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Attécoubé/ Yacou « Le chinois”:Voici comment vivent sa femme et ses enfants

yacou

Une semaine après la mort de Coulibaly Yacouba dit Yacou « Le chinois », le samedi 20 février 2016, nous sommes allé nous replonger dans l’ambiance de son quartier, à Attécoubé, et voir l’état d’esprit de sa petite famille.

Abrasse, quartier tristement célèbre qui a offert un spectacle horrible en 2015 avec le lynchage d’un présumé chef de microbes. Depuis une semaine, les conversations tournent autour de la mort de Yacou « le Chinois », connu également sous le pseudonyme de « El capo », pour sa propension à la consommation de la drogue. Dans ce quartier aux habitations quelque peu insalubres, nous repérons le domicile de « El capo », là où il a passé pratiquement sa vie, avant son bail avec le milieu carcéral. « C’est notre vié père (aîné, grand frère ndlr). Nous étions fiers de lui car, il nous donnait des sous, sans que nous lui demandions forcément », explique l’un d’eux avec qui nous avons partagé les émotions de la disparition d’El capo. Il ne peut continuer la conversation, étreint par la grande émotion. Il écrase une larme. « Ils nous l’ont enlevé. Ce n’est pas normal », a lancé T. R. Quant à son compagnon qui présente l’aspect d’un animateur de fumoir, il explique que Yacou est téméraire. « Yacou est un homme courageux. Il va toujours au bout de ce qu’il entreprend. Mais bon, mais nous ne voulons plus qu’on parle de Yak (un autre surnom) », est­-il bref. Après une conversation d’une quinzaine de minutes, sans leur forcer la main, nous réussissons à obtenir d’eux la visite du domicile de Yacou, qui se trouve en face de l’arbuste sous lequel nous étions. « Les premiers jours (de la mort de Yacou « le chinois »), il y avait du monde, mais depuis quelques jours, on nous a dit que des policiers sont venus discrètement, donc les gens ont peur de venir », précise un d’entre eux. Le domicile n’est pas différent de ceux du bled. Couleur jaune rendue ocre poussiéreux par l’effet du temps, cette maison d’au moins une pièce, semble avoir perdu fraîchement une partie de son ameublement. Notre progression vers le domicile qui se présentait à nous à une vingtaine de mètres, a été vite stoppée par de folles rumeurs qui courent dans le quartier depuis : l’arrivée imminente des éléments de forces de l’ordre en civil dans le quartier. Il faut plier bagage ou s’éloigner d’environ cinq cents mètres.

Cagoulards

En dehors des policiers en civil, qui pourraient débarquer, il faut ajouter les frères d’arme, et certains compagnons proches de Yacou « Le Chinois », qui, de peur d’être reconnus, s’habillent en viennent en civil. En effet, trois minutes après notre arrivée à Abrasse, deux individus aux gabarits impressionnants, sont venu saluer leurs compagnons d’un jour. Les deux feraient partie intégrante des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci). Ils étaient là officiellement pour s’enquérir des nouvelles de la « famille ». « C’est comme cela, lorsqu’ils arrivent, chacun a son code », nous signifie T.R. C’est le cas des caïds de la pègre, se réclamant de Yacou « le chinois » dont l’un à bord d’un véhicule de type sport, a fait un passage éclair, pour saluer ses amis, sans descendre de sa voiture car, il aurait été informé de ce que « le terrain, était par endroits miné ». C’est un ballet de cagoulards qui défilent à cet endroit à des heures précises, soutient un des interlocuteurs : « Mais nous connaissons les po (policiers, ndlr). Ceux qui passent ici, se dévoilent facilement parce qu’ils ne savent pas bien se cacher (…) », fait­-il savoir. Ce ballet est quelquefois déroutant pour certains qui n’ont pas bien connu Yacou « le Chinois » , un homme instable. Car, l’homme, bien connu dans le milieu de la pègre, avait également un domicile peu fréquenté à Adjamé dans les environs de 220 logements. Tout comme il se rendait à Wassakara, à Selmer et à Port­Bouët 2 dans la commune de Yopougon où il n’y mettait pas assez de temps. « Des fois, il fait ces quartiers en quatre heures, et repart pour des destinations inconnues, après avoir présenté ses civilités à sa famille biologique», nous informe T.R.

La famille

Yacou « Le Chinois » laisse derrière lui trois enfants et une femme attristés. Sa femme d’une trentaine d’années est encore inconsolable. Son visage défait, des cheveux en pétard, depuis le samedi 20 février, elle semble avoir perdu tout repère. Son teint clair a perdu de son éclat. Elle parle peu, pour ne pas dire, presque pas. Elle est encore sous le choc de la disparition tragique de son mari. Même la présence de ses copines, n’arrive pas à combler le vide. « Elle pleure tout le temps. Il faut faire quelque chose pour elle. Elle avait un projet de voyage, mais avec la situation, elle n’y pense plus. C’est l’avenir des enfants qui l’a préoccupe maintenant. Parce qu’on veuille ou pas, Yacou était un père attentionné. Il prenait toujours les nouvelles de ses enfants, et était prêt à intervenir en cas de nécessité », révèle notre interlocuteur. Après plus de cinq heures, nous décidons de quitter les lieux, en cette soirée de samedi où les habitudes ont repris dans ce quartier, avec les bruits de couloir et de musique dont les décibels donnent à couper le souffle. C’est sûr, un samedi soir, si Yacou était là, les choses allaient être autrement avec des audiences improvisées, a-­t-­on été informé.

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