Le commissaire du gouvernement, le procureur militaire, le colonel Ange-Bernard Kessi Kouamé que nous avons joint, ce même jour, sur son téléphone, a eu, néanmoins, une attitude de « Normand ». Il n’a ni infirmé ni confirmé l’information. Mais, Ange Kessi s’est laissé aller à un commentaire qui laisse peu de place au doute, quant à la véracité des faits allégués. « Cela veut dire qu’en Côte d’Ivoire, il n’y a pas de justice à double vitesse, ou encore de justice des vainqueurs, contrairement à ce que certains politiciens tentent de faire croire à l’opinion nationale et internationale. La Côte d’Ivoire est un Etat de droit », a-t-il réagi. Il a terminé, toutefois, son propos par une sévère mise en garde à l’endroit de ces officiers supérieurs convoqués par son tribunal, « contre un défaut de présentation ». « S’ils ne se présentent pas, ils seront recherchés et arrêtés », a-t-il assené.

En fait, sur instruction du ministère de la justice, la juge du 9ème cabinet et juge d’instruction de la Cellule spéciale des enquêtes, dans le cadre des événements liés à la crise post-électorale, a saisi le Tribunal militaire d’Abidjan (Tma), le jeudi 7 mai 2015, aux fins de convoquer, diligemment, le Colonel-Major Doumbia Lacina, actuel patron des Forces spéciales de l’armée ivoirienne et ex-Commandant du 1er bataillon d’infanterie d’Akouédo, le colonel Kokou Sako, officier de cavalerie, ancien commandant du Cciat (Centre de Commandement d’Inter-Armée Tactique), le lieutenant-colonel Touré Hervé dit « Vétcho », le lieutenant-colonel Koné Zakaridja alias Koné Zacharia, le lieutenant-colonel Mourou Ouattara, le commandant Koné Seydou dit « Oustaze » qui était en charge de la zone de l’Agneby après la chute de Laurent Gbagbo, le lieutenant Kpi Patrick qui était , lui, chargé des relations extérieures à l’Empt de Bingerville, et le lieutenant Duran dit « Ali ».

Cinq (5) des ces huit (8) officiers convoqués étaient des têtes fortes de l’ex-rébellion des Forces nouvelles (Fn). «Ils sont convoqués à se présenter devant le commissaire du gouvernement, le procureur militaire près le tribunal militaire d’Abidjan, Ange Kessi Kouamé, dès réception de la convocation », nous a confié, pour sa part, un magistrat militaire que nous avons joint. « Les convocations ont été envoyées aujourd’hui (hier, Ndlr) jeudi 7 mai 2015, aux intéressés », a ajouté notre interlocuteur. Certains de ces officiers supérieurs des Forces républicaines de Côte d’Ivoire ( Frci), qui ont joué des rôles déterminants, voire décisifs, dans la prise du pouvoir par le chef de l’Etat, Alassane Ouattara, sont suspectés « de complicité de massacres des populations civiles, de viols et d’autres crimes extra-judiciaires » qui auraient « été perpétrés dans des zones placées sous leur responsabilité ». Leur audition, a-t-on appris, devrait débuter le lundi 11 mai 2015.

Le colonel Morou Ouattara, ancien com-zone des Forces nouvelles, occupe les fonctions de commandant du groupe de sécurité du président de l’Assemblée nationale, Guillaume Kigbafori Soro dont il est très proche. Ainsi que le lieutenant-colonel Touré Vétcho qui a été nommé à la tête du troisième bataillon de Bouaké après la fronde militaire qui avait secoué le pays en novembre 2014. Pour ce qui le concerne, le colonel Koné Zacharia, aussi chef Dozo, qui commandait la police militaire, est actuellement commandant en second du bataillon d’artillerie sol-air (Basa) basé au camp d’Akouédo, le plus grand camp militaire de Côte d’Ivoire.

Armand B. DEPEYLA

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