04162024Headline:

André Silver Konan “Hier au palais de justice, j’ai eu vraiment pitié pour la Côte d’Ivoire !”

Hier mardi 14 février 2017, au Palais de justice du Plateau, où je m’étais rendu pour apporter mon soutien personnel aux journalistes injustement détenus ; j’ai eu pitié pour la Côte d’Ivoire. En effet, j’ai été témoin d’une scène hallucinante. Récit.

En milieu d’après-midi, l’avocat des journalistes est sorti de la salle d’audition et nous a rapporté qu’il avait été prié par le doyen des juges d’instruction, de sortir de ladite salle, sans aucun motif. Auparavant, l’un de ses clients avait déjà été entendu sans que personne ne veuille l’en informer.

Quand il a voulu suivre l’audition des autres clients, il a été gentiment prié de sortir. « J’ai présenté au juge d’instruction, ma lettre de constitution » mais rien n’y fit. Les journalistes ont donc été auditionnés sans la présence de leur avocat.

« Ce n’est plus du droit »

« Ce n’est plus du droit », a-t-il alors protesté. Vous rendez-vous compte ? Des magistrats ne tolèrent pas la présence d’un avocat, alors qu’ils auditionent des journalistes ! Ils savent pourtant que cette information sera livrée aux journalistes présents au Palais de justice, mais ils n’en ont cure.

Je n’ose pas imaginer les violations des droits des accusés et détenus ordinaires (j’en ai vu enchâinés les uns aux autres -des images de Kounta Kinté- se traîner de la salle d’audience au commissariat, sous le regard et le quolibet des spectateurs, en violation de leur droit à la dignité et à la présomption d’innocence).

Ceux qui n’ont aucune voix au chapitre et qui doivent accepter en silence, les frustrations les plus révoltantes de la part de leur propre justice.

« HIER, J’AI EU PITIÉ POUR LA CÔTE D’IVOIRE. PARCE QUE JE ME SUIS RENDU COMPTE QUE CE COMBAT POUR LE RESPECT DES DROITS ÉLÉMENTAIRES DES INDIVIDUS QUE NOUS MENONS DEPUIS DIX ANS, EH BIEN, C’EST UN COMBAT VAIN »

Hier, j’ai eu pitié pour la Côte d’Ivoire. Parce que je me suis rendu compte que ce combat pour le respect des droits élémentaires des individus (par exemple, les journalistes ont été convoqués, sur simple appel téléphonique, alors que la loi exige qu’ils y ait une convocation formelle, avec le motif de la convocation, bien lisible), que nous menons depuis dix ans, eh bien, c’est un combat vain, puisque ceux-mêmes qui sont les garants de l’équité ; sont les premiers à fouler aux pieds, les droits les plus élémentaires de leurs justiciables.

André Silver Konan

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