04012023Headline:

Ukraine: au cimetière militaire de Kharkiv, des enterrements tous les jours

Wagner affirme avoir pris la localité de Paraskoviïvka, limitrophe de Bakhmout, dans l’est de l’Ukraine. Depuis plus de six mois, le groupe paramilitaire et l’armée russe tentent de la capturer. Les forces de Moscou ont réussi à couper plusieurs routes y menant, vitales pour le ravitaillement des troupes ukrainiennes sur place. Les combats sont violents et les pertes importantes dans les deux camps. Au cimetière militaire de Kharkiv, quatre à six enterrements sont célébrés chaque jour de la semaine.

Un salut de trois salves, trois coups tirés en l’air en l’honneur d’Igor Koteliuk, 45 ans, mort près de Bakhmout.

La famille et les amis sont réunis autour du cercueil ouvert, tandis que le prêtre, le père Alexandre Mazepa, récite la prière des morts.

Nous voyons que nos soldats sont nombreux à être tués. L’Église prie pour ceux qui offrent leur vie en sacrifice et meurent en héros.
Après les derniers adieux, le cercueil est scellé, descendu dans la fosse et recouvert de terre. La veuve, Svetlana, arrange les roses rouges et les couronnes funéraires aux couleurs de l’Ukraine sur le monticule.

Quand la guerre a débuté, il est allé s’enrôler dès le premier jour. Il était retraité de la police. Je lui ai dit : Igor, n’y va pas. Mais il m’a répondu que c’était son devoir. Il aimait la vie, il était joyeux et c’était un patriote ukrainien. Il aimait beaucoup son pays, la langue ukrainienne, même s’il parlait le plus souvent russe. Je me suis toujours dit qu’il passerait entre les balles, j’y croyais, j’espérais que tout irait bien.
Trois familles endeuillées célèbrent des obsèques simultanément, à quelques mètres de distance.

Les drapeaux jaune et bleu, plantés sur chaque tombe, s’étalent à perte de vue. Le carré militaire s’est agrandi de plus de 500 sépultures au cours de l’année écoulée.

« On s’en est sortis jusque-là et on pourra gérer »
Les forces russes ont intensifié leurs attaques le long des lignes de front dans l’est de l’Ukraine. Le gouverneur de la région de Louhansk a signalé une augmentation significative des attaques.

À l’approche du 24 février, les Ukrainiens redoutent par ailleurs une attaque massive sur le pays : « Ils tentent d’accumuler suffisamment de missiles pour, à l’occasion de l’anniversaire de l’invasion de l’Ukraine », estime le bureau du président ukrainien.

Les Russes vont vouloir montrer qu’ils ont encore des munitions, estime le conseiller du président ukrainien, Mykhaylo Podolyak. Un sentiment que partage Anastasia Gordevska, 21 ans, engagée au sein de la 124e brigade de la défense territoriale de Kherson.

« Je pense qu’ils préparent quelque chose, qu’il va se passer quelque chose de sérieux, dit-elle. Nous avons constaté qu’ils aimaient les dates anniversaires. Ils sont obsédés par les dates. Mais nous aussi, on se prépare. On s’en est sortis jusque-là et on pourra gérer. »

Roman Thchukhalov, d’une unité de renseignement militaire, s’attend lui aussi à une attaque d’envergure, d’autant que les Russes ne peuvent pas se targuer de gros succès sur le terrain.

« Ils n’ont pas de quoi être fiers de cette année écoulée, estime-t-il. Ils ont été chassés de Kiev et de sa région, ils ont été chassés des régions de Tchernihiv, de Kharkiv… Ils occupent la région de Kherson, mais sans Kherson. Si on fait le compte au bout d’un an, leur opération a échoué. »

Les frappes russes continuent de viser les infrastructures vitales de l’Ukraine. Kiev annonce toutefois avoir retrouvé une capacité de production d’électricité suffisante pour éviter des pénuries trop importantes.

 

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