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La frontière Côte d’Ivoire-Burkina fermée : l’incident qui a failli coûter cher à un convoi de journalistes ivoiriens/les faits

En quittant ce dimanche, 05 mars 2017, matin (05 h 10 ) la capitale Burkinabè pour Abidjan, après avoir pris part à la 25è édition du Fespaco très maigre en moisson pour la Côte d’Ivoire, le convoi de journalistes ivoiriens, d’étudiants, enseignants et encadreurs de l’ISTC, à bord du car de cette institution, ne savait pas qu’un incident survenu la veille dans la capitale ivoirienne, notamment au port, entre gendarmes et transporteurs étrangers allaient fortement perturber son parcours.

Alors que toutes les pensées étaient résolument tournées vers un retour imminent au pays natal après pratiquement deux semaines passées en terre étrangère, la délégation ivoirienne est subitement interceptée à la Frontière Burkinabè par une cohorte de syndicalistes surexcités, dénoncée par la plaque d’immatriculation gouvernementale du véhicule. Que se passe-t-il encore pour que des syndicats prennent d’assaut une zone institutionnelle afin d’empêcher la libre circulation des personnes et des biens au nez et à la barbe des forces de sécurité?

Le problème qui paraissait à première vue simple allait devenir beaucoup plus complexe au fur et à mesure que nous essayions de comprendre les préoccupations des dissidents. Ils devenaient de plus en plus excités et les inquiétudes commençaient à prendre forme sur les visages vu que la complicité avec les forces de sécurité en présence était avérée. Comment allions-nous sortir de ce bourbier. Pour les syndicalistes, il n’était pas question de nous laisser partir pour que nous soyons une monnaie d’échange; une prise d’otage en quelque sorte.

Mais que s’est-il passé à Abidjan pour qu’on en arrive-là? En effet, selon nos rois interlocuteurs, Sawadogo Alassane de l’OTRAF, Ouattara Youssouf et Ouedraogo Baba de l’UCRB, les gendarmes ivoiriens du Port Autonomes auraient battus à sang et sans motif, des chauffeurs de camions stationnés dans les environs du port. Pour les syndicalistes, c’est un abus d’autorité de trop.

 

« Nous payons 1000 frs pour stationner en attendant que nous camions n’accèdent au port pour être déchargés. Pendant ce temps, nous sommes à la mercie des voleurs et des grands bandits qui viennent nuitamment nous causer des dommages. C’est ce qui s’est passé le samedi où certains de nos camionneurs ont été victimes de vol. Contre toute entente, le lendemain nous sommes violemment pris à partie par les gendarmes ivoiriens. Le bilan est lourd. Une vingtaine de blessés graves. Nous avons toujours demandé aux autorités ivoiriennes de nous trouver un site de stationnement pour éviter les vols et l’anarchie. Mais elles ont jamais pu s’exécuter. Nous travaillons dans des conditions très difficiles avec tous les rackets et les tracasseries routières dont sommes l’objet. On nous avait promis la fin du racket que non. Aujourd’hui il est devenu plus impressionnant qu’avant. Si la Côte d’ivoire ne veut plus d’échanges économiques avec les autres pays, qu’elle le disent parce que trop c’est trop. La frontière restera fermée tant les autorités ivoiriennes ne trouvent de solution à nos revendications, c’est-à-dire, nous trouver un site de stationnement et mettre fin aux rackets et tracasseries routières de tous ordres », martèlent-ils en chœur.

L’ampleur de la situation est réelle surtout quand il s’agit de syndicat, un secteur difficile à organiser et parfois reconnu pour son extrême violence. Selon eux, le car de l’ISTC et ses passagers tombent à point nommé pour l’aboutissement de leurs doléances. Y a-t-il situation plus grave que de se trouver entre les griffes de telles gens? Les esprits s’échauffaient et le risque de voir notre car brûlé torturait secrètement nos pensées. Il fallait très vite réagir car le temps pouvait jouer contre nous.

C’est alors que nous eûmes une géniale idée. Nous avions des journalistes parmi nous et cela suffisait. Nous leur proposâmes de porter leurs revendications aux autorités d’Abidjan au travers de nos instruments de travail: les caméras. Rapidement, ils adhérèrent et les caméras avec les micros sont très vite dressés. Ils se déchargèrent jusqu’à satiété sur les gendarmes et les autorités ivoiriennes. Nous croyions avoir réussi mais c’était sans compter sur la témérité des revendicateurs. « Ce qui est sûr, même après tout ça, il faut qu’ils restent avec nous jusqu’à ce qu’un ministre vienne ici pour négocier leur libération », ordonnent-ils.

 

Comme plus haut expliqué, nous étions pour eux une garantie certaine voire une proie qu’il ne fallait pas lâcher. Le Secrétaire Général de l’OJPCI, Léon SAKI, membre de la délégation ivoirienne qui avait réalisé les interviews des trois syndicalistes revint à la charge:« Nous avons enregistré vos revendications qui sont toutes fondées. Nous avons filmé les camions parqués ici à la frontière qui sont la preuve de votre engagement inflexible et le succès de votre action. Mais comment pouvons nous filmer les autres canions parqués sur le chemin jusqu’à Yamoussoukro et transmettre vos revendications dans les médias si nous restons bloqués ici? ». C’est suite à cette intervention qu’ils réalisèrent qu’il était important pour eux de nous laisser partir.

Si le fait de procéder délibérément à la fermeture de la frontière est un acte illégal et très grave dans le cadre diplomatique et institutionnel, il faut tout de même reconnaître la justesse de leurs revendications et à quel point nos Etats manquent de rigueur et d’organisation. Si nous avons pu passer le corridor, que deviennet les autres bloqués depuis plusieurs jours?

afriquematin

 

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