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Voici Les 5 marches pour réussir l’apprentissage de la politique en Afrique…

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Les 5 marches pour réussir l’apprentissage de la politique en Afrique… (Par Biton Koulibaly)

Ils sont nombreux, en particulier les intellectuels, les universitaires et autres personnes de la société civile et même du grand peuple qui passent une grande partie de leur journée à fustiger la classe politique. Ils ne conçoivent pas que cette classe de seigneurs, qu’ils pensent, ne pas atteindre leur cheville, bénéficient de trop de privilèges par rapport à eux. Ils feignent d’ignorer que partout dans le monde ne bénéficient des retombées du pouvoir, que ceux qui se sont battus pour l’avoir. On ne tend pas sa poitrine à l’adversaire pour venir donner les fruits du pouvoir à ceux qui dans l’ombre de leur confort, comptent les blessés et les morts et osent s’indigner de ne pas faire partie des vainqueurs. Le peuple semble oublier que ceux qui s’approchent du pouvoir et sentent fort son parfum, sont d’un genre particulier. La politique ne s’enseigne pas dans une faculté. La politique c’est sur le terrain. Pour faire partie de ceux qui vont diriger demain ou qui feront partie demain, des coulisses du pouvoir, il y a des étapes élémentaires à franchir.

1- Tout commence par l’inscription dans un parti politique. C’est ainsi que cela fonctionne en Grande-Bretagne ou au Guatemala. C’est à dix-huit ans, à l’issue d’un meeting de Chaban-Delmas que Nicolas Sarkozy va s’inscrire dans un parti politique. S’inscrire dans un parti politique, n’est pas aisé comme on pourrait le croire. Il obéit à trop de considérations. Surtout en Afrique. Mais c’est la première étape et la plus indispensable. Avoir sa carte.

2- Payer régulièrement sa cotisation, venir aux réunions. C’est en venant aux réunions que les futurs dirigeants vont remarquer ceux qui vont faire le pays demain venu. En plus, il faut être régulier, combatif, participer aux débats. Jusqu’à ce qu’on vous sorte de la structure locale du parti pour un regroupement national.

3- Entre les deux phases, montrer son militantisme dans le quartier. Que tout le monde sache que vous êtes de tel parti dont vous portez souvent le tee-shirt et distribuez les affichettes. Dans le collage des affiches vous devriez être capable de déchirer les affiches des partis politiques adversaires. Si on n’est pas capable de combattre les autres sur le terrain, vous n’avez pas le sang d’un politicien. La vie politique c’est avant tout, le combat contre les autres. Même contre ses alliés. Comme le disait Georges Marchais, l’ancien et regretté secrétaire général du parti communiste français, l’union est un combat. Un politicien n’a pas d’état d’âme, sans quoi il ferait mieux de se faire moine ou bouddhiste.

4- Le choix d’un mentor. Indispensable. Il doit faire partie de la hiérarchie du parti. Le fréquenter, au moins, une fois par semaine. Faire ses courses, ses commissions. Etre aux petits soins de ses enfants, de sa maman. Et sans honte, en sachant que tous les grands leaders politiques sont passés par ce chemin, en prenant les sacoches des dignitaires du parti. Nikita Kroutchev acceptait que Joseph Staline monte sur son dos. Lui aussi montera sur le dos d’autres militants du parti, ceux dont on peut faire confiance à cause de leur docilité. En politique, on ne regarde pas vos diplômes. Cela c’est dans l’administration. En politique, on exige la confiance, la sincérité, la loyauté, des traits indispensables qui ne conduisent pas à la trahison très nombreuse dans le milieu. Même ceux qui ont fait plusieurs fois la prison pour le parti, ne sont pas dignes de confiance. Trahir aussi fait partie de la l’apprentissage politique. Williams Blake disait : «Dieu, préserve-moi de mes amis, mes ennemis je m’en occupe.»

5- C’est au cours de cette étape, en compagnie de votre mentor, que vous allez apprendre véritablement ce que c’est que la politique. Dénigrer les autres et supporter, sans vous plaindre, ni frémir, les accusations graves et les mensonges graves des alliés et des adversaires. Si vous ne supportez pas les diffamations, vous êtes encore tendre pour faire partie des fauves. Et ce sera dans le cadre des différentes élections politiques. On accusera votre mentor d’avoir détourné des milliards. C’est à vous de rétorquer, en prenant une cible, que l’adversaire a camouflé des centaines de milliards dans un paradis fiscal. A ce niveau vous aurez de nombreux enseignements avec mon roman: «La bête noire.» En fait, tout flatteur vit aux dépends de celui qui l’écoute. Et comme le peuple aime les contes et légendes il faut le servir. Ne jamais se laisser abattre par un article de presse. C’est comme une rose qui meurt l’espace d’un matin. Mais il faut avoir deux ou trois avec soi. Et c’est vous que le mentor va envoyer, avec des valises d’argent, auprès des rédactions comme auprès des militants hésitants. La politique nécessite beaucoup d’argent. Sachez économiser ou placer votre argent dans des actions rentables pour que le moment venu, pour briguer un siège, vous en aurez suffisamment pour passer haut les mains. Si vous êtes élu ou le parti, de nombreux postes administratifs ou politiques seront à votre disposition. Ceux qui ne savent pas tout le chemin pour atteindre ce sommet, vont dire que vous « ramassez de l’argent.» Votre apprentissage va vous servir. Dites : « On ne gagne rien. Ce sont ceux perchés en haut de l’arbre qui cueillent tous les fruits. » Mentir sur les autres, on vous croira toujours. C’est la passion du peuple. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.

Par Biton Koulibaly

L’intelligent d’Abidjan

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