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Réforme des retraites: dans la cacophonie, les premiers débats se sont achevés à l’Assemblée

Dix jours de débat à l’Assemblée nationale pour, au final, pas grand-chose. Seuls deux des 20 articles de la réforme des retraites ont finalement été étudiés par les députés. En cause, la volonté de la gauche de ralentir les débats et le manque de volonté du camp présidentiel et la droite de les accélérer. Le texte sera désormais examiné au Sénat dans dix jours.

« Vous m’avez insulté 15 jours ! Personne n’a craqué ! Et nous sommes là devant vous pour la réforme ! » C’est excédé et quasiment aphone que le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a sonné la fin des débats à l’Assemblée nationale sur la réforme des retraites, dans la nuit du vendredi 17 au samedi 18 février. Il était un tout petit peu plus de minuit quand l’examen en première lecture s’est terminé, sans vote et sans débat sur l’article sur le report de l’âge légal à 64 ans.

Dix jours résumés par Erwan Balanant, député du camp présidentiel : « On a eu une sorte de massacre parlementaire pour que le débat n’ait pas lieu. » Et le responsable, c’est Éric Ciotti, le patron des Républicains, qui le désigne : « Les Insoumis ont gâché ce débat démocratique. »

L’analyse est évidemment différente du côté des députés Insoumis et de leur présidente, Mathilde Panot : « Nous avons fait œuvre utile lorsque nous avons démasqué les mensonges de ce gouvernement. Ils sont incapables de nous dire exactement combien d’années de cotisation il faudra. Nous savons qu’ils mentent sur la question du chômage que va fabriquer cette réforme. »

Mais le choc et l’obstruction prônés par La France insoumise ont mécontenté ses alliés, dont les socialistes d’Olivier Faure. « C’est vrai qu’il y a un différend stratégique, tactique », admet le Premier secrétaire du PS. Lui préfère se projeter dans la suite : « À l’instar de ce que l’intersyndicale a demandé, il faut mettre à l’arrêt le pays le 7 mars. Et cette grève sera certainement reconductible. »

C’est d’ailleurs avec des airs de manifestation que les Insoumis sont sortis de l’hémicycle. Désormais, le texte de la réforme va poursuivre sa route dans l’ambiance feutrée du Sénat.

Le Pen tance les sénateurs Républicains, Borne renvoie dos à dos le RN et LFI
Dans la nuit de vendredi à samedi, le Rassemblement national a déposé une nouvelle motion de censure à l’encontre du gouvernement. Sans surprise, elle a été largement repoussée, ne recueillant que 89 voix. À dix jours de l’arrivée du texte de la réforme au Sénat, Marine Le Pen, la chef de file du RN, a taclé la droite et la majorité présidentielle :

« On ne peut pas compter sur les Républicains, encore moins sur les sénateurs Républicains, puisque eux-mêmes déposent et votent chaque année la retraite à 65 ans. J’ai donc de vives inquiétudes, bien entendu, et je crains que tout cela se termine par ordonnances. C’est ce que souhaite en réalité le gouvernement. Et donc, l’ensemble des mensonges qui ont été proféré n’auront pas été sanctionné, alors qu’ils auraient pu l’être par l’intermédiaire de cette motion de censure. »

La Première ministre, Elisabeth Borne, a elle renvoyé dos à dos La France insoumise et le Rassemblement national :

« Avec cette motion de censure, le Rassemblement national montre sa vraie nature et le vide de son projet. Après deux semaines de mutisme dans l’hémicycle, l’extrême droite s’est enfin réveillée. Naturellement pas pour faire des propositions mais pour une manœuvre grossière qui visait uniquement à obtenir votre brevet de meilleurs opposants. Elle intervient par ailleurs après 15 jours d’agitation permanente, de volonté farouche des députés de la France insoumise d’empêcher l’examen du texte. Au fond, ces deux populismes se répondent. Ce sont deux visages du mépris de la démocratie. »

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