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RDC: Un réseau international de recrutement de combattants envoyés dans le territoire de Beni.

Les troupes de la Monusco lors d’une opération dans le territoire de Beni, en octobre 2017.

A la veille des élections en République démocratique du Congo, le groupe d’experts des Nations unies a rendu son rapport de mi-mandat. Ils annoncent notamment avoir découvert un réseau international de recrutement de combattants envoyés dans le territoire de Beni, où au moins 200 civils ont été tués entre début 2018 et le début du mois de novembre. Ils expliquent aussi avoir appris la livraison de matériel militaire au gouvernement ces derniers mois, sans que l’ONU ait été préalablement informée.

Les experts des Nations unies ont découvert l’existence d’un réseau de recrutement, mais ne savent pas encore pour quel groupe armé exactement. Deux membres de ce réseau arrêtés par les militaires et interrogés par l’ONU en octobre dernier parlent du groupe rebelle ougandais des ADF. Les experts ont remarqué des similitudes dans le recrutement avec les méthodes des ADF même si huit autres jeunes interrogés ont dit ne pas savoir pour qui ils travaillaient.

Le rapport précise que plusieurs recrues ne savaient même pas qu’elles allaient intégrer un groupe armé. Ces jeunes assurent avoir été attirés par la promesse d’un travail dans le commerce de l’or ou la possibilité d’étudier à l’étranger.

Selon les Nations unies, ce réseau dispose de ramifications en Afrique du Sud, en Tanzanie et au Burundi, où des cellules facilitent le transport des recrues vers le territoire de Beni, en passant par le Burundi et le Rwanda.

Les jeunes recrues sont suivies tout au long du parcours, accueillies par des responsables du réseau dans les villes qu’elles traversent comme Goma ou Bukavu. Plusieurs jeunes combattants ont raconté qu’à Uvira, leurs papiers d’identité ont été confisqués et qu’on leur a donné de fausses cartes électorales congolaises pour faciliter leur déplacement vers Beni. Selon les témoignages recueillis par les experts de l’ONU, l’employé de la Commission électorale qui se chargeait de l’opération a reçu 30 dollars par fausse carte électorale.

Des livraisons d’armes non signalées

L’embargo sur les armes, mis en place après la fin de la deuxième guerre du Congo il y a quinze ans, ne concerne plus que les groupes armés depuis 2008, mais en principe, le gouvernement doit tout de même signaler ses achats aux Nations unies.

Or dans son dernier rapport, le groupe d’experts sur la République démocratique du Congo dresse la liste d’un certain nombre de livraisons dont il n’avait pas été informé à l’avance.

Selon les experts, le gouvernement n’a pas signalé la réception de balles en caoutchouc, fabriquées en Suisse et arrivées d’Afrique du Sud entre décembre 2017 et janvier 2018.

Pas de notification non plus pour des casques, des bottes et des gilets pare-balles. Deux stocks ont été livrés, le premier en avril par une société basée en Nouvelle-Zélande, le second en octobre par une entreprise établie aux Emirats arabes unis. Les deux sociétés portent des noms similaires. Les Nations unies n’ont pas pu vérifier si elles appartenaient au même groupe, mais rappellent qu’il « existe de nombreuses entreprises portant le nom d’Eastpac, dont certaines domiciliées dans des endroits cultivant l’opacité ».

Enfin, en avril, le gouvernement de Kinshasa a reçu du matériel militaire de la compagnie chinoise Norinco, des caisses de fusils et des munitions d’armes automatiques, toujours sans en informer les Nations unies.

rfi

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