Un “déchaînement de violence” populaire secoue ces derniers temps les camps de Tindouf. Il a pour ambition manifeste, ni plus ni moins, que l’affaiblissement de la direction des séparatistes et le retour à des logiques tribales.
L’ambiance a des airs de guérilla et lève le voile à travers des heurts sur les velléités des uns et des autres au seul but juré d’une mainmise sur la contrebande et divers trafics sous contrôle des leaders séparatistes.
Pour en revenir aux camps de Tindouf, c’est ainsi qu’après avoir incendié fin mars dernier le centre de la gendarmerie du camp Dakhla, situé à 200 km du siège administratif du polisario à Rabouni puis tout dernièrement la pharmacie du rejeton de la ministre de l’Intérieur algérienne du polisario, Meryem Salek H’Mada, les manifestants sahraouis de par leurs mouvements de protestation s’en sont pris ce coup-ci, au chef des milices du polisario basé au « camp Laayoune »
Selon le Forum de soutien aux autonomistes de Tindouf (FORSATIN), son véhicule a été brûlé par les nombreux contestataires. L’opération a été minutieusement préparée. Ils l’ont intercepté sur son chemin de retour vers le camp Laayoune, l’ont forcé à s’arrêter en l’encerclant. Après quoi, il a été roué de coups, de coups de pied en particulier, et il a vu son véhicule de “service ou de sévices“ c’est tout comme, incendié par les assaillants.
Ces derniers lui reprochent à travers cet acte, l’arrestation du ressortissant espagnol, Mohamed Salem Souid et le passage à tabac par ses milices, des femmes de la famille du ressortissant espagnol, dont sa sœur.
Ce ciblage envers les milices et leurs chefs n’est pas fortuit. Il indique le ras-le-bol d’une population séquestrée, à l’encontre d’une répression subie par les milices régentant les camps. La situation est en train de dégénérer et les responsables de la sécurité sont la cible de jets de pierres, tandis que les véhicules appartenant au polisario sont détruits. Le polisario ou ce qu’il en reste, a répliqué lançant une “campagne d’arrestation à grande échelle” et aucun chiffre n’a été communiqué pour l’heure.
Mais c’est une banalité en ces contrées. On se souvient lors de la 49ème session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU (28 février– 1 avril 2022) à Genève, des militants sahraouis avaient dénoncé, les violations, les disparitions forcées et les exactions perpétrées par le polisario dans les camps de Tindouf, en territoire algérien.
Cela dit, la direction du polisario tente à sa manière, de calmer la colère populaire. Elle a annoncé dans une tentative désespérée de fuite en avant, une initiative à travers un soi-disant Conseil national, afin d’interroger certains responsables histoire de gagner du temps et apaiser la furia des manifestants. Sont concernés donc, les soi-disant premier ministre, ministre de l’intérieur et de la justice. Ils devraient être entendus sur la situation sécuritaire et le chaos qui règne dans les camps des séquestrés de Tindouf.
C’est une des concessions faites aux manifestants. Mais on s’en doute, ces derniers refusent toute trêve à moins que les responsables de ces crimes et attentats à leur encontre en payent d’abord le prix fort. Ils accusent ce gang qui tente de se présenter comme une organisation « institutionnelle », d’être une organisation « terroriste » qui partage ce qui lui tombe sous la main, et pratique le vol des aides alimentaires, la discrimination raciale entre Sahraouis, la torture, la violence, l’arrestation d’opposants, et la répartition des postes aux familles et amis.
Devant de tels évènements, on l’imagine, le chef de la fantomatique « rasd », Brahim Ghali ou Mohamed Ben Battouche, a consenti à descendre de son estrade et de s’asseoir avec des chioukhs tribaux dont ceux de la tribu de Mohamed Salem Souid, alors qu’au grand jamais, il n’avait daigné le faire.
Mais devant les soulèvements des camps et l’échec d’isoler la tribu des Souid du reste des autres tribus, selon FORSATIN et après l’attaque d’un centre de la deuxième circonscription militaire et le vol d’armes, puis la destruction des certaines voitures du polisario, l’incendie de centres, suivis de pharmacies, de commerces et d’un lycée pédagogique, il ne pouvait que se soumettre au diktat du vox populi sahraoui. Il devra s’asseoir à la table des négociations des chioukhs et il ne devrait pas s’en sortir sans quelques réelles concessions.