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Le Gipc-Bénin fait de graves révélations sur Ajavon au president Talon

Sebastien Ajavon

Après leur marche du jeudi 21 juillet, 24 importateurs membres du Groupement des Importateurs de Produits Congelés au Bénin (Gipc-Benin) dénoncent dans une lettre adressée au Président Talon, des méthodes pas catholiques de Sébastien Ajavon, président du groupe Cajaf-Comon, pour engranger des milliards de bénéfice au détriment de l’Etat béninois avec l’ambition d’écraser des milliers d’autres Béninois qui vivent de ce secteur. Lire l’intégralité de la lettre ouverte parvenue à La Nouvelle Tribune.

A son excellence, Monsieur le Président de la République,

Il est une réalité au Bénin que le secteur des produits congelés (surgelés) est l’un des plus gros pourvoyeurs des recettes douanières au Bénin. Ce secteur est dominé nettement depuis plusieurs années par le groupe CAJAF COMON qui détiendrait près de 50% de part de marché. Outre les difficultés traditionnelles liées aux fermetures des frontières avec le Nigéria voisin et aux fluctuations de la devise nigériane (le Naïra) qui perturbent de temps en temps notre secteur, le leader de notre profession n’a cessé de clamer sa volonté de voir disparaître tous ses concurrents, même de taille non négligeable. Son arme de prédilection, le prix de vente ! Au fil des ans, certaines entreprises étouffées par une certaine concurrence farouche, déloyale et sans pareille suffoquaient et disparaissaient. Les autres survivants devaient bien se tenir et se demandaient bien qui seraient le prochain. Ainsi était la vie dans le monde des congelés au Bénin. On critiquait, On s’indignait mais face à la robustesse de l’adversaire, on devait vite se ranger et pleurer en silence. Fort heureusement, l’attrait de notre secteur d’activité était tel que de nouvelles autres entreprises naissaient et faisaient leur bonhomme de chemin.

Mais un jour, Monsieur Sébastien AJAVON, président du Groupe CAJAF COMON, président du patronat du Bénin, nous invita à une réunion. C’était le 10 décembre 2012 ! A notre grande surprise, sur une soixantaine d’importateurs de produits congelés opérant encore dans notre secteur à l’époque, nous n’étions que douze importateurs invités.

C’est alors que le Président du patronat, président du groupe CAJAF COMON, dans un style magistral voire théâtral, après nous avoir dit tout le mal qu’il pensait du Programme de Vérification des Importations (PVI) nous annonçait que pour éviter les pièges liés au PVI, l’Etat Béninois voulait mettre en place des Licences Economique d’Importation et que pour en bénéficier il fallait déposer trois milliards de francs CFA cash en espèce en caution à l’Etat et qu’en retour, on serait à l’abri de tous contrôles des impôts pendant cinq années. Le plus surprenant de tout cela, était que des choix avaient été déjà faits à l’avance et il ne pouvait pas avoir plus de trois importateurs dans notre secteur. Donc, on nous annonce que les nominés étaient CAJAF COMON, à tout seigneur tout honneur, puis CDPA (Comptoir de Distribution de Produits Alimentaire) et enfin, pour les dix autres sociétés que nous étions, un lot de consolation nous était toutefois réservé : il fallait nous constituer en un GIE afin d’obtenir une licence au nom du groupement. Le cas échéant, nous devrions devenir leurs clients. A la sortie de cette vaste plaisanterie de mauvais goût, nous pourrions dire adieu à toutes nos années d’indépendance économique, licencier nos personnels et quid de nos engagements ?

 

Monsieur Sébastien Ajavon venait par là-même de prouver très clairement, ce que nous avons toujours entendu dans les couloirs, c’est-à-dire la mort programmée de toutes nos structures afin d’asseoir le monopole dont il a toujours rêvé ! Ainsi, l’intention était claire et sans appels. Monsieur AJAVON Sébastien venait d’échouer dans sa tentative de nous faire signer adhérer à son idée de délivrance des licences avant d’importer. Il se serait alors juré d’y parvenir tôt au tard. C’est ainsi qu’au lendemain de cette réunion est né le Groupement des Importateurs de Produits Congelés au Bénin (GIPC-BENIN) qui compte aujourd’hui 24 membres.

Sociétés en grande détresse financière

Excellence, Monsieur le Président, le GIPC-BENIN s’est assigné comme mission première de combattre le hold-up économique programmé dans notre secteur d’activité et donc de veiller à la survie de nos sociétés. Les membres de mon association et moi-même, sommes plus que jamais prêts pour finir résolument avec les politiques de DEUX POIDS DEUX MESURES qui ont trop longtemps eu droit de cité dans notre cher pays à tous, avec son flot constant de drames sociaux. Nous militons pour que règne désormais dans notre pays un climat de totale transparence dans le traitement et le paiement des droits douaniers, impôts et autres taxes.

