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Kigali Sommet de l’UA : Voici la position de la Côte d’Ivoire sur le retrait de la Cpi

chefs d'etats africain

Avant de prendre part le jeudi 14 juillet 2016, à Kigali, à la 29ème session ordinaire du Conseil exécutif de l’Union africaine (Ua), Albert Mabri Toikeuse, le chef de la diplomatie ivoirienne, a, en exclusivité, accepté de livrer à Afrikipresse la position de son pays sur les sujets brûlants.

Monsieur le ministre, comment envisagez-vous ces travaux ?

Ce sont des travaux qui, nous l’espérons, s’inscrivent dans la maturité, dans la sérénité. Il y a des questions importantes. On se rend compte depuis quelque temps que l’Union africaine doit toujours s’attacher aux questions politiques. Mais elle ne doit pas mettre de côté les préoccupations de développement de notre continent, de nos pays. Surtout qu’un agenda a été élaboré : l’agenda 2063, avec un certain nombre de programmes majeurs. Un agenda qui veut revoir un peu la structure de notre économie et relancer le développement. Cette question est très importante. Il faut la traiter; et la traiter suppose qu’on se donne les moyens de mettre en œuvre les programmes que nous avons prévus , avec la mobilisation des ressources internes qui est importante. Et c’est pour cela que les chefs d’État auront une retraite pour discuter de la question; des contributions des États . Pour ce qui concerne la Côte d’Ivoire, nous avons depuis l’année dernière, sur décision du président de la République, porté notre contribution à 3%. C’est presque du simple au double. Nous avons payé tout ce qu’il y avait comme arriéré depuis l’année dernière. Nous sommes à jour de nos cotisations. Nous avons même une avance sur 2017. Donc, la question du développement doit être au cœur du débat. Notamment la question des ressources. L’Union africaine ne doit pas continuer à dépendre des ressources extérieures. Indépendamment de cela , vous savez également que c’est une session de la Conférence des chefs d’Etat qui abordera l’importante question des élections. Du renouvellement de la présidence de la Commission de l’Union, de la vice-présidence, et ensuite des Commissaires. Là aussi, la Cedeao a une position qui est que le dossier n’est pas arrivé à maturité. Il faut qu’on se donne un peu de temps en reportant les élections. Est-ce que les autres chefs d’États vont suivre la proposition des chefs d’Etat de la Cedeao ? Je ne peux pas répondre à leur place. Mais, toujours est-il qu’il va y avoir des discussions. Et ce que nous souhaiterions, c’est que soit désignée une équipe dirigeante à la tête de l’Union africaine qui prenne en compte des attentes , non seulement des leaders africains, mais aussi des peuples. C’est très important. Et puis il y a des questions subsidiaires à discuter. Au niveau ministériel, nous les avons abordées. Il appartiendra aux chefs d’État d’arrêter une décision.

Quelles questions, par exemple ?

Par exemple, la question de la Cpi (Cour pénale internationale). La position de l’Afrique qui déplore depuis quelque temps que ce sont les dirigeants africains qui se retrouvent devant cette cour. Certains ont suggéré un retrait. Mais là aussi, d’autres ont indiqué que 34 Etats, sur les 54 pays membres de l’Union africaine, ont ratifié la convention. Et donc sur les 54, il ne reste que 20 qui ne l’ont pas ratifiée.

Aujourd’hui, quelle est la position de la Côte d’Ivoire, même si elle l’a ratifiée ?

Justement, j’en arrivais. 34 pays ont ratifié, dont la Côte d’Ivoire. Evidemment, il ne peut pas y avoir de retrait collectif. Les retraits doivent être individuels. Mais, si c’était le cas, nous aviserions. Ce que nous pensons, c’est que l’Afrique doit se donner les moyens d’une meilleure gouvernance. Une gouvernance irréprochable. Et une fois que nous aurions fait cela et que nous nous sommes donné des moyens de sanctionner, de ne pas cohabiter avec l’impunité, nous aurons peut être l’occasion de discuter d’attitude à avoir vis-à-vis de la Cpi. Pour ce qui concerne la Côte d’Ivoire, elle ne s’associera pas à une action allant dans le sens d’un retrait collectif de la Cpi.

Comment envisagez-vous, de façon concrète, la mise en application au niveau continental d’un passeport unique pour les citoyens africains ?

Il y a un passeport africain qui arrive. Les premiers vont être délivrés d’abord, au cours de cette session de la conférence, aux chefs d’État, aux ministres des Affaires étrangères, aux ambassadeurs près l’Union africaine et certainement, plus tard, aux citoyens ordinaires. Dans tous les cas, il faut comprendre que c’est la volonté de faciliter la circulation entre nos pays. La volonté d’avoir des positions communes sur un certain nombre de questions et de nous sentir tous citoyens d’une même Afrique. C’est dans ce cadre que ce passeport sera mis en place.

Est-ce que ce projet ne relève pas d’un coup de bluff des dirigeants africains, d’une utopie ?

Non, ce ne n’est pas de l’utopie. Vous savez, il faut toujours commencer. C’est une volonté politique et avec cette volonté qui est affichée, nous y arriverons. Je ne suis pas en train de dire que c’est facile. Mais, je suis en train de dire que lorsqu’on a la volonté de commencer, il faut le faire et persévérer.

Y a-t-il un chronogramme dans sa mise en application jusqu’au citoyen lambda ?

Non, il n’y a pas de chronogramme précis. On le sort maintenant, et après nous discuterons pour voir comment, concrètement, faire un certain nombre de courses en évaluant chaque fois sa mise en œuvre.

À la suite des attentats du 13 mars dernier à Grand-Bassam, le ministre ivoirien de l’Intérieur, Hamed Bakayoko, avait annoncé une mesure jugée ‘’inédite’’ qui est «l’interdiction du territoire ivoirien à toute personne qui ne possédera pas un passeport biométrique ou carte d’identité sécurisée, même pour les ressortissants de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Ne craignez-vous pas que face à une telle situation, les décisions sécuritaires prises par les États fassent voler en éclats cette volonté de mettre en place passeport commun africain ?

Le fait d’avoir un passeport commun ne veut pas dire qu’on donne dos au passeport biométrique. Le passeport biométrique est une étape. Aujourd’hui, à l’échelon du monde, l’objectif pour tous les pays, c’est d’aller vers le passeport biométrique. Donc, si on introduit un passeport au niveau de l’Union africaine, il n’est pas exclu qu’il soit biométrique.

Source : Afrikipresse

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