Comme le dit l’imagerie populaire, «l’assassin revient toujours sur le lieu du crime». Il suffit donc de faire preuve d’un peu de patience pour lui mettre le grappin dessus. De fait, le commandant Issiaka Ouattara dit Wattao vient de faire une grande révélation sur ce qui s’est passé, dans la nuit du 19 septembre 2002 quand, sous la direction d’un certain Guillaume Soro, des «hommes qui ont décidé de sacrifier leurs vies, s’il le fallait, pour avoir le droit de revenir dans leur pays et mettre fin à l’injustice, à la discrimination et à la xénophobie» ont attaqué ce pays-là.
Wattao, cet acteur de l’attaque rebelle qui a visé les fondements du régime de Laurent Gbagbo, cette nuit du 19 septembre 2002, se souvient particulièrement d’un autre fait marquant : «je n’oublierai jamais non plus le jour où il a fallu quitter Abidjan parce que les choses n’avaient pas bien marché pour nous. Je me rappelle encore quand l’actuel président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, qui dirigeait les opérations, m’avait appelé pour me demander de replier. (…) Il m’a alors expliqué qu’il fallait replier sur Bouaké pour mieux nous organiser. Zaga Zaga avait déjà pris le contrôle de Bouaké…».
Ce récit d’Issiaka Ouattara est doublement révélateur.
D’un, c’est une parfaite illustration de la duplicité qui caractérise le régime Ouattara. Qui ressasse la réconciliation et le vivre ensemble pendant qu’il fait l’apologie d’une rébellion qui a profondément endeuillé la Côte d’Ivoire, et dont tous les principaux acteurs sont promus à de hautes fonctions civiles et militaires. Au moment où les effets pervers de cette parenthèse de sang se font encore sentir dans tous les foyers de ce pays. D’innocentes personnes ont été tuées. Marcelin Yacé, Boga Doudou, le Général Robert Guéi, les officiers supérieurs Dagrou Loula et Dally Oblé, une soixantaine de gendarmes désarmés ont été massacrés. Plusieurs autres anonymes ont été éventrés, découpés à la machette, violées, dépossédés de leurs biens. Les plus chanceux ont marché de Bouaké à Abidjan pour fuir ceux qui ont pris le contrôle de cette cité. Laissant derrière eux plusieurs années de dur labeur. Une partie d’eux-mêmes.
«Dix ans après, je ne regrette absolument pas d’avoir pris part à ces combats qui ont changé le visage de la Côte d’Ivoire pour en faire un pays moderne et juste. Si c’était à refaire, je le referais». Parole d’Issiaka Ouattara. Qui dit avoir «un sentiment de joie» au cœur quand il regarde la Côte d’Ivoire déchirée par la haine, la justice des vainqueurs, le rattrapage ethnique, les exactions sans frein des Frci, l’expropriation des terres des Wê. Parce qu’il se dit «c’est le fruit d’un travail auquel j’ai contribué».
De deux, grâce au discours du sachant Wattao, curieusement recueilli par le service de communication du président de l’Assemblée nationale, tous les incrédules sont convaincus désormais que Guillaume Soro est un témoin précieux qu’il ne faut pas écarter du processus de manifestation de la vérité sur les crimes commis dans la nuit du 19 septembre 2012 et les heures qui ont suivi. Que ce soit à Abidjan ou à Bouaké.
Car, comme l’a dit Wattao, c’est «l’actuel Président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, qui dirigeait les opérations» cette nuit-là sur toute l’étendue du territoire dans le cadre de cette attaque. Or, c’est cette nuit-même qu’ont été tués Emile Boga Doudou, Dagrou Loula, Dally Oblé, Marcelin Yacé… Et des heures plus tard des gendarmes et leurs familles ont été massacrés à Bouaké. Et si c’était sur ordre du dirigeant des opérations Guillaume Soro ?
Le titre est de la rédaction
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