Kamal Alawo Adjayi, maire de la commune du Golfe 3 de Lomé, au Togo, fait la manchette du dernier numéro du magazine Esprit. L’homme y décline sa gestion de la collectivité basée sur la stratégie fondée sur le triptyque « Environnement, jeunesse et émergence économique ». Mais également d’autres éléments tels que l’engagement et la passion de servir avec détermination
Il a une vision claire de sa politique environnementale. Pour le maire Kamal Alawo du Golfe 3 à Lomé, s’engager autour d’une cause comme l’environnement relève du naturel et d’un mode de vie. « Nous devons profiter des biens de ce bas monde de manière responsable et nous efforcer de transmettre un monde sain aux générations futures», exhorte-t-il. Par ailleurs, il invite les Africains à être plus présents dans ces discussions sérieuses de notre ère dont l’objet, heureusement ou malheureusement, n’épargne aucun pays du monde. A l’en croire, c’est le seul sujet équitable de notre époque car l’humanité dans sa globalité est menacée même si certains sont moins impactés que d’autres.
Toutefois, sur la question de l’industrialisation et de la pollution qui en découle, il fait remarquer l’exposition au taux de chômage élevé. La solution ? Une industrialisation massive. La conséquence ? Un accroissement des émissions carbones. « L’Afrique regorge, en attendant, de grandes zones d’atténuation et constitue un poumon vert dont la préservation nécessiterait une compensation financière indispensable pour créer des emplois verts et durablesPour nous, si le défi est double, nous devons trouver le moyen d’arrimer emploi et climat, car comme on dit chez moi, il ne faudrait pas que la faim nous tue avant que les océans engloutissent nos cadavres», conseille-t-il.Au chapitre de la jeunesse africaine, il croit fortement en elle et en ses talents multiples. « Sans vouloir créer de polémique, je voudrais faire un parallèle avec la traite des Noirs qui pour moi ne doit plus être une considération ankylosante de notre époque. Donc je peux en parler librement. Je crois que nous devons toujours nous projeter vers l’avenir en évitant simplement les erreurs du passé», indique-t-il. A son dire, la plus grande richesse de l’Afrique est sa jeunesse. Si elle est exploitée à bon escient en mettant la priorité sur la formation, ajoute-t-il, il n’en sortira que du bon et elle sera créatrice de valeur ajoutée. C’est pourquoi il se désole de voir les phénomènes de migration dans les conditions « que nous connaissons, juste par manque d’opportunités». « Or la disponibilité de bras valides et d’une main-d’œuvre abondante et qualitative sont les ingrédients de base de tout développement», fait-il remarquer.
Pour lui, l’accent doit être mis sur une formation très technique et novatrice axée sur les besoins réels du marché, et avant tout du marché africain. Des résultats plus intéressants peuvent être obtenus, pense-t-il, en « nous impliquant avec plus de pugnacité». « Nous sommes un vaste marché de consommation, nous devons pouvoir créer des chaines de valeurs au sein de nos économies avant d’envisager un rayonnement mondial. D’où la question de mieux penser la zone de libre-échange continental. De manière plus globale, nous jeunes Africains devrons prendre goût aux responsabilités. Être jeune voudrait dire que l’on peut recommencer à tout moment sans trop de casse. Nous devons mettre à profit cette force pour explorer tous les sentiers. Nous devons toujours nous inscrire dans la continuité de nos ainés en retenant que chaque époque a son combat et que le nôtre doit être de porter ce continent plus loin que nos précurseurs», renchérit-il.
Pour clore cette parenthèse, il fait remarquer la chance de nos jours d’accéder à l’information et à la connaissance de manière plus démocratique et instantanée. « Nous devons être curieux, chercher à toujours mieux faire. Que l’on ait étudié à Washington, au Luxembourg ou à Paris, nous sommes redevables à nos pays et devons toujours être prêts à contribuer à leur émergence», insiste-t-il.
Quant au volet de l’émergence économique, il dit être un grand défenseur de l’industrialisation au détriment des microprogrammes d’autonomisation et d’entrepreneuriat. « Bien que je comprenne que la débrouille et le micro-entrepreneuriat font partie de nos gènes, j’épouse le vœu pieux de voir fleurir de manière exponentielle de grands capitaines d’industrie sur le continent. Pour moi, toute personne a la faculté de gagner un salaire, mais pas de prendre le risque d’entreprendre comme cela se doit», explqiue-t-il.
Avec le fort taux de chômage en Afrique, poursuit-il, il serait opportun de privilégier les solutions d’emploi de masse et faciliter l’accès aux ressources à ceux qui ont le savoir-faire pour entreprendre. « Le secteur privé doit être le moteur de notre développement et le secteur public doit tout faire pour favoriser son éclosion en améliorant le climat des affaires, les équipements, les infrastructures et supports techniques nécessaires, en fournissant de la main-d’œuvre qualifiée et adaptée aux besoins, en développant si besoin est un protectionnisme axé sur l’amélioration constante de la qualité», conclut-il.