04202024Headline:

Nouveau Sommet Afrique-France !

La nouveauté à ce Sommet France-Afrique est que la France a fait le choix de représentants de la société civile africaine comme principaux interlocuteurs. En lieu et place de la rencontre classique avec des pairs Chefs d’Etat africains accompagnés de leurs délégations de personnes ressources souvent béni oui oui.
On peut alors se hasarder à soutenir que la France désirerait un nouveau partenariat avec l’Afrique. A travers cette innovation signée Emmanuel Macron, la France envoie ainsi un message à ses chers amis africains qu’elle vise désormais une consolidation des relations au biberon.
En faisant le choix d’échanger principalement avec des jeunes leaders triés à la volée selon des critères d’une grille de profils que les services d’organes français ont minutieusement élaborés, la France voudrait policer son image écorchée et salie dans l’opinion civile africaine notamment dans les contrées francophones dont les Chefs d’Etat ont dans la plupart des cas été aidés à prendre et conserver le pouvoir par les jeux de Paris.
La nouvelle configuration du Sommet France-Afrique a donc le mérite de laisser librement s’exprimer des jeunes et des femmes sur le comment souhaiteraient-ils voir mener la relation bilatérale entre la France et leurs pays respectifs. “C’est une avancée”, reprendront en chœur les nouveaux privilégiés, nos fiers nouveaux leaders africains qui peuvent désormais s’enorgueillir d’avoir été face à Emmanuel Macron dans les mêmes salles… Au delà des solfies des phones smart de nos chers représentants et des images plans serrés et larges montrant leur proximité avec le prestigieux hôte, que devons-nous retenir de cette autre parade pour la France de faire le gentil de façade?
De De Gaulle à Emmanuel Macron, en passant par Georges Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing, François Mitterrand, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande, qu’est ce qui a véritablement changé après plusieurs décennies de coopération privilégiée avec les Etats Africains ? Où trouver le rapport bilan des précédents sommets France Afrique que les meilleurs organes et institutions de collecte de données, de sondages et de statistiques ont produit et qui sert sans doute d’orientation pour de nouveaux exploits en Afrique? Et quel est ce seul point de ce rapport qui montre le bénéfice pour l’Afrique de ces longues années de coopération ?
Depuis les indépendances “chachacha” octroyées à ses anciennes colonies, la France n’a jamais vraiment voulu lever le pieds sur le continent africain. Elle a toujours cherché et réussi à contrôler l’exécutif des Etats Africains en lançant par des remplacements basket de citoyens africains. Sur le chantage prétexte d’une présence pour aider les “amis” africains à solutionner des maux comme la pauvreté, les guerres et conflits et maintenant le terrorisme, la France a maintenu actifs les accords et traités secrets signés dans l’effervescence des indépendances à venir suite à la Conférence de Brazzaville.
Face donc à une nouvelle conscience africaine qui monte et ses désirs visibles d’amener leurs dirigeants à explorer d’autres cieux en terme de partenariat, observant avec nervosité le rapprochement de la Russie voulu par de nouveaux hommes forts dans certains pays, le président français, Emmanuel Macron, bien futé, prend cette initiative pour tenter de montrer une image d’une France gentille, désirant avec les Etats africains un débat ouvert, franc mais dont les petits mots-clefs trahissent le réel schéma caché de la France à privilégier ses intérêts coûte que coûte. Au moment où se déroule ce sommet, croyez-moi, les téléphones de nos Chefs d’Etat Africains, non invités officiellement cette fois-ci, n’ont pas cessé de crépiter.
L’innovation apportée par le jeune Macron, recevant des amis de génération venus d’Afrique, leaders supposés d’une Afrique des valeurs, selon la France, a le mérite de permettre à nos chers représentants de renforcer leur carnet d’adresses et asseoir un réseautage pour des futurs projets non gênants. Au-delà de ces vacances de travail à Montpellier pour nos chers “élus”, que doit-on pertinemment retenir de cet énième sommet? A-t-il pu donner des réponses aux grandes questions existentielles ?
1- Quand la France envisage-t-elle de laisser ses chers amis africains décider eux-mêmes leurs choix d’interlocuteurs pour des partenariats véritablement gagnant-gagnant?
2- La France est-elle enfin prête à rendre à ses alliés francophones en Afrique leur souveraineté monétaire par une suppression pure et simple du FCFA et son corollaire de plombs du système financier et des méthodes de transactions dans ces pays ?
Sur la simple question du tripatouillage des Constitutions par certains dirigeants pour s’autoriser des mandats supplémentaires après ceux prévus, Emmanuel Macron n’a pas les mêmes réponses pour des situations quasi-identiques d’un pays à l’autre. A propos de la Côte d’Ivoire, il infantilise en évoquant le décès subit du dauphin comme une circonstance exceptionnelle imprévue pouvant autoriser le Président Ouattara à s’offrir un 3eme mandat. Son interlocuteur du jour, déjà briefé certainement, n’a même pas pu placer un mot suite à cette plaisanterie de mauvais goût…
Je fais partie en effet de ceux qui n’estiment pas la France responsable des maux en Afrique. Même s’il faut bien admettre qu’elle n’est pas vraiment loin des causes exogènes des malheurs en Afrique. Un Etat sérieux cherche toujours de nouveaux eldorados à trouver des opportunités pouvant aider à régler les besoins de ses populations à lui. Il ne devrait donc pas avoir selon moi des pleurniches. C’est aux Africains eux-mêmes de couper le nombrilisme avec la France si ils le désirent vraiment. Mais en attendant que ce beau rêve ne se réalise, jalousons le séjour tout frais payé de nos porte-paroles à Montpellier. Ça donne vraiment envie !

Peut être une image de texte qui dit ’Bienvenue au Nouveau lommet Afrique France 7-9 octobre 2021 Nouveau AFRIO Sommet FRAN FR’


Hermann Aboa

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