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5 Jours après le décès de son mari N’goran Laloi: Allah Thérèse lance une menasse à Ouattara et à Bédié

Allah Thérèse ne veut plus continuer sans son mari et alter ego, N’goran Laloi
Deux jours après la mort de l’accordéoniste N’goran Laloi, L’inter a rencontré son épouse, la célèbre artiste chanteuse Allah Thérèse, à Konankokorékro, le village natal de son défunt mari, dans le département de Toumodi. Entretien, révélations, messages.

Votre compagnon de tous les jours, N’goran Laloi, s’en est allé. Pouvez-vous revenir sur les circonstances de sa mort?

(Après un long moment de silence) Je voudrais, moi également, à mon tour, vous remercier pour cette marque de sympathie et de compassion, en cette circonstance douloureuse pour moi particulièrement. Je pourrais dire que mon Laloi sentait sa fin venir. Sinon, il ne m’aurait pas éloignée. Laloi m’a laissée en voyage et il est parti me laissant toute seule sur cette terre. Nous sommes sur scène depuis 1960, pour ce qui concerne les sorties officielles. De commun accord, nous avions pris la décision de mettre fin à notre carrière musicale. C’est comme cela que nous sommes rentrés en studio en décembre 2017. Le samedi 12 mai 2018, veille de la mort de mon mari, je suis allée chercher les Cd à Abidjan. Je ne savais pas que je le voyais pour la dernière fois (Silence). A mon arrivée, j’ai trouvé l’atmosphère assez inhabituelle, presque tendue à la maison. J’ai donc demandé après mon mari avant même de m’asseoir. C’est là qu’ils m’ont dit qu’il avait piqué une crise. Pour ce faire, il avait été évacué dans une clinique à Yamoussoukro pour y recevoir des soins. Mais, ce qui m’a paru bizarre, c’est que pour un cas aussi grave, personne n’est resté à son chevet. Alors j’ai commencé à avoir des doutes. J’ai eu le pressentiment que l’on me cachait quelque chose. Tout de suite, j’ai demandé à y aller pour rester avec lui. Mais les parents m’ont plutôt demandé de m’asseoir, étant donné que je revenais d’un voyage, il fallait me reposer un peu. C’est ce qui s’est passé. C’est comme cela que j’ai appris que mon Laloi n’était plus de ce monde. La mort m’a volé mon Laloi. C’est comme si le ciel me tombait dessus. En tout cas j’ai perdu une partie de moi-même.

Pourtant, selon des sources, il se portait bien la veille de son décès….

C’est vrai qu’il avait des problèmes de santé, mais le jour où je le quittais, mon mari allait bien. En 2016, il avait été malade. C’était dû aux séquelles du tabagisme, puisqu’il fumait pendant sa jeunesse. Il a arrêté avec la cigarette en 1991, mais les séquelles sont apparues plus tard. Les médecins, après des examens, ont fait savoir que son poumon était atteint. C’est à Moronou, un village dans la sous-préfecture de Kpouébo, qu’il a été guéri définitivement. Ensuite, il y a deux mois, la santé avait pris un coup. Nous avions fait des examens dans une clinique à Yamoussoukro, et donc il prenait ses médicaments (elle montre les flacons et des ordonnances médicales déposés sur une petite table au salon). Il devait honorer un rendez-vous dans quelques jours, mais cela ne sera plus possible.

N’goran Laloi rappelé à Dieu, que devient Allah Thérèse?

N’goran Laloi, parti de cette façon, au moment où j’avais encore besoin de lui, je dis que c’est moi-même qui suis partie. Je perds tout, un compagnon de vie. Figurez-vous que notre histoire d’amour date de 1960, et même un peu plus avant cette date. Après tant d’années de vie ensemble, vous comprenez que je suis perdue complètement.

Comment vous avez rencontré l’homme de votre vie?

Notre histoire d’amour avec N’goran Laloi a commencé en 1953. A l’époque, j’étais à Gbofia, mon village. Mon mari, il est de Konankokorékro. Kouassi Bony, son oncle, vivait dans mon village. Lorsque son oncle est décédé, il est venu aux funérailles. Il conduisait un groupe de danse. En ce temps-là, il y avait une danse qu’on appelle Agbourô. A Konankokorékro, c’est Laloi qui animait cette danse, il était le lead vocal. Dans mon village, moi aussi j’animais la même danse. Tout comme lui, j’étais l’animatrice principale dans mon village. Et lors des funérailles du défunt oncle de mon mari, nous avons rivalisé de talents. C’est comme cela que je lui ai tapé dans l’oeil. Notre union est partie de là, jusqu’à ce jour où il n’est plus.

