Depuis un an, l’armée française a entre autres fourni dix-huit canons Caesar, « quelques dizaines » de missiles antichars Milan et une quinzaine de canons tractés TRF1. Mais la France n’a pas annoncé de livraisons de chars Leclerc à ce stade.
Tout a commencé à bas bruit. Au début du conflit, la France, qui condamne l’agression russe, était pourtant restée discrète sur ses livraisons d’armes aux Ukrainiens, avant tout pour préserver un canal de communication avec le chef du Kremlin, Vladimir Poutine. Un an plus tard, les annonces d’armement pour l’Ukraine, réclamées à cor et à cri par le pouvoir ukrainien, font l’objet d’une communication assumée, même si la France avance sur une ligne de crête.
Le président français, qui a un temps aspiré à jouer un rôle de médiateur, a reconnu, en avril 2022, dans un entretien au quotidien Ouest-France, que la France livrait à Kiev des missiles antichars Milan et douze canons Caesar (acronyme pour « camion équipé d’un système d’artillerie »). Il s’agissait de répondre aux appels à l’aide militaire lancés sans relâche par le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, soucieux de recevoir des armes lourdes afin d’amplifier la résistance de son pays face à l’envahisseur russe.
Depuis, Paris distille les annonces : à l’issue de la mini-tournée européenne de Volodymyr Zelensky, Emmanuel Macron a déclaré, le 10 février, que des avions de chasse réclamés par l’Ukraine ne pourraient « en aucun cas » être « livrés dans les semaines qui viennent », assurant privilégier des armes « plus utiles » et « plus rapides ».
Quels sont précisément les matériels militaires fournis ? La France pourrait-elle envoyer davantage d’armes sans se rendre vulnérable ? Le Monde fait le point.
Dans le détail, quels matériels ont été livrés ?
Au début de mars 2022, le président de la République et le gouvernement affirmaient s’être limités à « des équipements défensifs et à un soutien en carburant ». Cependant, selon les informations du Monde, Paris avait fourni à Kiev, outre des équipements de protection, des missiles antichars Milan, dès le début de la guerre. Au dernier jour de la campagne présidentielle, le 22 avril, dans un entretien à Ouest-France, Emmanuel Macron annonce finalement que la France a livré douze canons Caesar. En novembre, un des canons fourni à l’Ukraine est endommagé par une munition rôdeuse russe. Finalement, dix-huit canons Caesar sont prélevés sur les stocks de l’armée française, qui en possédait soixante-seize. L’industriel français de l’armement Nexter en produit actuellement afin de recompléter le stock, la première livraison étant attendue d’ici la fin de l’année. Par ailleurs, l’armée de terre, qui se renforce dans le domaine de l’artillerie longue portée, comptera cent neuf canons Caesar en 2025.
Le Caesar est un canon de 155 mm monté sur camion capable de tirer six coups par minute à une distance de 40 kilomètres. Sa grande mobilité (plus de 80 kilomètres à l’heure sur route) est un atout tactique indéniable. Après avoir tiré, l’engin peut aussitôt repartir et ainsi éviter une réplique.
Autre équipement envoyé en Ukraine : une quinzaine de canons tractés TRF1 de 155 mm. Il s’agit du prédécesseur du Caesar qui, à la différence de ce dernier, n’est pas installé sur un camion. Ces obusiers, qui ne sont plus utilisés dans l’armée française, étaient également produits par Nexter. Leur portée est de 24 kilomètres avec des projectiles conventionnels et de 30 kilomètres avec des projectiles actifs réactifs. Capables de tirer six coups par minute, ils peuvent se déplacer à 8 kilomètres à l’heure.
Outre les canons, la France fournit à l’Ukraine des obus Bonus, des projectiles « intelligents » de 155 mm destinés à détruire les véhicules blindés fabriqués par le français Nexter et le suédois BAE Systems Bofors. Ils peuvent être indistinctement tirés par des Caesar français ou des M777 américains.