Le président turc Recep Tayyip Erdogan, le 3 juin 2023, à Ankara.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, le 3 juin 2023, à Ankara.© UMIT BEKTAS / REUTERS

L’autorité de régulation de l’audiovisuel turque (RTÜK), régulièrement pointée du doigt pour ses atteintes à la liberté d’expression, a publié un communiqué énumérant une série de « lignes rouges » pour les contenus diffusés sur internet. L’institution dénonce notamment les contenus « contre le président de la République », autrement dit, contre Recep Tayyip Erdogan.

Avec notre correspondante à Istanbul, Anne Andlauer

Le communiqué, parcouru de passages en caractères gras et en lettres capitales, est présenté comme une mise au point. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel turc y rappelle d’abord que sa mission de contrôle et de sanction s’étend aux contenus diffusés sur internet. Ce qui vaut pour les radios et télévisions vaut donc aussi pour les plateformes de vidéos à la demande ou les contenus vidéo de médias en ligne.

Le RTÜK trace plusieurs « lignes rouges » à ne pas franchir. Il interdit les contenus « nuisibles à l’institution familiale », qui « s’attaquent à nos valeurs morales et culturelles », ou encore qui « contiennent des relations perverses » – comprendre LGBT. Il bannit aussi « les programmes humoristiques qui insultent nos valeurs religieuses ».

Les critiques à l’encontre de Recep Tayyip Erdogan

Mais surtout, et c’est la première fois que cette ligne rouge est tracée si nettement, l’institution juge « inacceptables » les contenus « contre notre État, notre président et le fondateur de notre République, Mustafa Kemal Atatürk ». À en juger par cette formule, le Conseil supérieur de l’audiovisuel – que la loi turque décrite pourtant comme « autonome et impartial » – s’estime donc en droit de sanctionner toute critique à l’encontre de Recep Tayyip Erdogan, réélu fin mai pour un nouveau mandat de cinq ans après 20 ans au pouvoir.