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Manifestations violentes à travers la Côte d’Ivoire: Qui veut « électrocuter » le pouvoir Ouattara ?

manifestation burundi

Les Ivoiriens exposent leur exaspération à leurs dirigeants, à travers ces manifestations…

Depuis quelques jours, certaines capitales régionales du pays sont prises dans une spirale de manifestations violentes dues à un accès de colère des populations contre la Compagnie ivoirienne d’électricité (Cie).

Ces heurts sont accompagnés d’incendies de biens publics et privés, et de saccages des locaux de l’entreprise. En même temps que ces manifestations inquiètent de par la violence inouïe de leurs caractères, elles soulèvent des interrogations, dans cette Côte d’Ivoire en quête de réconciliation.

Ces manifestations sont-elles spontanées ou savamment planifiées ? Qui, à travers les coûts exorbitants de l’électricité en Côte d’Ivoire et la fréquence presque mensuelle aujourd’hui des factures, chercherait-il à liguer les Ivoiriens contre leurs dirigeants ? Sur les réseaux sociaux, les commentaires vont bon train. Les dernières hausses du coût du courant, et les doubles facturations de ce mois de juillet 2016 sont perçues comme « de la pure provocation » qui vise « à semer des troubles et à déstabiliser » les esprits. Qui donc veut parasiter le fonctionnement normal du gouvernement Ouattara ? En clair, qui cherche à « électrocuter » le régime d’Abidjan qui s’est engagé, à tout crin, à faire de la Côte d’Ivoire, à l’horizon 2020 «un pays émergent » ? Ces troubles enregistrés à Yamoussoukro, à Daloa, à Tiassalé… interviennent dans un contexte de crispation politique marqué par le procès de Simone Gbagbo aux Assises, et l’annonce d’un référendum pour une nouvelle Constitution. Laquelle a été d’ores et déjà rejetée par une vingtaine de partis d’opposition, y compris le Front populaire ivoirien (Fpi)… Depuis cinq ans que le président Alassane Ouattara a accédé au pouvoir d’État, dans des conditions que l’on sait, ce sont les premières manifestions sociales d’envergure auxquelles son régime fait face. Et pourtant, le chef de l’État, prenant la mesure de la grogne des populations, avait pris les devants, par des mesures saluées par tous. De fait, à l’occasion de la célébration de la fête du travail (1er mai 2016), Alassane Ouattara, après avoir publiquement désavoué certains de ses ministres, annonçait l’annulation des augmentions opérées par la Cie.

Selon lui, « ces augmentations n’ont pas respectées les décisions prises par le gouvernement qui, en son temps, avait décidé d’une augmentation de 16% sur trois ans afin d’accroître la fourniture en électricité. Et que pour l’année 2016, ce serait une augmentation allant dans l’ordre de 5% ». Malheureusement, sur le terrain, ce sont des hausses allant de 30 voire 50% qui ont été constatées. C’est pourquoi, le président de la République a trouvé que ceux qui se plaignent « ont bien raison », l’augmentation étant au-delà de ce qui avait été décidé auparavant. Non seulement, il a fait corriger les factures, mais il a ordonné à la Cie de verser aux clients, c’est à dire les « victimes », le trop perçu. Puis, il a annoncé la fin des monopoles dans les secteurs de l’eau et de l’électricité, qui débouchera sur une baisse des coûts pour les populations. « Cette situation nous interpelle sur la nécessité d’ouvrir les secteurs de l’eau et de l’électricité à la concurrence, comme le prévoit le code de l’électricité », avait-il dit. « C’est la concurrence qui fera baisser le prix de l’électricité. Je lance donc un appel à tous ceux qui souhaitent investir dans ce secteur, pour que nous ayons une saine compétition qui permettra de maîtriser les prix, et de baisser le coût de l’électricité », avait-il indiqué.

Bouygues passe la main à Axa…

Pour les Ivoiriens qui descendent en masse dans les rues ces derniers jours, « l’injustice a été remplacée par une autre injustice ». Les consommateurs ont reçu deux facteurs en l’espace d’un mois, comme si la Cie voulait récupérer, de la main gauche ce qu’elle a donné par la main droite. Sur le dossier de la Société de distribution d’eau en Côte d’Ivoire (Sodeci), M. Ouattara a été formel : « Nous n’accepterons pas l’augmentation de l’eau ». Or, le constat sur le terrain est aux antipodes des engagements pris par les responsables de la Cie et de la Sodeci. Il faut dire que depuis 2015, le groupe français Bouygues s’est retiré complètement des secteurs de l’eau et de l’électricité en Côte d’Ivoire au profit de la compagnie d’assurance Axa. Depuis, les Ivoiriens se plaignent de nombreuses augmentations qui ont été constatées sur leurs factures Cie, suscitant la colère. Selon Jeuneafrique.com du 22 septembre 2015, « le groupe français Bouygues a cédé à plusieurs filiales d’Axa, les parts qu’il détenait encore dans la Compagnie ivoirienne d’électricité et dans la Société de distribution d’eau de la Côte d’Ivoire ». Le groupe français Bouygues est totalement sorti de l’eau et de l’électricité ivoiriennes, en cédant les parts qu’il détenait indirectement dans la Cie, opérateur privé qui a en charge, la fourniture de l’électricité en Côte d’Ivoire, ainsi que dans le producteur indépendant, ”Compagnie ivoirienne de production d’électricité” (Ciprel) et dans la Sodeci. Via la Saur, Bouygues était un actionnaire historique de ces entreprises qui gèrent des services publics fondamentaux, informait la même source. « La cession est intervenue le 31 juillet 2015. Elle s’est déroulée via la cession des 18,63% que Bouygues détenait encore dans le holding Eranove (ex- Finagestion), basé à Paris et détenteur de plusieurs actifs énergétiques en Afrique subsaharienne francophone, principalement en Côte d’Ivoire et au Sénégal. Les parts de Bouygues, qui cherchait à vendre depuis plusieurs années, ont été acquises par trois entités du groupe Axa : Axa France, Axa Suisse et Axa Italie. Les administrateurs représentant Bouygues (dont Olivier Bouygues) au capital d’Eranove, ont aussitôt démissionné de leurs fonctions, remplacés par Axa et par Philippe de Martel, l’un des dirigeants d’Axa Reim, la filiale du groupe d’assurance dédiée à l’investissement immobilier », soulignait jeuneafrique.com. Est-ce ce changement de propriétaire, qui est à la base de ces hausses intempestives qui révoltent les populations aujourd’hui ? En tout cas, les Ivoiriens attendent de leurs dirigeants, des mesures fortes, pour éviter une « électrocution » du processus en cours vers l’émergence en 2020.

Armand B. DEPEYLA

linfodrome.com

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