06032023Headline:

Réforme de la justice: malgré les attaques, les Israéliens manifestent par dizaines de milliers

Des têtes baissées, regard vers le sol. C’est dans le silence, pour rendre hommage aux trois victimes tuées la veille, que commence la manifestation ce samedi. « Quand je pense que ça aurait pu m’arriver à moi, ou que cela peut se reproduire, ça fait peur », témoigne Noah, une habitante de Tel-Aviv de 33 ans, au micro de notre correspondante, Sharon Aronowicz. Vendredi, une attaque dans la capitale israélienne a fait un mort, un touriste italien, et sept blessés, alors que le matin même, deux sœurs perdaient la vie dans une fusillade dans le nord de la Cisjordanie occupée. Le Jihad islamique palestinien a déclaré que cette attaque « était une réponse naturelle aux crimes de l’occupation contre le peuple palestinien ».

Mais malgré la situation tendue dans le pays, ils sont des dizaines de milliers à poursuivre les manifestations contre la réforme judiciaire. Pour Itamar, les attentats sont une raison de plus de descendre dans la rue. « Au début, j’hésitais à venir après l’attaque d’hier, mais je me suis rendu compte que s’il y a des attentats, c’est à cause de notre gouvernement, à cause du limogeage du ministre de la Défense. Nos ennemies ont compris que notre pays est instable et que c’est le moment d’attaquer, pour moi, c’est la faute du gouvernement », tance-t-il.

« Laisse partir mon peuple »
Itzik, 50 ans, affirme, lui, que la réforme est encore plus dangereuse que ces attaques. « Moi, je ne suis pas inquiet. Nous sommes le plus puissants dans la région et nous le resterons, mais si notre pays devient une dictature, alors c’est fini, notre armée va s’effondrer, notre économie aussi », redoute-t-il.

Sur les pancartes, le même message se répète : « Laisse partir mon peuple ». Un slogan qui fait référence à Moïse, en pleine fête de Pessah, qui commémore la sortie d’Égypte. Mais cette fois, ce n’est pas au pharaon que s’adressent les manifestants, mais bien à leur Premier ministre Benyamin Netanyahu. Il a annoncé le 27 mars une « pause » législative pour donner une « chance […] au dialogue », après une intensification de la contestation, un début de grève générale et l’apparition de tensions au sein de la majorité. Mais la mobilisation contre la réforme reste forte. Selon les organisateurs, environ 260 000 personnes étaient présentes.

Que contient cette réforme de la justice ?

Avec ce projet de loi, le gouvernement souhaite revoir les pouvoirs de la Cour suprême. Ainsi, il souhaite inclure une clause « dérogatoire » qui permettrait au Parlement, avec un vote à la majorité simple, d’annuler une décision de la Cour suprême.

La réforme propose aussi de retirer les avocats du panel qui est chargé de nommer les juges de la Cour suprême. Aujourd’hui, il est composé par un groupe de juges, de députés et d’avocats du barreau, sous supervision du ministre de la Justice.

Le gouvernement souhaite également empêcher les juges d’invoquer le caractère « raisonnable » de certaines décisions politiques. Une volonté motivée par la décision du 18 janvier de la Cour d’invalider la nomination d’Arié Dery comme ministre de l’Intérieur et de la Santé à cause d’une condamnation pour fraude fiscale. La Cour suprême avait jugé cette nomination non « raisonnable », poussant ainsi le Premier ministre à démettre le ministre de ses fonctions.

Et enfin, le gouvernement souhaite réduire l’influence des conseillers juridiques dans les ministères car leurs recommandations sont utilisées par les juges de la Cour suprême lorsqu’ils statuent sur la bonne conduite du gouvernement. Le ministre de la Justice souhaite donc qu’elles soient clairement considérées comme des avis non contraignants.

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