Encore trois petits jours et les Ivoiriens, voire le monde entier, vont découvrir le général Philippe Mangou au pétoire de la CPI.
Témoin-clé, certainement le plus attendu du bureau de la
procureure, l’ex-chef d’Etat major de l’armée au moment
de la grave crise postélectorale de novembre 2010 à avril
2011, a la lourde tâche de se prononcer sur ce qu’il a vu, ce
qu’il a entendu.
Et non sur ce qu’il aurait voulu que les choses se passent pendant la
guerre faite au régime Gbagbo.
A la guerre d’une compagnie de transport, hier, quelques
voyageurs, en attente de cars,ont bien voulu donner leurs
avis sur le prochain témoignage du général Philippe
Mangou. «Pour moi, Mangou ne peut pas dire autre chose
que ce que les Brédou et Kassaraté ont dit.
Eux, ils étaient sur le terrain. C’est ce qu’ils ont vu et entendu qu’ils ont dit au tribunal. Mangou était le coordonnateur des opérations,
il a reçu les compte rendus de ses officiers, il connait
parfaitement la mission que le Président Gbagbo a confiée à
l’armée pendant la crise. Il ne peut donc pas dire autre
chose», confie Diomandé S.,cadre dans un établissement
bancaire, entre deux sourires, heureux de parler à
La Voie Originale, «mon journal ». Dix jours passés en Côte
d’Ivoire, dans le secret, ne provoque aucune inquiétudes
à certaines personnes qui se sont prêté à nos questions.
«Même s’il a été mis au secret,il se rend compte que sa présence
n’a pas fait mystère.
Dans ce pays, depuis que Gbagbo a ouvert les yeux des
Ivoiriens, on ne peut plus faire quelque chose en cachette.
Tout ce que je lui demande,c’est de ne pas mentir sur
Gbagbo. Il ne faut pas qu’il raconte ce qu’il n’a pas vu et entendu,
tout ça pour que Gbagbo soit condamné», interpelle
frédérique M., se disant homme d’affaires, en train
de siroter une bière dans un bistrot. Et son voisin de renchérir
: «Il a travaillé aux côtés de Gbagbo depuis longtemps.
Il sait ce que le Président a fait pour lui. Il connait
Gbagbo l’humaniste, incapable de faire du mal à une
mouche. Il ne peut pas ouvrir la bouche et soutenir que le
Président a concocté un plan pour éliminer les partisans de
Ouattara».
Sous un cocotier à la plage sur la route de Grand-Bassam,
Eric D., voyagiste, pense que le témoignage de Mangou
sera déterminant pour la suite du procès. «Est-ce que Mangou
sera sincère avec luimême ?
C’est une question de dignité et d’honneur. Il peut
tout dire sauf témoigner que Gbagbo est un dictateur qui
tue son peuple. Ça jamais, on ne lui pardonnera cette ignominie
». Au restaurant à côté, deux jeunes filles tiennent à
donner leur point de vue sur le futur témoignage de Mangou.
«Mangou a dit qu’il n’allait jamais être le chef d’Etat-major
de Ouattara.
Mais, à la fin, il est devenu plus qu’un chef d’Etat-major, il est ambassadeur.
Est-ce qu’on peut lui faire confiance pour dire la vérité
rien que la vérité ?», se demande celle qui se fait
prénommer Hortense. L’autre, Eugenie, ne veut pas s’aventurer
dans les hypothèses.
«Lundi n’est pas loin. Je vais le juger après son témoignage
», dit-elle.
Lundi 27 mars, un jour où toute la Côte d’Ivoire va s’arrêter
de respirer