Depuis que le corps de « Dina », comme la surnommaient ses amis, a été retrouvé dans la rivière Filyos, non loin de l’université de Karabük, ses proches ne croient pas à un décès accidentel. Que faisait-elle près d’une rivière, sans téléphone ni papiers d’identité, en short et en sandales, dans cette région du nord de la Turquie où la température en mars dépasse rarement les 10 degrés ?
Le premier rapport d’autopsie conclut à une mort « par noyade ». Selon des extraits publiés dans les médias turcs, son corps ne présentait pas de traces d’agression sexuelle, ni de blessures par objet tranchant ou arme à feu. Dans un communiqué, le parquet de Karabük annonce que l’enquête se poursuit avec la recherche de témoins et d’images de vidéosurveillance, ainsi que l’analyse des vêtements de la jeune femme.
Pas de véritable enquête, selon l’ambassade du Gabon
Interrogée par l’AFP, l’ambassade du Gabon à Ankara dénonce pour sa part l’absence de véritable enquête, affirmant que des suspects n’ont pas été interrogés parce que « la victime est noire ». Un diplomate de l’ambassade pointe du doigt deux employés de la poste de Karabük qui auraient harcelé la jeune femme, et évoque la thèse d’un assassinat.
Dans un message vocal, présenté sur Twitter comme un appel à sa mère, l’étudiante en pleurs supplie de la laisser partir pour l’université de Sakarya, à moins de deux heures de route à l’est d’Istanbul : « Il n’y a pas de racisme là-bas », plaide la jeune femme. Le diplomate a confirmé qu’il s’agissait bien d’un message envoyé par l’étudiante.
Sur Twitter, le mot-dièse #JusticepourDina se répand parmi les étudiants africains de son université, dont plusieurs dizaines ont tenté de manifester cette semaine sur le campus.