Pascal Affi N’Guessan, député de la circonscription d’Andé, Assié-Kouassi et N’guessankro, sous-préfecture de Bongouanou, a donné les raisons qui l’ont conduit à se dresser contre le vote du projet de loi de finance portant budget de l’Etat de Côte d’Ivoire pour l’année 2019, le jeudi 27 décembre 2018 à l’Hémicycle.
Dans ses explications, le président du Front populaire ivoirien (FPI), a dénoncé un projet de loi fondé sur des bases peu solides et des hypothèses irréalistes. Aussi n’a-t-il pas manqué de dénoncer une mauvaise répartition de ces ressources, qui à l’en croire ne cibleraient pas les secteurs non moins essentiels en l’occurrence ceux de la santé et de l’éducation. « J’ai voté contre le projet de loi de finances portant budget de l’État de l’année 2019, parce qu’il est calqué sur des bases qui ne me paraissent pas solides, des hypothèses irréalistes. Le gouvernement a été trop optimiste en pensant que l’économie est en bonne santé et que le BTP va accroître de 20%, l’agroalimentaire de 8% etc. alors que la réalité que nous vivons est que l’économie est sinistrée. La filière café-cacao broie du noir. L’hévéa et l’anacarde ne s’achètent pas. On ne peut pas dire que tout va bien et que les données financières vont s’améliorer. En ce qui concerne l’environnement politique qui est un facteur important, on a vu son impact en 2017 avec les mutineries et la saignée financière que ces mutineries ont occasionnée, l’impact négatif sur l’économie ivoirienne que cela a produit, on ne peut pas dire qu’en 2019, la situation sera calme, que les perspectives sont bonnes.
Ce n’est pas aussi parce qu’on a voté le Senat, on a libéré 800 prisonniers politiques, alors qu’on sait qu’il y a des questions politiques qui sont encore sans réponse et qui vont impacter l’environnement socio-politique, notamment la question de la réforme de la CEI ou du code électoral, la question de l’éligibilité du chef de l’État actuel, de sa participation éventuelle aux élections, la question du Rhdp avec tous ces remous qu’on observe depuis peu. Ce sont des données qui auront un impact sur les finances du pays. Or ces éléments n’ont pas été pris en compte. Ensuite quand on regarde, les ressources qui sont prévues, elles ne nous paraissent pas soutenables. On recourt toujours à un endettement excessif. Les recettes fiscales ne progressent pas par manque d’un recouvrement efficace. Les ventilations de ces ressources sont aléatoires et illisibles. On ne comprend pas la logique des ventilations des ministères. Un ministère aussi important comme celui de la santé n’a pas suffisamment de moyens, les collectivités territoriales n’ont pas suffisamment de ressources, alors qu’au niveau de la présidence on maintient un budget de près de 95 milliards Fcfa, à l’intérieur duquel 13 milliards seront consacrés à la réfection de l’esplanade. Alors qu’avec ces 13 milliards on peut réaliser plus de 1,5 millions de tables bancs. On peut acheter plus de 500 ambulances pour les hôpitaux. On peut avoir des milliers de salles de classes. Donc quand on ne comprend pas cette répartition qui ne cible pas les secteurs essentiels du pays, on ne peut pas s’engager à voter ce budget » a justifié Pascal Affi Nguessan.
Jean Kelly Kouassi
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