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Affaire « mandat d’arrêt contre Soro »: pourquoi le Burkina a reculé/Voici les vraies raisons

kabore et ouatara

Soro peut maintenant dormir tranquille sur ses deux oreilles, la realpolitik ayant fonctionné entre Abidjan et Ouagadougou

C’est l’utilisation rationnelle et intelligente de la diplomatie sur des questions sensibles qui auraient pu mettre à mal, inutilement, les relations entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso qui est à la base du recul de Ouagadougou, dans l’affaire du mandat d’arrêt lancé contre Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire.

Il ne pouvait en être autrement entre Abidjan et Ouagadougou… La Côte d’Ivoire et le Burkina Faso sont deux pays liés par la géographie, l’histoire, la sociologie et ont leurs destins irrévocablement imbriqués. Leurs dirigeants ne peuvent que trouver, toujours, des points de jointure, quelle que soit la nature des différends. C’est ce qui vient de se produire.

Dès l’éclatement de cette affaire, Alassane Ouattara a fait le choix d’un règlement diplomatique de l’affaire . Dans un communiqué de la Présidence ivoirienne en date du mardi 19 janvier 2016, il a indiqué la voie de la médiation. « Au regard des liens séculaires d’amitié et de fraternité qui unissent nos deux pays et nos deux peuples, la République de Côte d’Ivoire, tient à réaffirmer sa ferme volonté de régler cette question par la voie diplomatique dans le respect des accords qui nous lient, afin d’éviter tout différend entre nos deux États », soulignait le communiqué.

Pas d’objection du côté du pays des hommes intègres. Le président du Burkina Faso, Christian Roch Kaboré, lui emboîte le pas. Il veut adroitement se débarrasser de cette « patate chaude » dont il a hérité de la transition militaro-civile. Il joue la « descalade » en privilégiant la dimension « diplomatique » de cette nébuleuse affaire d’écoutes téléphoniques versées au dossier du putsch imputé au général Dienderé. On le voit, les deux chefs d’État étaient sur la même longueur d’onde… C’est peut-être dans cette dynamique que le mandat d’arrêt visant le président Guillaume Soro a été annulé, officiellement pour « vice de forme ».

Dans la foulée de ces annulations de mandats d’arrêt, l’on a noté un remaniement aux allures de purge au niveau du tribunal militaire de Ouagadougou qui a vu le départ de plusieurs magistrats. Le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire burkinabé, le lieutenant-colonel Norbert Koudougou a été remplacé. Si aujourd’hui, la justice militaire burkinabé soutient qu’elle n’a plus compétence d’émettre un mandat d’arrêt contre le président de l’Assemblée nationale ivoirienne Guillaume Soro « compte tenu des accords qui lient le Burkina et la Côte d’Ivoire », selon le nouveau commissaire du gouvernement Alioune Zanré, il n’y a vraiment rien d’étonnant. Cette posture est la conséquence logique du choix opéré par Alassane Ouattara et son « jeune frère », Christian Roch Kaboré de préserver les liens d’amitié entre les deux pays. « Nous n’avons plus compétence d’émettre un mandat » d’arrêt à l’encontre de M. Soro « au regard du caractère d’extranéité du sujet et obstacles juridiques », a dit le commandant Zanré.

Selon les accords qui lient le Burkina avec les autres pays, « l’extradition n’est pas possible en matière d’infractions politiques ainsi que pour des infractions qui leur sont connexes, ainsi qu’en matière d’infractions militaires », a expliqué le commissaire du gouvernement qui affirme que dans l’affaire Guillaume Soro, « le parquet opte pour la procédure de dénonciation ». Et, c’est à la justice ivoirienne de le juger. Le Burkina Faso qui retire son mandat d’arrêt contre Guillaume Soro, demande, néanmoins, à la Côte d’Ivoire « de le poursuivre ». Une belle reculade juridique, diplomatiquement et politiquement bien enveloppée.

 

Armand B. DEPEYLA

linfodrome.com,

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