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Palais présidentiel ivoirien: C’etait tres chaud entre Guillaume Soro et Hamed Bakayoko/Ce qui s’est passé

soro,hamed
Hamed Bakayoko (à g) et Guillaume Soro ont-ils pu vider leurs contentieux sur le perron de la Présidence ?

La scène n’a pas échappé aux nombreux invités du lundi 5 septembre dernier au Palais présidentiel d’Abidjan-Plateau, lors de la réception des athlètes ivoiriens médaillés aux Jeux olympiques de Rio.

On voit dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux le président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, apparemment en pleine discussion avec le ministre d’État, ministre de l’Intérieur et de la sécurité, Hamed Bakayoko.

Le sujet, qui fait l’objet de cet échange que l’on essaie de décrypter par les gestuelles, ne pouvait être connu, puisque les deux hommes sont filmés à distance. Mais, au regard de la posture de ces personnalités et de la mimique dans leur conversation, l’on peut deviner aisément ce qu’ils se disaient.

Guillaume Soro semblait faire des reproches à son ”ami” Hamed Bakayoko. Celui-ci semblait se défendre, en tentant de convaincre son interlocuteur de sa bonne foi. Le chef du Parlement donnait même le sentiment de n’être pas convaincu (il s’est pincé rapidement le nez d’un geste involontaire, ce qui traduit le doute) par les justifications de son interlocuteur.

Par la posture d’Hamed Bakayoko, on sentait qu’il était mal à l’aise. Peu serein, il trépigne comme s’il veut trouver un moyen de quitter son interlocuteur, qui persiste dans les reproches en le fixant du regard, parlant avec de grands gestes, qui traduisent parfois la volonté de démonstration. On aperçoit Hamed Bakayoko, qui chercha, pendant la discussion, à tenir Soro par les mains comme pour le rassurer de leur amitié et de lui demander de tout laisser tomber. Mais son vis-à-vis, lui, continue de parler, donnant le sentiment qu’il en avait sur le cœur des agissements de son camarade de parti.

La discussion, très animée, est brusquement interrompue par les journalistes, qui font mouvement vers les deux hommes et tentent d’arracher quelques sons. Au regard du sourire de Soro, la discussion a sans doute permis de faire tomber des barrières. Se tenant par la main, les deux hommes ont regagné la tribune des officiels.

En d’autres circonstances, cette scène serait considérée comme une banale rencontre entre deux ”amis” qui parlent de choses qui les lient. Or, ce n’est pas le cas, puisque Soro et Bakayoko apparaissent aux yeux d’une frange de la population ivoirienne comme des rivaux. La crise entre les deux hommes s’est accentuée après les événements douloureux du 22 juillet à Bouaké. Lesquels devraient être certainement au menu de cette discussion improvisée sous les regards complices des collaborateurs des ces deux hommes-clés dans le dispositif du président Ouattara.

Bouaké, le point d’achoppement entre les deux personnalités

Les populations de cette ville au centre de la Côte d’Ivoire ont manifesté violemment contre la Compagnie ivoirienne d’électricité (Cie), saccageant et pillant la représentation locale de cette structure. Les manifestants ne se sont pas arrêtés là. Ils ont aussi pillé une banque, la préfecture de police, le siège du conseil régional, un commissariat de police et le domicile du maire de la commune. Le gouvernement prend la pleine mesure du drame et y déploie l’armée afin de circonscrire les dégâts. Très vite, des proches du chef du Parlement ivoirien sont indexés. Le nom de Guillaume Soro aurait même été cité dans un rapport des renseignements généraux, comme l’a d’ailleurs révélé la Lettre du Continent, dans son avant-dernière parution.

Une cérémonie de pardon est organisée à Bouaké le vendredi 5 août au cours de laquelle le ministre d’État Hamed Bakayoko a volé dans les plumes de ceux qu’il considère comme les commanditaires des actes de pillage et de saccage. « Tu n’as pas reçu de facture, et c’est toi qui va casser. Tu casses pourquoi ? Tu marches contre la Cie, tu vas casser la préfecture, le conseil régional, chez le maire. La préfecture, le conseil régional et chez le maire ont fait quoi dans le casse contre la Cie ? Tout ça, c’est des enjeux politiques, des manipulations politiciennes. Or, la politique, les vieux nous ont dit qu’il ne faut pas te presser. Ce que Dieu veut pour toi, il va te le donner. (…) Respectons-nous un peu. Quand tu fais de bonnes choses, tu assumes. Mais quand c’est mauvais, personne ne veut assumer. (…) Le président de la République est indéboulonnable. Ils sont cachés et ils vous envoient et après, on vient nous dire que c’est tel jeune, non, venez vous-mêmes dire que c’est vous. La politique, c’est la démocratie (…) », lançait Hamed Bakayoko à Bouaké. Il n’a pas cité de nom, mais les regards, pour la plupart, ont été tournés vers Guillaume Soro.

Quelques jours après cette sortie d’Hamed Bakayoko, soit le 18 août, le chef du Parlement dépêchait son chef du protocole, Souleymane Kamaraté dit Soul to Soul, à Bouaké pour ”rétablir les faits”. Celui-ci crachait ses vérités devant des organisations locales : « Ce que vous devez savoir, c’est qu’aujourd’hui, il y a deux camps. Le camp des profiteurs et le camp des lutteurs. Nous ne pouvons pas nous sacrifier pour poignarder le président de la République. (…) Personne ne peut accepter ce qui est arrivé à Bouaké. Plus jamais ça à Bouaké. Ils sont allés raconter des histoires au président de la République (…) ». La sortie de ”Soul to Soul” sonnait comme une réponse à Hamed Bakayoko. Et depuis lors, les deux hommes s’évitaient. Leur rencontre à la cérémonie du lundi 5 septembre avait, en conséquence, un intérêt particulier. D’ailleurs, tous ceux qui ont vu les deux hommes discuter se sont arrêtés pour les regarder. Ont-ils pu vider leurs contentieux ? Il est peut-être trop tôt pour l’affirmer.

Y.DOUMBIA

 linfodrome.com

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