La Cour pénale internationale( Cpi) peut-elle envisager une solution politique pour remettre Laurent Gbagbo en liberté ?
La question suscite d’autant plus d’intérêt que, depuis l’incarcération de l’ex-chef de l’État à la prison de Scheveningen, ses partisans n’ont de cesse d’appeler à sa libération par voie politique. De la direction de sa formation politique, le Front populaire ivoirien( Fpi) aux barons dudit parti en passant par ses avocats, tous plaident pour une solution politique qui permettrait soutiennent-ils, à Gbagbo de recouvrer sa liberté.
En effet, ils ne ratent aucune occasion de réclamer une issue politique, convaincus qu’ils sont que c’est pour des raisons politiques que l’ex-président de la République a été transféré à La Haye. Même les hommes de loi qui défendent sa cause et celle de Blé Goudé trouvent que la politique est entrée à la Cpi. Aussi, les acteurs politiques se réclamant de l’ex-chef de l’État plaident-ils pour une solution politique pour lui ouvrir les portes de la prison. Un tel scénario ne semble pas entrer dans le schéma de cette juridiction internationale. Pour sa procureure, Fatou Bensouda, une solution politique pour obtenir la libération de Gbagbo n’est pas envisageable. C’est du moins ce que laissent penser ses déclarations faites dans une interview accordée à Jeune Afrique et reprise dans notre édition d’hier, mardi 27 janvier 2015.
La procureure de la Cpi y souligne clairement que seul le droit guide les actes que pose ce tribunal international. « La Cpi est une institution juridique qui n’est pas concernée par ces questions politiques », martèle-t-elle. Elle réfute toute immixtion du politique dans les procédures judiciaires engagées par la Cpi : « Ma mission, c’est d’appliquer la loi en toute indépendance et avec impartialité et c’est ce que je vais faire. Bien sûr, les commentateurs politiques vont continuer de parler et d’écrire, mais j’applique mon mandat et je ne tiens surtout pas compte des considérations politiques ».
Les choses sont donc claires pour cette Gambienne, qui a succédé au juge Luis Moreno Ocampo : la politique n’a pas sa place dans la gestion des dossiers qui sont sur la table de la Cpi. Aussi, proteste-t-elle contre tout mélange des genres tendant à faire croire que ce sont des considérations politiques qui ont poussé les autorités ivoiriennes à transférer Gbagbo à La Haye. « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites et c’est avec la plus grande fermeté que je démens l’affirmation selon laquelle MM. Bemba (Jean Pierre Bemba, leader politique de la République démocratique du Congo, traduit devant la Cpi, ndlr) et Gbagbo seraient devant les juges pour des raisons politiques », s’emporte-elle.
A en juger donc par son refus de laisser mêler la politique aux activités de la Cpi, on pourrait dire que cette institution n’est pas près d’examiner une quelconque solution politique pour la remise en liberté de Gbagbo, comme le souhaitent vivement ses partisans.
Soir info