C’est le début, ce lundi 10 avril, et pour toute la semaine, des réunions de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM) à Washington. Ces réunions se tiennent alors que les appels pour une réforme de l’architecture de la finance mondiale se multiplient afin de mieux répondre aux défis du réchauffement climatique.
Quatre mois après la présentation, à la COP27, de l’initiative de Bridgetown portée par la Première ministre de la Barbade, pour dégager des fonds et deux mois avant un sommet à Paris pour un « nouveau pacte financier mondial », ces réunions de printemps seront l’occasion de faire un premier point. Car on reproche régulièrement au Fonds monétaire international (FMI) et à la Banque mondiale – nés en 1944 – de ne pas être assez efficaces face à certains défis actuels.
Mille milliards de dollars
Alors, cette semaine, la mission de la Banque mondiale doit être mise à jour. Pour Sébastien Treyer, directeur de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), « on s’attend à ce que la question du changement climatique, à la fois la résilience aux impacts du changement climatique et puis la protection du climat et de la biodiversité, entre plus officiellement dans le mandat de la Banque mondiale ». L’Iddri évalue à mille milliards de dollars – par an – les besoins des pays les moins avancés et les plus vulnérables pour leur développement durable. La Banque mondiale s’apprête à dégager cinquante milliards de dollars de prêts supplémentaires sur dix ans : « On est encore très loin du compte. Il ne s’agit pas que l’argent public de la Banque mondiale couvre l’ensemble des mille milliards. Ça, c’est de toute façon impossible. On est bien dans l’idée que l’argent de la banque puisse faire effet de levier sur la mobilisation aussi d’investisseurs privés », pointe Sébastien Treyer.
Pas à la hauteur non plus pour Oxfam, organisation internationale de développement, qui chiffre les besoins à plus de vingt-sept mille milliards de dollars d’ici à 2030 pour les pays en développement, presque dix-neuf mille milliards rien que pour les questions climatiques. Selon Louis-Nicolas Jandeaux, porte-parole d’Oxfam France, qui publie ce lundi son évaluation des besoins pour les pays à faibles revenus et à revenus intermédiaires, « quand on parle des besoins, c’est à la fois les besoins pour faire face au changement climatique, que ce soient les enjeux de pertes et dommages, d’adaptation, d’atténuation, que ce soient les enjeux de financements des systèmes de santé, d’éducation, de protection sociale, les enjeux de surendettement. »
« Poudre aux yeux »
Pour le porte-parole d’Oxfam, les cinquante milliards qui pourraient être dégagés par la Banque mondiale, « c’est de la poudre aux yeux. Nous, on appelle à la possibilité de mettre en œuvre un échange de dettes climatiques. Les pays riches pourraient emprunter onze mille milliards sur les marchés financiers pour les reverser aux pays en développement afin qu’ils puissent mettre en œuvre des programmes pour faire face au changement climatique. »
« On est aussi dans une situation où on peut mobiliser plus de droit de tirages spéciaux du côté du FMI. Et on peut également imaginer beaucoup plus d’aide au développement. Aujourd’hui, les pays riches, en particulier la France, ne tiennent pas leur promesse qu’ils ont faites il y a cinquante ans. Et pourquoi pas la mise en œuvre aussi d’impôts progressifs sur la fortune nette allant jusqu’à 5%. Donc on a vraiment une multitude de leviers face à nous », conclut Louis-Nicolas Jandeaux.