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Mali : voici l’identité du soldat français tué hier par un groupe djihadistes

En juin 2019, le caporal chef Blasco, décédé en mission au Mali vendredi, avait participé au sauvetage des pilotes de son hélicoptère Gazelle.

Il est 5 heures du matin le 14 juin 2019, sur une base militaire française près de Gao au Mali, quand un équipage de trois soldats prend place à bord d’un hélicoptère Gazelle pour s’envoler au-dessus du désert. Les deux pilotes, Kevin et Adrien, partent prêter main-forte à leurs frères d’armes engagés depuis plusieurs heures dans une opération contre des terroristes. À l’arrière de l’appareil, le tireur d’élite Maxime Blasco, décédé ce vendredi lors d’une opération commando, s’installe. C’est la quatrième fois qu’il est projeté sur le déploiement militaire Barkhane au Mali depuis qu’il s’est engagé en 2012. Ce que ne sait pas encore ce chasseur alpin alors âgé de 32 ans, c’est qu’il s’apprête à sauver la vie de ses coéquipiers.

Dans la nuit calme, le Gazelle s’approche de la zone boisée où se déroule l’opération Aconit. « Max » arme son fusil à lunettes. Mais il n’a pas le temps de tirer, l’hélicoptère essuie des tirs ennemis. L’appareil est touché et fonce droit vers le sol. « Quand on commence à s’approcher du sol, je rentre les jambes dedans et je commence à m’accrocher au siège du chef de bord. En me serrant le plus fort possible. En me disant que de toute manière ça va être l’impact assuré », raconte-t-il à une journaliste de France 2 qui l’interrogeait un an plus tard. Le jeune homme reconnaît avoir ressenti « de l’impuissance » : « J’ai accepté, je me disais De toute façon, ça se finit aujourd’hui », témoigne-t-il le bas du visage recouvert d’un masque couleur camel qui laisse apparaître son regard souriant. Plus loin dans l’interview, il ironise même : « C’est la fin de ma courte vie ».

Retour au désert. Le Gazelle est au sol, Kevin et Adrien, les pilotes, sont gravement blessés. Maxime Blasco, qui a été éjecté, un peu moins. Il faut sortir les soldats de l’appareil qui peut exploser à tout moment. « La douleur a envahi mon corps. Je ne me sentais pas prêt à bouger mais rapidement en voyant les flammes, j’ai compris que si je restais là, c’était fini », sourit le jeune homme qui évoque « un miracle ».

« C’est à ce moment-là que j’ai presque eu le plus peur »
Plutôt que de s’éloigner pour se mettre à l’abri, « Max » revient et agrippe Adrien qu’il traîne sur plusieurs dizaines de mètres. Dans le même temps, Kevin se roule dans la poussière pour se mettre à couvert tandis que l’équipage d’un hélicoptère Tigre décide d’aller chercher les blessés, qui risquent d’être abattus par les terroristes.

Sur le Tigre, Kevin, en partie « sécurisé » par une sangle, prend place contre la carlingue. Mais « Adrien et Max se tiennent à la force de leurs bras » au train d’atterrissage, raconte le pilote du Tigre, qui redécolle moins de six minutes après le crash du Gazelle. L’action, confirment les soldats, n’a jamais été effectuée, ni en entraînement, ni au combat. « C’est à ce moment-là que j’ai presque eu le plus peur. Je me suis dit On est en train de faire quelque chose d’improbable. C’est une scène de film d’action ! », plaisante un an plus tard Maxime Blasco, alors qu’il est en entraînement à Chambéry avant un nouveau départ pour le Mali.

« Son action permettra le sauvetage et la survie de l’équipage de l’hélicoptère », écrit la Défense dans la fiche nécrologique du jeune homme. Blessé au dos, souffrant de multiples fractures vertébrales, le jeune soldat est rapatrié en France le 18 juin 2019.

S’il a été décoré de la croix de la Valeur militaire avec étoile de Vermeil puis de la Médaille Militaire des mains du Président de la République, Maxime Blasco ne se considérait pas comme un héros. « J’ai fait une action comme ça (…) Je ne vois pas vraiment de héros (…) Je trouve le terme un peu fort, confie-t-il à France 2. C’était une action collective. »

« Je m’étais toujours juré que le jour où il m’arriverait un accident de mission, j’arrêterais mon travail »
L’imminence de la mort n’a pas échaudé pour autant le jeune homme qui arborait un crâne masqué tatoué sur la main. « Je m’étais toujours juré que le jour où il m’arriverait un accident de mission, j’arrêterais mon travail. Et finalement je vois qu’en fait, ce métier, c’est une passion. C’est un peu une drogue. L’esprit de camaraderie, l’action, l’adrénaline. La sensation de servir à quelque chose. Ça a pris le dessus sur mon accident »

À bientôt 35 ans, le caporal-chef Maxime Blasco du 7e bataillon de chasseurs alpins de Varces (Isère), reconnu pour « sa précision » et son « sang-froid », a été mortellement touché vendredi par un tireur embusqué lors d’une opération de reconnaissance dans la région de Gossi, à proximité de la frontière entre le Mali et le Burkina Faso.

Le parisien

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