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PROCÈS: 26 Avril 2017 /le temoin Okou Traoré Le president de la mosquée on m’a dit que “les pro gbagbo ont mit le feu à la mosquée”

Côte d’Ivoire: Le président du comité de gestion de la mosquée Sicogi Lem explique sa version des meurtres des «miliciens» du 25 février 2011

Comme annoncé, on en sait un peu plus sur le nouveau témoin à charge contre Gbagbo et Blé Goudé à la Haye. Mercredi matin, nous avons appris qu’Okou Traoré était, comptable et vivait àYopougon  avant, durant la crise et jusqu’alors.

Président du comité de gestion de la  mosquée Sicogi Lem depuis 2004 et officiellement depuis 2008 et président de la communauté et président d’un groupe de parents d’élève, il donnera sa version des faits d’agissements de pro-Gbagbo qu’il appellera « miliciens» à  Yopougon durant la crise.

Durant l’audience du matin et avant qu’elle soit interrompue par une pause, il sera interrogé sur les événements survenus dans son quartier le 25 février 2011.

«Dans le quartier Doukouré, on retrouve plus de malinké et de senoufo, ils sont plutôt RDR, à Yao Sehi, y’a plus des gens de l’ouest, ils sont plutôt FPI mais les problèmes politiques je me suis dégagé de ça» introduira le témoin avant de rentrer dans le vif du sujet.

«Le 25 février 2011 vers 9H suis venu m’assoir devant le bureau de la ceni qui fait face à la grande route, j’ai été choqué de voir ce jour-là des jeunes de Yao Sehi, « on se connait je peux le confirmer », fouiller des voitures et arracher des portables, je me suis dit mais on est ou là, et ça n’a pas duré quelques instants après ça a commencé. Après j’ai vu des jets de pierres entre les jeunes de  Doukouré et Yao Sehi, il a fallu l’intervention de la police vers 10H pour calmer la situation, moi je me suis cherché et suis allé à la maison.

En rentrant j’ai entendu un jeune crier « au secours » il est rentré dans la cour, il était en sang, il a agonisé et est mort, je sais pas qui a tiré, d’où c’est venu, moi je suis rentré chez moi. Le lendemain ses grandes sœurs le cherchaient, elles sont venues nous trouver à la maison, elles nous ont dit que c’était un Traoré mais pas dit tout le nom.

Les jets de pierre continuaient, mes enfants ont fait aussi la réplique et après le constat de la mort du jeune, on a entendu des cris de bavardage dans la maison du voisin et on a appris qu’il était mort. Il était burkinabé, il gérait une maison de passe du quartier. J’ai appris qu’il a reçu une décharge d’une arme à feu des mêmes qui ont tué le jeune, ce sont les miliciens, ce sont eux qui régnaient ce jour-là, c’était eux qui étaient là, après les jets de pierres ils sont venus avec les armes.

Les miliciens sont venus fouiller le jeune mort dans la cour, ils sont venus taper à la porte, on était au moins 16, c’était la peur, ils ont tapé et suis venu ouvrir la porte, dieu merci, ils m’ont pas tiré dessus et ils sont partis, en ce moment-là je ne pouvais pas compter mais je sais qu’ils étaient nombreux, une quinzaine ou une vingtaine, de 17 à 20 ans, ils parlaient en français.

En quittant, les miliciens « c’est comme ça qu’on appelait les pro-Gbagbo », ils ont incendié un camion et s’en sont pris à une boutique de mauritanien.

Après le soir quand je suis sorti on m’a signalé que le gardien de la  mosquée avait été tué, décapité, qu’on l’a mis sur une table et qu’on l’a brulé avec des pneus, moi j’ai juste vu des restes de doigts entre la route et le bureau du CNI (conseil national islamique, ndlr). Il a été tué par le même groupe. »

Avant de s’exprimer sur ces faits, il expliquera qu’après le passage d’Alassane Ouattara durant la campagne, une fille du quartier avait été battu du fait d’avoir porté un tee shirt à l’effigie de l’actuel président.

«Après le passage de Ouattara à Yopougon durant la campagne, une jeune fille Mahoca qui portait un tricot à l’effigie du président Alassane a été battue par un membre des jeunes qui étaient arrêtés en face vers la citelcom, on les a vu, ils criaient « c’est un mossi il ne peut pas diriger le pays ».

Amy Touré, Abidjan

koaci

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