A Anoumabo, village de la commune de Marcory, la chefferie traditionnelle mène une lutte sans pitié contre les boissons énergisantes et euphorisantes. Elle a interdit la vente du fameux «Vody» sur le territoire du village, depuis mai 2023.
Cette décision a été prise en vue de juguler les nombreux incidents déplorables liés à la consommation de cette boisson.
Au dire de Danho Pacôme, notable et secrétaire général de la chefferie d’Anoumabo, les jeunes se livrent, après sa consommation, à des bagarres interminables et à des actes de vandalisme. Et à chaque fois, précise-t-il, ces cannettes sont retrouvées sur les belligérants.
Pour réussir « cette guerre », la chefferie a, lors d’une rencontre, mis en garde les responsables de maquis, les propriétaires de dépôts de boissons et les vendeurs contre la vente du produit incriminé.
Des contrôles sont effectués régulièrement. Ceux qui enfreignent cette règle risquent une amende de 500 000 FCfa.
Certains commerçants ont compris l’intérêt de cette décision et y adhèrent. C’est le cas d’Ella C., une commerçante de boissons. Elle évite de vendre ce type de boissonS qui détruit la jeunesse. «C’est une sage décision. Il y va du bien-être de nos frères et de nos enfants», a-t-elle avancé.
Quant à Béatrice K., elle a décidé de ne plus vendre cette boisson, par peur des représailles des autorités coutumières. « Mon mari m’a défendu de vendre cette cannette alcoolisée. Et franchement, avec les contrôles villageois et municipaux, je ne veux pas payer d’amende », dit-elle.
Des contrevenants
Malgré ces mesures strictes, d’autres consommateurs trouvent des astuces pour s’en procurer, en contournant la mesure d’interdiction en vigueur.
Des jeunes, dont l’âge varie de 15 à 18 ans, utilisent des codes pour acheter cette boisson énergisante. Séraphin D., un habitant d’Anoumabo, explique le stratagème. Le client feint de demander une boisson qui, en réalité, n’est pas vendue par le commerçant. Tout de suite, ce dernier comprend qu’il s’agit de Vody.
Dès que sa cannette de Vody lui est servie, il la renverse dans une cannette vite de Cody’S energy, avant de la consommer en toute ‘’sécurité’’.
Certains consommateurs transvasent la boisson dans une bouteille en plastique. Quant à la vendeuse, pour passer entre les mailles du filet, elle demande aux jeunes acheteurs de s’éloigner immédiatement de son commerce.
Une vendeuse nommée Aya T. tient une buvette dans le village, depuis plusieurs années. Elle offre à sa clientèle une panoplie de boissons.
En bouteille et en sachet, chacun en a pour son compte et son portefeuille. Mais la responsable de cette buvette est un peu inquiète, depuis l’entrée en vigueur de la décision de la chefferie interdisant la commercialisation de Vody. Pour satisfaire sa clientèle, elle use d’astuces.
Si elle n’expose plus cette boisson, Aya T. la dissimule dans un seau recouvert avec un peu de glace. Dans un langage que seuls les initiés connaissent, elle sort la cannette et l’emballe soigneusement dans du papier pour ne pas attirer l’attention des gens.
Une autre vendeuse cache la boisson dans un sachet plastique noir, avant de la proposer. Une autre encore soutient que malgré cette interdiction, elle écoule sa marchandise en toute discrétion, en prenant d’énormes précautions.