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Prison civile de Dimbokro – Dahi Nestor dans la même cellule qu’Amadé Ouérémi; Les raisons

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Une autre preuve de la vengeance justicière

La vieille prison de Dimbokro qui porte encore quelques vestiges de l’ère coloniale, n’a rien de différent avec les autres maisons d’arrêt du pays. Mauvaises conditions de détention avec des cellules bondées et suffocantes, la mauvaise qualité de la nourriture, les pensionnaires traités comme des sous-hommes, bref, tout le cocktail pour faire regretter à ceux-ci leurs actes qui les ont conduits en ce lieu. Ils ont des peines lourdes variant entre 10 et 25 ans pour la plupart d’eux et se recrutent parmi les caïds de la pègre et autres grands criminels. Pour eux, seul vaut l’aspect punitif, la correction ou la resocialisation peut attendre. A longueur de journée, assis à même le plancher dans leurs cellules, certains pleurent. L’espoir perdu, l’existence hypothéquée.

 

Parmi cette population carcérale, Dahi Nestor figure comme un intrus, lui à qui il est reproché des troubles à l’ordre public, pour avoir appelé à une marche, forme de manifestation garantie par la loi fondamentale ivoirienne. Ainsi que s’interrogeait Laurent Akoun lors d’un meeting à Koumassi à propos de Koua Justin détenu au camp pénal de Bouaké, il conviendrait également de pousser ce cri de désespoir : « Parmi ces bandits de grand chemin Dahi fait quoi là-bas ? ». Mais le jeune, fer de lance de la jeunesse du Fpi pro-Gbagbo, a le moral haut, selon des informations qui nous parviennent. Il ne se plaint guère de sa situation, devenu même le bienfaiteur de certains vieux prisonniers abandonnés par leurs familles, burkinabé, guinéenne, malienne, ivoirienne…

Cependant, il y en a un qui reste toujours perplexe et contrit sur le sort qui est le sien. Amadé Ouérémi, c’est de lui qu’il s’agit. Autrefois grand seigneur de guerre de l’ouest ivoirien, plastronnant sur et régentant l’immense réserve forestière du Mont Péko, Ouédraogo Rémi, de son vrai nom, est aujourd’hui l’ombre de lui-même. Il est devenu taciturne, n’échangeant aucun mot ni avec ses compatriotes burkinabé ni avec un autre détenu. Il est toujours assis dans un coin, pensif. Certainement le temps des regrets, le temps de cogiter sur la nature humaine. On peut être grand aujourd’hui et finir dans la poubelle de l’histoire demain. Amadé l’apprend à ses dépens, lui qui n’a pas digéré qu’il ait été cueilli comme un fruit pourri un jour de l’an 2013 après une aventure funeste qui aura duré de 2002, début de l’offensive rebelle sur la région de Duékoué, jusqu’en cette année 2013, sous la pression des ONG de Droits de l’Homme.

Depuis sa cellule qu’il partage avec plus de 60 autres personnes, Amadé attend toujours son jugement. Dahi peut s’en sortir avec une décision politique en fonction des rapports de force du moment. Un ballotage défavorable contre Ouattara, par exemple. Verra qui vivra comme aime à le dire mon confrère André Silvère Konan.

SD à Abidjan

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