A peine l’information a-t-elle été rendue publique, que la création du futur parti unifié suscite des grincements de dents au sein du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci).
En effet, des militants poussent des cris d’orfraie depuis ce 10 avril 2018 où le chef de l’Etat, Alassane Ouattara et le président du Pdci, Henri Konan Bédié, ont acté la mise sur pied d’un nouveau parti politique, qui naîtra des cendres des formations politiques aujourd’hui membres du groupement politique dénommé Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix(Rhdp). C’est qu’en donnant son OK pour la création du futur parti unifié, baptisé Rhdp, le Pdci pourrait perdre gros.
De fait, le parti à l’emblème d’éléphant est, de tous les partis membres de la coalition des houphouétistes, le grand perdant dans cette affaire. Du moins, s’il est prouvé que Bédié n’a reçu, en retour de ce sacrifice, aucune contrepartie dûment fixée dans du marbre sous la forme d’accord secret formel et paraphé. En consentant à la proposition de baptiser le futur parti unifié “Rhdp”, le leader du Pdci se résout à voir le Pdci fusionner avec les autres partis houphouétistes et partant, se diluer comme un comprimé effervescent. Le faisant, c’est toute l’histoire que charrie ce parti septuagénaire, qui va s’évaporer. Et avec elle, toute la charge émotionnelle rattachée aux hauts faits des figures historiques de ce parti fondé par Félix Houphouët-Boigny. Autant dire que c’en sera fini de ce glorieux passé qu’exhibent fièrement des barons et cadres de ce parti, qui aiment à s’enorgueillir de ce que le Pdci est le deuxième parti le plus vieux d’Afrique après le Congrès national africain (Anc). C’est d’ailleurs ce qu’a compris Kobenan Tah Thomas, membre du Bureau politique du Pdci.
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” En clair, la formalisation du Rhdp comme parti politique, équivaut à la mort du Pdci-Rda…”, relevait-il dans une tribune parue, récemment, dans la presse. C’est la perspective de la disparition du Pdci que redoutent également les militants de ce parti, regroupés au sein du mouvement “Espoir Pdci 2020″. ” Nous ne voulons pas de parti unifié(…) Le président Houphouët-Boigny nous a légué le Pdci en héritage, il nous appartient de le préserver”, ont-ils martelé lors d’un point-presse tenu le jeudi 12 avril 2018 à Attécoubé.
Mais le Pdci ne perdra pas que l’héritage reçu de son fondateur, il pourrait voir l’éventualité de positionner un cadre issu de ses rangs à la présidentielle de 2020, lui filer entre les doigts. A moins que Bédié ait reçu, cette fois, des assurances écrites et paraphées, l’alternance dont il rêvait secrètement au profit d’un cadre du Pdci pourrait tomber à l’eau, emportée par les mêmes vagues qui vont engloutir ce parti dès la naissance du parti unifié Rhdp. Dès lors que le Pdci aura été liquidé, les transfuges de ce parti pourront-ils s’en prévaloir pour réclamer une alternance au profit de l’un des leurs ?
En tout cas, dans le camp Soro, la réponse est non. Il y a quelques mois, des intellectuels, membres du shadow cabinet du président de l’Assemblée nationale, s’employaient à démontrer, à coups d’arguments, que le parti de Bédié n’était plus fondé à revendiquer une quelconque alternance au profit d’un cadre du Pdci, dès lors que le parti unifié avait consacré la liquidation de ce parti. C’est donc là une autre grosse perte que va subir le parti septuagénaire, comme l’a si bien perçu le membre du Bureau politique du Pdci cité plus haut. ” ” En clair, la formation du Rhdp comme parti politique, équivaut à la mort du Pdci-Rda à qui une promesse ferme avait été faite. Selon celle-ci, le candidat pour la présidentielle 2020, en ce qui concerne la coalition du Rhdp, sortirait de ses rangs. Donc la formalisation du Rhdp n’est, en définitive, qu’une tentative de renoncer à des engagements”, analysait-il. C’est dire que le parti à l’emblème d’éléphant risque gros à ce jeu auquel il se livre avec Alassane Ouattara et son parti.
