Entre l’Alliance du 3 avril portée par des élus qui lui sont proches, l’annonce d’un forum à Paris, au mois de septembre, sur la « réconciliation et le pardon » en Côte d’Ivoire, ainsi que la (re) constitution de l’ex-rébellion des Forces nouvelles, la stratégie de Guillaume Soro, dans son positionnement pour 2020, prend forme chaque jour un peu plus.
En lançant, début juin, à l’Assemblée nationale, l’Alliance du 3 avril, le Soroïste de première heure, Alain Lobognon, se faisait l’écho d’un discours sur la réconciliation prononcé par le député de Ferké à l’ouverture de la session ordinaire du Parlement. Dans son allocution du lundi 3 avril 2017, Guillaume Soro parlait abondamment de « réconciliation ». Il souhaitait que soit conduit de manière « diligente » l’ensemble des procédures judiciaires en cours. Dans certains cercles du pouvoir, le discours de Guillaume Soro a été moyennement apprécié : on a perçu comme une critique à l’encontre de l’exécutif. Mais pas un seul analyste politique n’est dupe. L’ancien premier ministre de Laurent Gbagbo a choisi, stratégiquement, de défricher un terrain fédérateur.
Si hier, il était vilipendé par une partie de ses compatriotes, il tente aujourd’hui de se poser en rassembleur. Réussir le pari de la réconciliation serait, pour l’ex-leader estudiantin, un extraordinaire marchepied dans la perspective de 2020. Qu’un groupe de députés se soit approprié sa pensée politique, le 9 juin, en lançant une « Alliance », n’est évidemment pas fortuit. Que moins de deux semaines après, son conseiller spécial, Franklin Nyamsi, annonce, à Paris, un forum sur le pardon et la réconciliation en Côte d’Ivoire- à l’image du Forum de 2001- ne peut que participer d’une démarche savamment orchestrée. D’un côté, Guillaume Soro a choisi de jouer à fond la carte de la réconciliation nationale, qui lui permet de ratisser bien au-delà de ses supporters ; de l’autre, il redynamise les Forces nouvelles que (presque) tous avaient cru démodées.
L’objectif de 2020 semble plus que jamais d’actualité pour celui qui a perdu le dauphinat à la faveur de la Constitution du 8 novembre 2016. Dans sa récente interview à Jeune Afrique, Henri Konan Bédié, évoquait un « accord » entre Alassane Ouattara et Guillaume Soro portant sur 2030. Il avance, serein, que le député de Ferké n’est pas « excessivement ambitieux » et qu’il n’est pas « intéressé par la présidentielle de 2020 ». Les actions de Guillaume Soro, sa stratégie sur le terrain politique, ne tendent pas à corroborer les certitudes du doyen des chefs de partis.
Kisselminan COULIBALY
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