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Opinion : “Les Ivoiriens restent passifs devant leurs propres souffrances devant leurs bourreaux”

Les Ivoiriens et les peuples amis de la Côte d’Ivoire s’inquiètent à juste titre de l’avenir de notre pays. Chacun, dans la crainte de revivre une nième crise armée, murmure et cherche en vain la solution la plus salutaire pour tous. À tous, nous disons qu’il importe de faire une analyse rétrospective de ces crises incessantes et d’en dégager les solutions évidentes.

Notre pays connaît depuis des décennies les mêmes travers qui entraînent évidemment les mêmes souffrances, entre autres : l’absence de politiques de protection sociale luttant efficacement contre la pauvreté ; une corruption endémique savamment orchestrée par les pouvoirs successifs dans l’unique but d’enrichir leurs clans et leurs familles ; le manque de transparence dans la gestion de la chose publique de telle sorte à ne pas avoir à rendre compte de la mauvaise gouvernance érigée en norme ; une constante aggravation du fossé entre riches et pauvres ; un système éducatif inadapté et improductif avec un désengagement progressif de l’État dans un pays pourtant pauvre ; une négation de la nécessaire égalité de chance entre les enfants de ce pays avec pour corollaire la consécration de l’hégémonie de certains sur les autres ; le népotisme, le favoritisme et le vol érigés en principe de gouvernance tant au sommet de l’État que dans les collectivités décentralisées ; l’instrumentalisation des clivages ethniques et religieux à des fins politiciennes ; la répression, l’absence de liberté et d’ouverture démocratique dans un pays fortement politisé avec une multiplicité de gouvernances traditionnelles non encore intégrées ; l’absence de souveraineté nationale et populaire.

Ces quelques faits ont fini par désagréger le tissu social, économique et politique au point que notre pays a connu deux crises armées aussi graves l’une que l’autre, avec en réalité un nombre incalculable de morts : la rébellion de 2002 et la crise poste électorale de 2010.
En outre, ces crises n’ont cessé d’altérer les conditions existentielles déjà difficiles nées depuis la crise des matières premières de 1980 et des politiques d’austérité à travers les programmes d’ajustement structurel.

“Les Ivoiriens ont été tellement instrumentalisés qu’ils sont restés longtemps passifs devant leurs propres souffrances, devant leurs bourreaux”

Toutes ces grandes souffrances ne font point de distinction de sexe, d’ethnie et de religion. La logique voudrait bien que celui qui subit les contrecoups d’une situation réagisse pour y mettre un terme. Seulement, les Ivoiriens ont été tellement instrumentalisés qu’ils sont restés longtemps passifs devant leurs propres souffrances, devant leurs bourreaux. Or, sortir de ces crises requiert deux approches : celle au sommet et celle de la base.

Au sommet : le premier responsable de ce pays décide de prendre sur lui la responsabilité d’un vrai homme d’État, de sacrifier ses intérêts propres et ceux de son clan et de regarder la situation politique et sociale du pays avec lucidité afin d’y apporter, dans une action participative et inclusive, une cure véritable et durable. Mais là, quand on connait l’ego qui est celui de nos dirigeants, il est à craindre que cette approche soit déjà vouée à l’échec.

À la base : les peuples conscients décident de faire changer le cours de leur histoire par un activisme militant à leurs causes. Cette solution est la seule option qui semble s’offrir à nous. Car au fond, le changement profond dont il est question, est celui de : la nécessaire cohésion sociale par l’édification d’une nation une et indivisible (la division des peuples est la faille utilisée par les pouvoirs successifs pour les appauvrir davantage) ;  l’élévation du niveau de conscience politique des peuples (toute chose qui lui permettra de rester lucide vis-à-vis de la mauvaise gouvernance et d’être au diapason de sa volonté de bien-être et de changement) ; la souveraineté populaire qui devra s’imposer dans un premier temps, connaissant nos États, par de vastes mouvements des peuples autour de leurs problèmes sectoriels mais aussi et surtout autour de luttes transversales ; et ensuite par le libre jeu démocratique électoral) ; la bonne gouvernance, de l’égalité de chance et de l’amélioration des conditions de vies de nos populations ; actif qui ne peut se mettre en place que si la politique au service des peuples reprend tous son bon sens dans notre pays.

Tout peuple est acteur de son histoire et la Côte d’Ivoire ne fait pas l’exception. Le peuple ivoirien doit qualitativement changer et comprendre qu’en dessous de la crise qui couve, seule son action unitaire et consciente pourra arracher aux politiques de mauvais aloi une alternative vraie et crédible à son profit face au mauvais système mis en œuvre actuellement.

Les crises à répétition en Côte d’ivoire ne sont pas une fatalité et cette réalité n’est pas notre seule option. Non et non ! Il n’y a aucune fatalité dans une histoire aussi dynamique que celle de la Côte d’Ivoire ; il n’y a juste qu’à se lever et dire non à toutes ces mauvaises manœuvres politiciennes.
Peuple ton histoire peut changer et cela y va essentiellement de ta responsabilité.

Oui en effet : tu peux manger à ta faim ; tu peux avoir un bon travail ; tu peux avoir les moyens financiers pour aller à l’école et te soigner décemment ; tu peux être épanoui dans ce pays dont les richesses sont vantées à travers le monde ; tu peux faire éviter une autre guerre à ce pays…
Pour ce faire, n’attends pas d’un messie ton salut. Sors des clivages inutiles, sois un autour de tes intérêts et engage-toi fermement et sans concession à faire de ce pays un havre de paix, une démocratie vraie et un grenier à même de satisfaire aux besoins de ses enfants.

Innocent Gnelbin
Président 2IDé

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