A son arrivée, il y a quelques années, pour diriger la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI), Ahmadou Bakayoko avait été présenté comme un technocrate doublé d’un professionnel hors du commun qui a fait ses preuves au sein du groupe Canal+. Avec lui, tout le monde était unanime à reconnaitre que la RTI, qui tardait à faire sa mue, allait changer dans le contenu de ses programmes et surtout dans la gestion approximative de son personnel. Annoncé comme le messie, Ahmadou Bakayoko était celui-là même qui allait sauver la RTI de son amateurisme tant décrié par la grande majorité des Ivoiriens, avant l’ouverture de l’espace audiovisuel.
Mais, bien des années plus tard après son arrivée à la tête de la maison bleue, de nombreux agents de cette structure déchantent et sont très amers contre leur directeur général. « Franchement, personne ne pourra changer la RTI. Ce n’est ni Ahmadou Bakayoko ni personne d’autre. Actuellement, la RTI ressemble à une grande poubelle. Le grand technocrate tant annoncé n’a pas fait bouger les lignes à la RTI. C’est la même gabegie avec lui, le même esprit qui régnait dans cette maison, avant son arrivée », révèle une source. Des cadres que nous avons rencontrés, il y a quelques jours, nous ont expliqué que l’actuel patron de l’unique chaîne de télévision dont dispose la Côte d’Ivoire règne comme un autocrate au-dessus de ses sujets. « Avec lui, point de discussion, sinon, on te met au placard. Voyez ce qui est arrivé à Lanciné Fofana, l’ancien rédacteur en chef chargé des magazines. Il a été accusé par le directeur général de n’avoir pas eu de répondant face à Affi Nguessan, alors que tout le monde sait que Lanciné Fofana a été professionnel jusqu’au bout. Aujourd’hui où l’on vous parle, les recrutements à la RTI se font de manière arbitraire. Il a fait rentrer ses amis dans la maison qui occupent actuellement des postes de cadres au détriment des gens qui ont fait toute leur carrière ici. A titre d’exemple, l’ancien DRH Toure Junior, qui a fait valoir ses droits à la retraite, a été remplacé par un inconnu qui est un proche d’Ahmadou Bakayoko. On ne sait pas sur qu’elle base il fait ses recrutements », confient nos interlocuteurs.
Le constat est clair, au sein de la RTI, c’est le mécontentement général, et les agents sont blasés. « Franchement, ce n’est pas la grande motivation au sein du personnel. Tout le monde est fatigué. Ahmadou Bakayoko et ses amis se sont enrichis au détriment du personnel qui attend du matériel pour travailler. Quant aux contenus des émissions, n’en parlons pas. Plus personne ne regarde Matin Bonheur. La seule satisfaction d’Ahmadou Bakayoko, c’est C’midi. Mais cette émission va connaitre le succès pendant combien de temps?», s’interroge une autre source au sein de la télé. Qui ajoute aussitôt: « Tout peut exploser à tout moment face à la montée de la colère des agents. Des syndicats ont déposé ces jours-ci des préavis de grève. Ahmadou Bakayoko est en train de discuter avec eux, il veut désamorcer la bombe sociale. Y parviendra-t-il? C’est la grande question de l’heure ». Affaire à suivre…
Kelyanne Koffi
abidjanactu