06032023Headline:

Turquie: 60,7 millions d’électeurs appelés à voter pour la présidentielle et les législatives

Journée décisive en Turquie. Les bureaux de vote ont ouvert à 8h (5h TU). Le pays élit ce dimanche 14 mai son président et ses députés. Le chef de l’État sortant, Recep Tayyip Erdogan, va tenter de remporter un troisième mandat, mais face à lui, son principal rival, Kemal Kiliçdaroglu, est donné favori par la plupart des sondages.

Recep Tayyip Erdogan a souhaité ce dimanche « un avenir profitable » au pays et à sa démocratie après avoir voté à Istanbul. « Il est important que tous les électeurs votent sans souci (…) pour montrer la force de la démocratie turque », a ajouté le dirigeant, sans prédire sa victoire.

Kemal Kiliçdaroglu qui, après avoir voté à Ankara, a déclaré de son côté : « La démocratie nous a manqué à tous. Il nous a manqué d’être tous ensemble, de nous embrasser. Vous verrez, le printemps va revenir dans ce pays si Dieu le veut et il durera pour toujours ».

Un peu plus de 192 000 bureaux de vote sont ouverts dans le pays, auxquels sont appelés 60,7 millions d’électeurs ; les Turcs de l’étranger, eux, ayant déjà voté, rapporte notre correspondante à Istanbul, Anne Andlauer.

Les citoyens turcs, traditionnellement, se déplacent en masse pour voter, avec des taux de participation supérieurs à 80%. Vu l’importance de l’enjeu – c’est-à-dire, pour l’essentiel, le maintien au pouvoir ou le départ du président Recep Tayyip Erdogan après 20 ans de règne – on s’attend à une forte mobilisation des électeurs. Chez les Turcs de l’étranger, en tout cas, la participation a atteint 54 % cette année, quatre points de plus qu’aux précédentes élections en 2018.

 

Murat sort tout juste du bureau de vote où il a déposé son bulletin. Une voix pour Kemal Kiliçdaroglu, et une voix pour son parti, le CHP, qu’il soutient depuis des années. Cet ingénieur chimiste a le sentiment que cette fois, son candidat va gagner :« Il faut que ça change enfin. Le pays est très fatigué, les citoyens sont trop divisés. Tout va mal à un point inquiétant : l’économie, les séismes, nos relations avec le reste du monde. Je veux que le pays se calme un peu, se normalise, que toutes ces tensions s’apaisent. Pourquoi est-ce qu’on ne vivrait pas comme en Suède ou en Finlande ? Je pense que la plupart des gens ressentent la même chose que moi. »

Oktay, lui, a rejoint son échoppe où il vend chaque jour, même le dimanche, des bonbonnes d’eau minérale. Son choix est aussi limpide que l’eau de ses bouteilles :« J’ai voté pour Recep Tayyip Erdogan, parce qu’il a fait beaucoup de choses, porté beaucoup de projets qui ont ouvert des nouveaux horizons à la Turquie. Pour moi, son gouvernement est un succès et j’ai envie que ça continue. Je n’ai aucune inquiétude sur l’issue du scrutin. Il n’y aura aucun problème, tout le monde va voter et ce sera une fête démocratique. »

Des travailleurs électoraux préparent des bulletins de vote dans un bureau de vote lors des élections présidentielles et parlementaires, à Istanbul, en Turquie, le 14 mai 2023.
Des travailleurs électoraux préparent des bulletins de vote dans un bureau de vote lors des élections présidentielles et parlementaires, à Istanbul, en Turquie, le 14 mai 2023. REUTERS – DYLAN MARTINEZ
Un « besoin de respirer »
Notre envoyée spéciale à Ankara, Céline Pierre-Magnani se trouve ce matin devant le lycée anatolien de Heyclick, au nord de la capitale. Dans ce bureau de vote, en général, c’est une majorité AKP qui est sortie lors du dernier scrutin, mais la plupart des personnes interrogées sont visiblement favorables à l’opposition. Par exemple, Erol, qui se disait fébrile à l’idée d’un changement ce soir, et il dit avoir envie d’une meilleure gestion des affaires, d’une meilleure gestion notamment sur les questions économiques.