Comment a été votre vie de couple?

Cet homme était ma vie, tout pour moi. Je n’ai pas pu connaître la joie d’être mère, mais jamais il ne me l’a fait regretter. Mes enfants, c’était Laloi. Je lui dois la gloire que j’ai connue aussi bien en Côte d’Ivoire que dans le monde entier. N’goran parti, je ne pourrai plus jamais monter sur scène parce que, chaque fois que je le ferai, ce grand vide qu’il a laissé, je le sentirai toujours. Certes, nous avions pris la décision de mettre un terme à notre carrière musicale, mais maintenant, avec son départ pour l’au-delà, je crois que c’est définitif. La musique, c’est fini pour Allah Thérèse.

Pourquoi prendre sa retraite musicale avec un dernier album?

Quand vous avez fait une belle carrière dans la musique comme cela a été le cas pour nous, il faut rendre grâce à toutes ces personnes qui vous ont soutenus et à Dieu. Oui, le dernier album pour lequel nous étions en studio est intitulé “Benansoumoréahé”, qui veut dire en langue baoulé, «Nous avons tout eu». En d’autres termes, tout ce que nous avons fait nous a apporté bonheur. Je veux parler de notre carrière musicale. C’est un album en hommage au président de la République, Alassane Ouattara, et au président Henri Konan Bédié, pour toutes leurs actions en faveur de la paix et des Ivoiriens. Malheureusement, mon Laloi n’a ni vu, ni écouté la finition de sa propre production.

Quel bilan fait Allah Thérèse de sa carrière musicale, aujourd’hui?

En tout cas, ce couple de musiciens que nous avions formé a connu du succès et beaucoup de succès. Au-dela de ce succès dans la musique, nous avons bénéficié de plusieurs dons. Le président Houphouët-Boigny nous avait donné 48 hectares de forêt, que nous avions mis en valeur. Nous étions six membres de ce groupe. C’était au temps du ministre Christian Zagoté. Nous avons eu les honneurs, des décorations non pas à titre posthume, une maison offerte par le ministère de la Culture à Toumodi. En tout cas, la musique nous a tout donné. Donc il était temps de nous arrêter pour vivre pleinement notre vie de couple. Hélas, ce moment tant attendu, je le vivrai toute seule puisque l’autre a décidé de me précéder dans la tombe.

Cette maison de Toumodi, vous ne l’avez pas encore habitée, alors que cela fait plus de deux ans que la remise a été faite.

Il faut dire qu’au moment de la remise de la maison, elle n’était pas totalement achevée, parce qu’il y avait encore des travaux de finition à faire. Je me suis attelée à les faire. Aujourd’hui, ce qui coince encore, c’est l’électricité. Nous sommes dans un nouveau quartier et l’extension électrique n’est pas totale. Je voudrais saisir cette occasion pour demander aux autorités de Toumodi de me soutenir dans ce sens. Je tiens encore à remercier le président Alassane Ouattara et le ministre Bandaman Maurice pour ce grand geste. Seulement que mon cœur saigne encore plus parce que mon Laloi n’en bénéficie pas non plus. C’est injuste tout ce qui m’arrive en ce moment (Larmes aux yeux).

Avez-vous des mots pour vos admirateurs ?

Je ne saurai terminer sans réitérer mes remerciements à toute la famille, aux dirigeants de la Côte d’Ivoire, aux membres du gouvernement et aux Ivoiriens. Les hommes trouveront l’occasion pour aller informer les autorités. Pour ma part, j’émets le vœu de voir mon mari être conduit dignement à sa dernière demeure. Je le souhaite de tout mon coeur. Au président de la République, Alassane Ouattara, et au président Konan Bédié, je voudrais leur dire que je suis très fatiguée. Après les obsèques de mon défunt mari, qu’ils me soutiennent afin de bénéficier des soins appropriés. Sinon je risque de suivre mon Laloi plus tôt que prévu.

Réalisée à Konankokorékro par Gnandé TIA, Correspondant régional

 

 

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