18 ans de collaboration et on se sépare… Pour qu’une pareille situation survienne, il faut bien qu’il y ait de bonnes raisons. Et, ce n’est pas le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire-Rassemblement démocratique africain (Pdci-Rda), Henri Konan Bédié, qui va dire le contraire. Lui qui a limogé, à la surprise générale, mercredi 3 octobre 2018, son Directeur de cabinet, Dr Lenissongui-Coulibaly Wenceslas. Dans la décision de limogeage qu’il a lui-même signée, le leader du « vieux » parti n’a pas donné de raison. Il a simplement indiqué que « N’Dri Kouadio Pierre Narcisse est nommé Directeur de cabinet de SEM. Henri Konan Bédié, président du parti en remplacement de Dr Lenissongui-Coulibaly Wenceslas ».
Dans sa réaction, le même mercredi, Lenissongui-Coulibaly n’a pas aidé, non plus, à comprendre les dessous de cette affaire. Il a fait savoir qu’il est « Pdci-Rda, pro Rhdp unifié comme le président Bédié le sait». D’autres graves accusations contre l’ex-collaborateur de Bédié ont circulé. Mais étant de sources anonymes, certains n’y ont pas accordé grand crédit.
Il a fallu Me Chrysostome Blessy, l’un des avocats du Pdci-Rda, pour faire des révélations, au grand jour, sur la cause de la séparation entre Bédié et Lenissongui-Coulibaly. C’était le samedi 27 octobre 2018, à Paris, au cours de « la grande conférence » que la jeunesse du Pdci Paris-Îles de France a organisée. Me Chrysostome Blessy, par ailleurs membre du Bureau politique (Bp) du Pdci, a partagé, avec l’auditoire, dans des propos allusifs, ce qui a suscité la colère du Sphinx de Daoukro, l’amenant à remercier son proche collaborateur.
Avant la réunion décisive du Bp du dimanche 17 juin 2018, « il (Bédié) regarde son discours. C’est un homme d’Etat. Il se rend compte qu’une page avait été enlevée et remplacée par une autre page », a informé Me Chrysostome Blessy au grand étonnement de la salle de conférence. « Il paraphe habituellement tous ses discours. Il s’en plaint. Il appelle tout le monde. Finalement, ce petit bout de papier revient (…). C’est la goutte d’eau qui a permis au président Bédié de savoir que chez lui, même à côté de lui, il y a la trahison », a fait savoir l’avocat du parti septuagénaire, soulignant qu’il tient ces informations de personnes faisant foi.
Pour lui, on ne doit pas juger les gens par rapport à leur origine, mais relativement à ce qu’ils sont et ce qu’ils font. « Certaines personnes disent : « je suis Sénoufo, je suis loyal, je ne trahis jamais, je ne fais pas ceci, je ne fais pas cela» », a-t-il dénoncé Lenissongui-Coulibaly de façon clairement allusive.
Car, on se souvient justement que l’ex-proche de Bédié avait évoqué, dans sa déclaration, son origine ethnique et sa culture. « Depuis quelques jours, plusieurs personnes s’interrogent sur ma position au sein du Pdci-Rda, mon parti, parti de dialogue, de rassemblement et de paix. Je suis Ivoirien et donc de la Côte d’Ivoire ; je suis également sénoufo et dans ma culture, on ne lâche pas un ami, surtout lorsqu’il rencontre des difficultés. C’est pourquoi les Ivoiriens me verront partout où mes amis auront besoin de ma présence auprès d’eux », avait réagi Lenissongui-Coulibaly suite à son limogeage par Bédié.
« Au Pdci-Rda, il y a aujourd’hui deux tendances : les pro et les anti-Rhdp parti unifié. Je déclare ici et maintenant que je suis Pdci-Rda, pro Rhdp unifié comme le président Bédié le sait. Je ne romps pas mes engagements vis-à-vis du président Henri Konan Bédié auquel me lient plus de dix-huit (18) années de collaboration. Il reste pour moi un père », avait-il soutenu.
Et, deux semaines après la sanction de Bédié contre lui, Lenissongui-Coulibaly a été nommé, mercredi 17 octobre 2018, en conseil des ministre, Président du conseil d’administration (Pca) de la Loterie nationale de Côte d’Ivoire (Lonaci). Son « chômage » a été donc de courte durée.
SYLLA Arouna
AIP