Excellence, Monsieur le Président de la République, désormais réunis pour une même cause, et ne pouvant plus résister aux baisses successives des prix pratiqués sur notre marché par le groupe CAJAF COMAN, nous avons entrepris de faire nos propres investigations. C’est ainsi que nos recherches près de l’administration douanière nous ont amené sur la piste des « mesures d’incitation à la performance » de l’administration douanière. Pour cette dernière, le but visé serait de favoriser et d’encourager les importations. Ainsi, sous le couvert de cet accord, la société CAJAF COMAN bénéficiait de 25% de réductions des droits. En clair, sur un container reefer 40’ de 25 tonnes par exemple, alors que nos sociétés payaient à l’administration douanière 7 510 798 F CFA, la société CAJAF COMAN, elle, n’en payait que 5 633 098F CFA. Cette différence de près de 2 millions de nos francs par container sur les droits de douane était alors utilisée pour baisser les prix de façon fantaisistes et dramatiques sur le marché et contraindre ainsi nos sociétés à vendre en dessous de nos prix de revient. Dans un climat de morosité économique générale sous fond de crise économique mondiale, voilà comment Excellence, Monsieur le Président de la République, les membres du GIPC-BENIN se retrouvent à la fin de l’exercice 2015 par exemple à plus de 20 milliards de perte, que nos sociétés sont en grande difficulté financière pour honorer leur engagement tant au niveau des banques que des fournisseurs et que plus de 3 000 emplois sont menacés d’être détruits avec toutes les conséquences sociales au niveau de chacune des familles concernées. Et pourtant, malgré les difficultés et une baisse d’activité générale, nos entreprises réunies ont réalisé plus de 100 milliards de F CFA de chiffres d’affaires en 2015. Devant une telle brimade, nous avons alors entrepris une action en justice et cette affaire est pendante devant le greffe du tribunal de commerce de Cotonou.

 

Par ailleurs, nous avons entrepris de rencontrer les personnalités des différentes institutions de notre pays à divers niveaux afin de nous faire entendre. C’est ainsi que nous avons pu rencontrer successivement :

22/09/15 : Administration douanière

21/10/15 : Rencontre Président CCIB

03/11/15 : Primature (Directeur Technique)

04/11/15 : Rencontre Conseil Economique et Social (CES)

04/11/15 : Directeur Cabinet Ministre des Finances

10/11/15 : Ministère du Commerce (Directeur du Commerce Extérieur)

13/11/15 : Rencontre Ministre de l’Economie et des Finances (Fin mesures dites incitatives)

23/11/15 : Ministre MCRI

09/12/15 : Ministère de l’Economie Maritime (Secrétaire Général et le Directeur de Cabinet)

15/01/16 : Rencontre Administration Douanière

20/01/16 : Rencontre Recette Douane Port

22/01/16 : Rencontre CCIB

26/01/16 : Direction de l’Elevage

27/01/16 : Rencontre Conseil Economique et Social (CES)

01/02/16 : Rencontre 1er Ministre (Secteur privé)

09/02/16 : Rencontre Douane et Ministère des Finances

11/02/16 : Rencontre avec le Directeur Général Port

13/02/16 : Rencontre avec son Excellence, le Président YAYI Boni

15/02/16 : Rencontre Direction Générale des Impôts (DG)

30/05/16 : Ministre des Finances (Direction Technique)

01/06/16 : Rencontre avec son Excellence, le Président TALON Patrice

03/06/16 : Direction Centrale des Régies Financières et les Impôts

24/06/2016 : Recette Douane

De toutes ces différentes rencontres, Excellence Monsieur le Président de la République, notre unique satisfaction à ce jour reste l’annulation par l’administration douanière des faveurs accordées à la société CAJAF COMON. A ce sujet, des rumeurs persistantes et inquiétantes font état de ce que la société CAJAF COMON continuerait toujours à bénéficier de ces dispositions. Nous voudrions alors que toute la lumière soit faite à ce sujet. A ce jour, aucune autre mesure n’a encore été prise en vue d’accompagner nos sociétés en grande détresse financière afin qu’elles ne mettent la clé sous le paillasson.

Cajaf Comon n’est pas à son premier coup

Et pourtant, l’une des premières mesures urgentes que nous avons pu négocier et obtenu, y compris pour le compte de la société CAJAF COMON est la diminution par la douane des valeurs consensuelles. Nous sommes surpris que ladite société s’oppose à l’administration douanière au prétexte qu’elle détient beaucoup de stock en entrepôt alors que nous aussi, avons nos stocks dédouanés avec la même valeur. La contestation est d’autant plus troublante quand on sait que cette société payait pendant longtemps une douane beaucoup moins élevée que ses concurrents sans que ceci ne la dérange ? Et la-voilà à présent qui revendique une égalité des traitements !

Ce qui est certain, c’est que la société CAJAF COMON n’est pas à son premier coup avec l’administration fiscale. Il n’y a pas si longtemps de cela, le peuple béninois avait été témoins de la brouille entre l’administration fiscale et la société CAJAF COMON. Cette dernière, après avoir réglé la TVA sur ces importations comme tous les membres de notre secteur d’activité, devait se faire rembourser en fin d’année la TVA (18%) sur l’ensemble de ces importations en direction du Nigéria au prétexte que ces volailles à elles étaient vendues à des Nigérians alors que nous tous, vendions sur le même marché et partageons la même clientèle. Ainsi, plusieurs milliards de francs CFA lui étaient décaissés des comptes du trésor public et entraient injustement chaque année dans les comptes de la société CAJAF COMON, alors même que nous autres n’avions droit à rien. Encore une pratique de concurrence déloyale dont elle a bénéficié de très nombreuses années. Et ces manœuvres ne s’arrêtent pas qu’au secteur des produits congelés. De nombreux acteurs du secteur de l’huile végétale ont manifesté et obtenu il y a quelques années la suppression d’une autre manœuvre de la même société. Cette fois, il s’agissait aussi d’un accord obtenu avec l’administration douanière qui permettait à la société CAJAF COMON de bénéficier d’un..

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