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Reprise du procès à la Cpi: Voici LesTrois voies envisagées pour la libération de Gbagbo

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Reprise du procès à la Cpi: Trois voies envisagées pour la libération de l’ex-président ivoirien

Les grandes manœuvres des amis de Gbagbo

Pour une rencontre qui se voulait une conférence-débat, une tribune d’analyse objective de la première partie du procès en cours devant la Cour pénale internationale (Cpi) à La Haye, c’est à un véritable conseil de guerre pour la libération de l’ex-président Laurent Gbagbo, et de Charles Blé Goudé, qu’il a été donné d’assister l’après midi du dimanche 28 février dernier à Paris.

A l’invitation de l’Association des amis de Gbagbo, des centaines d’Ivoiriens, mais également des ressortissants de plusieurs pays, notamment du Burkina Faso, de la RDC et du Bénin se sont retrouvés dans le 11è arrondissement à Paris. Ces participants à cette conférence ont fait une analyse des premiers jours du procès des ex-dirigeants ivoiriens, et envisagé des pistes pour la libération de ces deux détenus présentés comme des ” symboles de la dignité africaine ”. Deux communicateurs ont planché sur la Cpi, dans son organisation, son fonctionnement et ses objectifs à travers ce procès. Le Français Albert Bourgi, professeur de droit constitutionnel, intervenant le premier, a, en résumé, fait comprendre que le président Laurent Gbagbo est allé à la Cpi par la politique. Par conséquent, « seule la politique pourrait l’y soustraire ». Pour lui donc, il n’y a pas lieu d’attendre que le droit soit dit à ce procès. Pour se faire comprendre, l’orateur a rappelé les circonstances de la naissance de la Cpi qui, selon lui, est loin d’être un instrument judiciaire pour répondre aux attentes ayant motivé sa création. Il s’agirait, en réalité d’un instrument du Conseil de sécurité de l’Onu, et particulièrement des grandes nations comme les États-unis, la France et l’Angleterre pour régler leurs comptes aux personnalités susceptibles de menacer leurs intérêts. «La situation du président Laurent Gbagbo et du ministre Charles Blé Goudé est la preuve de l’instrumentalisation de cette institution judiciaire à des fins politiques», ajoutera la deuxième communicante, Me Habiba Touré. L’avocate à la Cour de St-Denis dit ne pas comprendre que la Cpi ne parvienne pas à enquêter sur les événements depuis 2003, mais soit parvenu à extrader Laurent Gbagbo avant de réunir en 7 mois des preuves pour le faire juger. « Pire, pour la période que la Cpi dit avoir enquêté, elle a ignoré les événements dans l’Ouest du pays où il y a eu des milliers de victimes dont des centaines et des centaines de morts, un crime de masse contre 311 victimes, pas 311 morts, des 4 événements qui font l’objet du procès en cours », a-t-elle noté. Me Habiba Touré a dénoncé le caractère « inique et aberrant de ce procès ».

Les 3 actions à engager pour la libération de Gbagbo

C’est au regard de tous ces arguments avancés que l’ancien ”Monsieur-Afrique” du Parti socialiste français, Guy Labertit, a appelé l’ensemble des hommes et des femmes épris de justice à œuvrer autrement pour la libération de Gbagbo. Car, pour lui, la Cpi ne dira rien d’autre au terme de ce procès qui puisse aller contre le pouvoir d’Alassane Ouattara. « Je le dis très crûment, j’ai eu très longtemps des sentiments d’impuissance face à cette montagne qu’on a en face de nous, qui est la Cpi en apparence, mais qui en réalité est le monde occidental. (…). La Cpi n’a géré fondamentalement que deux choses : comment installer Ouattara et faire en sorte qu’il soit installé et installer Kabila (…). C’est une montagne politique à laquelle il faut opposer une réponse politique », a-t-il soutenu. Avant de proposer 3 actions à engager aussitôt pour espérer voir Gbagbo libre. La première est à l’endroit de l’Internationale socialiste. Mais avant, Guy Labertit prévient qu’aucune action ne viendra de l’Occident en faveur de Gbagbo. Même pas de la France et ses socialistes au pouvoir, car les obligations de l’Etat les soumettent au principe de la continuité de l’Etat. « Ce que je reproche à l’Internationale socialiste, c’est de ne pas être allé visiter Laurent Gbagbo à La Haye. A ce jour, il n’y a que Mohamed Kamissoko, et un autre qui a demandé à y aller, mais à qui on a refusé la visite, et dont je tairai le nom en raison de son rôle politique extrêmement important dans son pays. Aucun autre membre de l’Internationale socialiste n’est allé visiter Gbagbo (…). J’aurais bien voulu voir ces dizaines d’Africains, qui étaient toujours à table chez Gbagbo pour récupérer du pognon, aller lui rendre visite ». Pour Guy Labertit, c’est cette mobilisation qui créera le rapport de force. « Il n’est pas trop tard pour le faire », estime-t-il, appelant tous les membres de l’Internationale socialiste à initier des visites à l’ancien président ivoirien dans sa cellule à la Haye. « Même si on vous refuse, dites qu’on vous a refusé » a soutenu le socialiste français qui, avec plus d’une vingtaine de visites, est compté parmi ceux qui rendent le plus de visite à Laurent Gbagbo.Seulement, a-t-il révélé, « depuis novembre, on lui refuse les visites ». La deuxième action à mener, dira-t-il, est à l’endroit des chefs d’Etat africains qui se veulent amis de Gbagbo. « Je n’attends pas grande chose des autorités françaises et celles du monde occidentale . C’est elles qui ont installé Alassane Ouattara, et libérer Gbagbo serait fragiliser ce pouvoir de Ouattara. Elles ne s’y engageront pas », a-t-il expliqué, invitant les dirigeants africains à être en première ligne du combat pour la libération de l’ex-chef de l’Exécutif ivoirien. « Je sais que pour eux, c’est un énorme risque par rapport à leur sécurité, je parle de la sécurité de leur pays, car tout ça est compliqué. C’est pourquoi il faut qu’ils s’appuient sur la démarche des anciens chefs d’Etat pour aller plus loin. Il ne s’agira pas de dire à la Cpi de ne pas être méchante avec Gbagbo, mais il faut dire que Gbagbo n’a pas sa place à la Cpi », a-t-il expliqué, avant de présenter la troisième solution que devra mener les partisans de l’ancien chef d’État ivoirien. Il s’agit d’action de communication à travers des récupérations d’événement comme le rebondissement dans l’affaire du bombardement du camp français de Bouaké et la question des écoutes téléphoniques dans lesquelles Guillaume Soro, l’actuel président de l’Assemblée nationale, est cité au banc des accusés. C’est fort de ces enseignements, que les nombreux participants à cette conférence, qui a aussi appelé à donner les informations vraies au peuple français sur les agissements des dirigeants en Afrique, se sont donné rendez-vous le 7 mars prochain (date de la reprise du procès Gbagbo – Blé Goudé) à La Haye. « Quelque soit la durée de ce procès, notre mobilisation ne doit pas faiblir », a conclu Edouard Gnabré de l’Association des amis de Gbagbo, initiatrice de la rencontre.

Blaise BONSIE, Correspondant en France

L’INTER

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