Nouvelle tractation dans le secteur de l’automobile. Le français PSA annonce son intention de racheter l’allemand Opel, filiale de General Motors en Europe. A la clé, la constitution d’un groupe qui vendrait plus de 4 millions de voitures par an.
Trois ans après son sauvetage par l’Etat français et par le groupe chinois Dong Feng, à hauteur de 14 % chacun, PSA entre en discussions avec sa firme américaine partenaire General Motors. La marque au lion, qui a opéré un impressionnant redressement, souhaite racheter les deux marques de General Motors présentes sur le continent européen, Opel et Vauxhall, cette dernière étant le pendant d’Opel au Royaume-Uni. L’opération permettrait à PSA d’offrir deux nouvelles marques en plus de celles de Citroën et de DS.
Cette annonce intervient une semaine après que General Motors a annoncé une perte de 257 millions de dollars pour ces deux marques. C’est le seizième exercice consécutif en déficit pour ses activités sur le continent européen. Depuis l’année 2000, le groupe américain affiche une perte totale de 14 milliards d’euros.
Le secteur se restructure, les constructeurs doivent grossir
Les négociations ne font que commencer, mais cette union pourrait déboucher sur des perspectives intéressantes. Notamment celle de se hisser à la deuxième place des constructeurs automobiles européens juste derrière Volkswagen, soit 16 % de part de marché. En 2016, PSA a vendu 3,15 millions de voitures, dont près de 2 millions en Europe. En rachetant Opel, PSA passerait à 4,3 millions véhicules. Des chiffres toutefois modestes au regard des ventes réalisées par l’alliance Renault-Nissan. Depuis sa prise de participation en octobre dernier dans Mitsubishi, le groupe franco-japonais a vu ses ventes bondir… En 2016, il a écoulé près de 10 millions de véhicules dans le monde, se propulsant au troisième rang mondial.
Sur l’échiquier mondial, quatre grands constructeurs affirment leur suprématie. En tête, le groupe Volkswagen, suivi du japonais Toyota, de l’américain GM, et de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi. Tous, avec des ventes frôlant les 10 millions de voitures par an dans le monde. Il est évident que tous les constructeurs cherchent à grossir. Fiat l’a fait en janvier 2014, avec le rachat de Chrysler. De la même façon, en rachetant Opel, PSA tente de peser plus lourd, mais aussi de mieux répartir ses coûts. Il est plus rentable de produire des véhicules de marques différentes sur les mêmes chaînes, tout comme d’acheter les fournitures en plus grand nombre et donc moins cher.
De nouveaux défis attendent par ailleurs les constructeurs automobiles, notamment ceux de la voiture du futur, la voiture électrique, la voiture autonome ou encore la voiture propre. Autant de projets qui nécessitent de très lourds investissements, que seuls de grands groupes peuvent financer.
Bercy se montre plutôt favorable à l’éventuel rachat d’Opel par PSA. Mais il est certain que l’Etat regardera de très près si ce rapprochement a des incidences sur l’emploi. Fondée en 1862, Opel a été rachetée par General Motors en 1929. La marque emploie un peu plus de 35 000 salariés, dont près de la moitié en Allemagne. Les inquiétudes seraient davantage du côté de l’Allemagne… Ce matin, la ministre allemande de l’Economie a jugé inacceptable qu’« un tel rapprochement soit publiquement envisagé sans que le comité d’entreprise d’Opel, le syndicat IG Metall ou l’exécutif régional n’aient été informés au préalable ». Le patron de PSA, Carlos Tavares, a immédiatement fait savoir qu’il souhaite rencontrer au plus vite la chancelière Angela Merkel ainsi que les syndicats d’Opel.