L’Ukraine peut-elle reconquérir ses territoires perdus sur les bords de la mer Noire, dans le sud ? Oui, répond le ministre de la Défense ukrainien, Oleksii Reznikov, dans le journal britannique The Times. Une contre-offensive majeure serait même en préparation, qui rassemblerait près d’un million d’hommes équipés des armes fournies par les Occidentaux.
Dans un entretien avec le quotidien britannique The Times, Oleksiï Reznikov, le ministre de la Défense ukrainien affirme que l’Ukraine est en train de constituer une force de combat d’un million de personnes, équipée d’armes occidentales, pour reprendre les zones côtières occupées qui sont vitales pour l’économie du pays, celle de Kherson ou Zaporijjia. « Nous avons environ 700 000 hommes dans les forces armées, et quand vous ajoutez la garde nationale, la police, les garde-frontières, nous sommes environ un million », explique le ministre.
Le ministre se dit satisfait du soutien reçu par les pays de l’Otan, mais il estime que le rythme des livraisons n’est pas suffisant. Après avoir sous-estimé la détermination à se défendre de l’Ukraine et surestimé les capacités de l’armée russe, selon lui, les Occidentaux ont augmenté leurs livraisons d’armes, parce qu’ils ont compris que l’Ukraine pouvait se battre. Oleksiï Reznikov estime que le monde démocratique s’est uni pour vaincre la Russie et que cette guerre mettra fin à son empire : « Nous sommes sûrs que la coalition anti-Kremlin est née. Nos partenaires à Londres et à Washington DC et dans d’autres capitales ont investi sur nous. […] Nous devons faire perdre le Kremlin. Nous devons gagner cette guerre ensemble. »
« En l’état actuel des choses, ça paraît très improbable »
Mais un tel scenario est-il possible ? « En l’état actuel des choses, ça paraît très improbable », estime Arnaud Dubien, directeur de l’Observatoire franco-russe à Moscou et chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), pour qui cette annonce vise « probablement à remobiliser le public britannique et occidental ».
« Pour ce qui est du million de soldats, ça paraît assez fantaisiste, analyse-t-il. […] Alors, est-ce que les livraisons d’armement occidental peuvent changer la donne ? C’est une question qui mérite d’être posée. Pour l’instant, ce n’est pas le cas. Ceci dit, j’observe qu’aux États-Unis et en Grande-Bretagne, on doute de plus en plus de la capacité de l’Ukraine, même après avoir reçu des armes occidentales, à changer le rapport de forces. »