Le mardi 29 septembre dernier, l’assaut sur le camp Naaba Koom II, camp du Régiment de sécurité présidentielle (Rsp), par les forces armées burkinabé, a mis fin au coup d’État militaire engagé par Djibril Bassolé l’ex-garde prétorienne du président Blaise Compaoré, mi-septembre.
Dans la foulée de cet assaut militaire réussi en soirée, dans la matinée de ce même mardi 29 septembre déjà, M. Djibril Bassolé, ancien ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso et ex-homme-lige de l’ex-président Blaise Compaoré, était mis aux arrêts par les autorités de la transition au motif d’être de ”mèche avec les putschistes du Rsp”. Vu et considéré comme le financier et le penseur dans l’ombre du général Gilbert Diendéré et de ses hommes, donc du putsch manqué du Rsp. Ce que réfutent certains observateurs. «Mais, pourquoi Djibril Bassolé?», serait-on tenté de se demander.
Selon certaines sources, le personnage aurait eu 3 ‘vilains” défauts dans cette affaire pour se faire arrêter ainsi. Le premier est d’avoir été un personnage-clé du système Compaoré. En effet, pendant de nombreuses années, Djibril Bassolé a été ”l’émissaire, l’envoyé spécial, l’exécutant principal ou Vip”, en clair l’homme-lige de l’ancien homme fort du Faso. Ministre de la Sécurité, puis des Affaires étrangères émérite, il a incarné la ”puissance du Faso et Blaise” pendant de longues années de règne de celui-ci. Même là où le président Compaoré a eu à être ”Médiateur” dans des conflits divers dans la sous-région, c’est plutôt au ministre Djibril Bassolé que les interlocuteurs ont eu affaire dans les tractations, que le président du Faso lui-même.
Fringant, toujours bien mis, d’un calme et d’une retenue qui déconcertent l’interlocuteur, Djibril Bassolé a officié, administré, réglé et régenté là où Blaise Compaoré devait le faire. A une telle enseigne que leurs interlocuteurs les ont parfois confondus, lui et son président. C’est pour avoir été cet ”exécutant de luxe” de son chef, Blaise Compaoré, toutes ces années durant, que Djibril Bassolé paie aujourd’hui. Surtout au moment où souffle sur son pays un vent de nettoyage, voire de balayage de l’ère Compaoré. L’ancien ministre des Affaires étrangères apparaît comme un cheveu sur la soupe qu’il faut vite extirper. Et c’est justement ce deuxième défaut qui le cloue dans cette affaire.
En effet, depuis le soulèvement de fin octobre 2014 qui a entraîné la chute de l’ex-président du Faso, une stratégie d’exclusion des pro-Compaoré, c’est-à-dire ceux qui ont servi sous son règne, est savamment exécutée à Ouagadougou pour effacer les traces de l’ancien régime. Stratégie qui a valu la mise à l’écart de tous les candidats issus du sérail pro-Compaoré, tant à la présidentielle qu’aux législatives du 11 octobre prochain, et qui a été dénoncée par les putschistes du Rsp. Dans cette grisaille de chasse aux pro-Compaoré, le ministre Djibril Bassolé commet l’impair d’être un ”rescapé”. D’abord, par sa candidature portée par des groupements de jeunes, puis de chefs traditionnels et un parti politique, la Nafa ; donc portée par un élan populaire. Ensuite, par une candidature qui a le malheur d’avoir des soutiens, et non des moindres, à l’étranger. En effet, le soupçonnant d’être Grand Maître de la franc-maçonnerie, Djibril Bassolé est surtout connu pour être le ”messe dominici”, c’est-à-dire l’homme de l’Organisation de la conférence islamique (Oci) chargé de la lutte contre le terrorisme au Sahel. Du coup, adversaires politiques et détracteurs ont vite fait de voir derrière lui toute la puissante machine financière du bloc arabo-islamique, tout cela allié au fait que lui-même est très loin d’être un démuni. Le dernier défaut de Djibril Bassolé est d’être de la Troupe. En effet, sans qu’on le dise assez, il est l’unique général de brigade de la gendarmerie burkinabé. Cet aspect de sa vie, quant on connaît la solidarité d’armes, a fini par le rendre plus effrayant encore. Finalement, il est apparu comme un insubmersible qu’il faut absolument écarter pour exécuter un plan bien conçu et bien concis. Mais la partie semble être loin d’être gagnée avec son arrestation, tant les pressions souterraines et diplomatiques sont engagées pour le faire libérer. Les mêmes leaders et organisations à l’international qui ont fait pression pour faire reculer les putschistes sont à pied d’œuvre, selon d’autres sources, pour obtenir sa libération, estimant que c’est un acte de trop. On attend la suite…
JMK
L’INTER