envisager un déploiement de militaires pour effectuer les contrôles.
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Pendant le mouvement, certains trains circuleront entre 7h30 et 18h30, mais le trafic sera nul dans certaines régions du pays, notamment dans la majeure partie de l’Écosse et du Pays de Galles. Le Rail Delivery Group, qui rassemble les compagnies ferroviaires, a prévenu en amont les usagers et les a incités à prévoir leurs trajets à l’avance et à ne voyager qu’en cas d’absolue nécessité.
Pour l’instant, la vie quotidienne des Britanniques reste gérable, même si une certaine lassitude s’installe. Les cheminots ont commencé leur mobilisation en juillet. Et la semaine prochaine s’annonce très compliquée. Les aéroports et les gares vont être paralysés par les allers et retours des familles. Les hôpitaux vont être encore plus surpeuplés que d’habitude, même si un service minimum sera assuré. Certains représentants syndicaux ont été surnommés « Grinch » par le gouvernement, du nom de ce personnage méchant dans le film du même nom qui tente de voler Noël. « Je n’ai pas l’intention de gâcher le Noël des gens. C’est le gouvernement qui contribue à gâcher le Noël des gens, car il a provoqué ces grèves en empêchant les entreprises de faire des propositions convenables », a défendu le secrétaire général du RMT, Mick Lynch sur la BBC.
L’armée au secours des Britanniques
Certains militaires ont commencé à être formés, en particulier pour relayer les ambulanciers et les contrôleurs douaniers des aéroports. Mais il n’est pas encore certain qu’ils seront mis à contribution. Un porte-parole du Premier ministre souligne que de toute façon, cela ne sera pas suffisant pour éviter le désordre. Le gouvernement joue déjà lourdement sur la communication : des centaines de militaires seront certainement privés de Noël à cause des grèves, alors que l’armée n’a pas le droit de débrayer.
Le Premier ministre conservateur Rishi Sunak a promis de « nouvelles lois dures » pour lutter contre les conséquences des grèves. Et lundi 12 décembre, le ministre Oliver Dowden a appelé, sans succès, les syndicats à « annuler » les grèves et à négocier avec les employeurs.