Le besoin de respirer, aussi, est une phrase qui revient vraiment souvent dans la bouche des électeurs qui sortent du bureau de vote. Un autre électeur notamment qui venait de sortir, cigarette à la main, Turgut, disait être très en colère contre les politiques. Il arrive de la région du Hatay, sinistrée par le tremblement de terre du 6 février, il était très en colère. Il est quand même venu voter, il a voté pour l’opposition, mais il espère surtout voir le président Erdogan quitter la présidence pour pouvoir espérer un meilleur avenir.

Le président turc Tayyip Erdogan dans un bureau de vote à Istanbul, Turquie, le 14 mai 2023.
Le président turc Tayyip Erdogan dans un bureau de vote à Istanbul, Turquie, le 14 mai 2023. REUTERS – UMIT BEKTAS
Un scrutin sous haute sécurité
Après une campagne particulièrement tendue, voire violente, la journée commence ainsi calmement. Le ministère de l’Intérieur a mobilisé près de 600 000 policiers, gendarmes et autres personnels chargés de garantir la sécurité du scrutin.

L’opposition, qui dit n’avoir pas confiance dans les autorités électorales, a aussi pris ses précautions pour s’assurer de la régularité des résultats. L’alliance qui soutient Kemal Kiliçdaroglu, le principal rival de Tayyip Erdogan, assure pouvoir compter sur plus d’un demi-million d’assesseurs et d’observateurs dans les bureaux de vote.

Mais la fraude est une crainte évoquée par les deux camps. Le ministre de l’Intérieur a même évoqué une « tentative de coup d’État » de la part de l’opposition soutenue par l’Occident. Et ce samedi encore, lors de l’un de ces derniers rassemblements de campagne, Recep Tayyip Erdogan a demandé à ses partisans de « surveiller les urnes ».

La fermeture des bureaux est prévue à 17h00 (14h TU).

Des électeurs font la queue devant un bureau de vote à Istanbul, en Turquie, le 14 mai 2023.
Des électeurs font la queue devant un bureau de vote à Istanbul, en Turquie, le 14 mai 2023. REUTERS – HANNAH MCKAY
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L’opposition turque veut croire en une victoire de Kemal Kiliçdaroglu

D’un côté comme de l’autre, les partisans des candidats affirment que la victoire leur est promise, et dès ce soir, relate Guilhem Delteil, envoyé spécial de RFI à Istanbul. Leurs pronostics s’accordent sur un point : à leurs yeux, il n’y aura pas besoin de second tour. Recep Tayyip Erdogan et Kemal Kiliçdaroglu ne sont pourtant pas seuls en lice : il existe un troisième candidat. Mais la campagne s’est transformée en un duel.

Et entre les deux hommes, le ton a été vif. Recep Tayyip Erdogan accuse son adversaire d’être un « terroriste », d’avoir des liens avec le coup d’État manqué de 2016. Quand Kemal Kiliçdaroglu dénonce des ingérences russes en faveur de son adversaire et que son parti, le CHP, met en garde contre des risques de fraude, particulièrement dans les zones sinistrées par les séismes du 6 février dernier, mettant en doute l’actualisation des listes électorales.

 

Le choix du candidat de l’opposition ne fut pas chose facile, mais Kemal Kiliçdaroglu a réussi à rassembler les diverses composantes de cette opposition, rapporte notre envoyé spécial à Istanbul, Guilhem Delteil, avec Hasan Dizman.

Maintenant, nous pouvons voir les sondages. La Table des six l’a choisi, c’est donc le meilleur. Et les résultats de l’élection nous montreront qu’on avait raison…

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